TG TEMPÊTE ＊ Le refuge au café

Juste un café. Un bon café chaud, avant de foncer au bureau. Voilà l’idée qui avait traversé l’esprit de Brynn en arrivant de bonne heure à Brooklyn. Les bureaux de son agence de détective privé était à quelques rues du Radegast Hall. Aussi, y passer avant de commencer sa journée, était devenu un rituel. A force, elle avait même sympathisé avec le gérant.

Cependant, cette journée, était différente. Pour cause, elle avait dû se garer d’urgence, car une tempête venait d’être annoncée. Ne pouvant continuer jusqu’au lieu de son travail, Brynn n’avait pas eu d’autre choix que de se rendre au bar. C’est donc avec les mains gelées, que la jeune femme poussait les portes de l’enseigne. Sans attendre davantage, elle allait s’assoir au bar pour commander un café et échanger avec le gérant. Dehors, les gens se dépêchaient de trouver un abris et petit à petit le lieu fut envahis de new-yorkais excédés.

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Les deux vaporisations de parfum ancrées depuis ce matin sur son écharpe la rassurent. Mae, elle l'approche de son nez, la sent pour rassurer son âme fragilisée par la coupure de courant. Elle était toute seule lorsque cela s'est produit et, comme une petite fille égarée, s'est réfugiée dans le premier café qu'elle a trouvé, un inhabituel. C'est l'odeur du chocolat chaud qui plane autour des newyorkais, c'est cosy avec toutes les bougies allumées. Sa grande soeur entre dans son champ de vision, rassurant son malaise. Elle soupire un grand coup et n'attend pas plus longtemps pour se précipiter vers sa grande soeur, elle aussi bloquée par la tempête hivernale. Je déteste la neige, le froid et les connards qui bossent à la ville et qui ne sont pas capable de faire face à une tempête de neige. Il y en a genre tous les ans, ce n'est pas nouveau, pfffff. L'américaine est excédée mais derrière sa remarque désobligeante, se cache beaucoup d’inquiétude pour ses proches. Tu n'as rien, dieu soit loué, qu'elle se permet de dire après avoir détaillé soigneusement Morya.

@M. Brynn Atkins

A peine assise, une silhouette familière entre dans son champ de vision : Mae. Comme à son habitude, sa petite sœur ne manque pas de dire ce qu’elle pense tout haut. Un sourire prend possession des traits de Brynn. Avec cette tempête, elle est rassurée de la savoir ici et pas ailleurs. Avec elle. « J’te jure, mais qu’est-ce que tu veux, tous les ans, ils nous font le coup. » Machinalement, Brynn posait une main sur le bras de sa sœur comme pour vérifier que tout allait bien. « Non et toi non plus… D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais ici ? T’es loin de Manhattan. »

Soulagée, elle souffle dans l'air chauffé du café. Ses menottes sont congelées, ses doigts bleus et ses jambes frigorifiées. Mae adore s'afficher en jupe, peu importe les saisons qui peuvent lui barrer la route, elle affronte le froid avec détermination. Mais cette fois, elle n'assume qu'à moitié ses épais collants clairs, qu'elle troquerait volontiers contre un bas de survêtement à Bastien. Exactement, tous les ans ils sont débordés avec dix flocons de neige, ce n'est quand même pas sorcier d'acheter une flotte de saleuses. A quoi servent les impôts qu'on paye ? Elle est en colère Mae, elle en veut à la terre entière. Je devais rejoindre mon meilleur ami chez lui mais la neige m'a surprise, le taxi n'avançait plus, je suis sortie. J'ai paniqué de voir la ville plongée dans le noir, et toi ? Il y a de quoi stresser, ce n'est pas souvent que New York tout entier se retrouve privé d'électricité.

@M. Brynn Atkins

Toujours révolté. Un léger rire s’échappe des lèvres de la jeune femme. « T’as les nerfs ce matin. » laisse-t-elle échapper. « Je venais prendre un café, avant d’aller au bureau quand la tempête m’a surprise. » Heureusement, le destin avait fait qu’elles soient réunies. « Tant qu’on est coincé ici, autant s’occuper. Je t’offre un truc. Tu veux quoi ? » Avec cette maudite tempête, elles allaient être coincé ici pour un long moment. D’ailleurs, pile au moment où Brynn se faisait la réflexion, le barman proposait des boissons chaudes gratuites.   « Au moins un truc de positif. » laissait-elle échapper.

Révoltée elle l'est aussi Mae, à partir du moment où les choses ne tournent pas à son avantage, elle se rebelle dans une pseudo supériorité qui ne trompe personne. C'est la pagaille autour d'elle mais sa grande soeur, son seul point de repère pour l'instant, est là pour la rassurer et adoucir ses maux. Oui j'ai les nerfs, j'avais prévu de retrouver mon meilleur ami, pas de passer ma journée dans un café de Brooklyn. Heureusement que tu es ici, on est connectées tu vois, on a réussi à se retrouver au même endroit, au même moment, en pleine catastrophe. L'américaine a besoin d'exprimer ses émotions, son flot de parole incessant illustre parfaitement le sentiment d'insécurité qui émane d'elle, contre sa volonté. Elle parle pour échapper à la réalité accablante, elle est coincée ici la brune, qu'elle le veuille ou non. Elle ne peut pas échapper au chaos, même Mae est soumise aux dures lois de la nature. Tu as réussi à contacter ton travaille pour les prévenir ? Je veux bien quelque chose de chaud, je n'arrive pas à me réchauffer. Le serveur honore les deux soeurs de sa présence, à l'affût de leurs désirs, pour les satisfaire au mieux. C'est bien le seul... Un café allongé et fort, s'il vous plait. Mae elle aime la gratuité, même avec une telle condition, elle ne crache pas sur un bon café gratuit et revigorant.

@M. Brynn Atkins

« Crois-moi, j’aurais bien aimé être au chaud chez moi. Ici, on va vite se retrouver les uns sur les autres. » Dans le bar, les gens commençaient à affluer. « Faut croire. » Manquait plus que Maddie et elles seraient au complet. Depuis petite, elles étaient inséparables. Jamais l’une sans l’autre. Ce qui étonnait pas mal de monde dans leur entourage. Surtout dans leur milieu. La plupart des femmes se mettaient toutes en concurrence. C’était à celle qui aurait le sac le plus cher ou le plus beau brushing. Et au milieu de cet univers déjanté, il y avait elles trois. « J’te rappel que j’suis mon propre patron. » Un avantage. Depuis petite, Brynn ne supportait pas d’être commandé. Elle s’était toujours faite la promesse de créer son propre buisines. En l’occurrence, le sien lui permettait d’avoir du pouvoir. Même sur des hommes politiques. A son tour, Brynn commande un cappuccino. Une fois les boissons en mains, l’ainée lui proposait d’aller s’assoir à une table. « Alors, raconte-moi comment ça se passe à la maison. Ça fait un moment que je n’ai pas appelé les parents. »

C'est comme si le ciel lui tombait sur la tête, emportant la seule passerelle de bonheur que composait le début de sa journée. Mae est optimiste, elle sait que rien de grave ne peut lui arriver dans ce café ou dans cette ville privée de courant, mais son besoin de se plaindre est plus fort que le reste. La seule chose qui lui arrive devant les yeux est le retard qu'elle va prendre sur le rendez vous avec son meilleur ami. Sa grande soeur lui rappelle qu'elle n'a de compte à rendre à personne, là est l'avantage d'être son propre patron. Je le sais Morya mais tes employés risquent de s'inquiéter si tu ne donnes aucune nouvelle, dis leur au moins que tu es safe. Dehors règne la pagaille, la société d'aujourd'hui exige un safe des proches dans ce type de situation concrète. Le serveur s'est attelé à leur apporter leurs boissons chaudes dans les plus brefs délais, ne pouvant pas faire attendre deux jolies brunes se ressemblant inévitablement. Mae ne dit pas merci cette fois-ci, elle esquisse un sourire faussement timide. Je n'y vais pas souvent non plus tu sais, j'y vais seulement pour montrer que je suis encore vivante et que, moi aussi je suis capable de reprendre l'affaire familiale. C'est un autre sujet qu'il ne vaut mieux pas lancer dans le contexte actuel. Tout le monde va bien, papa et maman sont... fidèles à eux-mêmes. Ils espèrent encore et toujours qu'ils vont réussir à raisonner Maddie, parce que, tu comprends, je ne suis pas à la hauteur de l'empire Atkins. L'américaine soupire une nouvelle fois, n'arrivant pas à se frayer un chemin, une place, dans ce monde de requin. Son ambition est exemplaire mais sa nature ne convient pas à tant de responsabilités.

@M. Brynn Atkins

« T’inquiète, j’ai déjà envoyé un sms, mais j’pense qu’il n’y aura personne au bureau. » Généralement, Brynn était la première. Elle était comme ça. Fidèle au poste, elle aimait se lever aux aurores et montrer l’exemple. C’était là, une manière d’être irréprochable aux yeux de ses employés. Tournant son regard vers le serveur qui apportait leur boisson, la jeune femme le remerciait d’un sourire. Entourant la tasse blanche de ses mains tout aussi pâle, Brynn laissait la chaleur se répandre dans son corps. Enfin posé, la new-yorkaise se renseigne sur l’humeur familiale. Depuis petite on la destinait à reprendre l’entreprise familiale, mais grâce à une précieuse aide, l’ainée des sœurs avaient échappées à ce destin. Malheureusement, Maddie fut moins gâté qu’elle. Et alors, qu’elle aussi, refusait se rôle, Mae réclamait le titre. D’elle trois, c’était celle qui voulait cette place. Etait-ce une manière de montrer qu’elle aussi était capable ou était-ce vraiment son souhait ? Brynn n’avait jamais su la réponse. « Une fois qu’ils se sont foutus un truc dans le crâne, c’est difficile de leur faire changer d’avis. » Trait de caractère dont les sœurs avaient héritées. « Si c’est ce que tu veux, à toi de leur montre. Faut que tu t’imposes ! » Parfois, les vieux avaient besoins de se prendre un électrochoc.