Hit and run me (naby)

Y a la lumière qui lui agresse les yeux, qui lui rappelle celle des lampadaires ce fameux soir. Celles des phares de voitures et de l'ambulance venue le chercher. Et Nash se souvient de quasiment rien, à part de ça. De ces faux soleils qui lui brûlaient les iris, et du bloc de béton sur la route. De ses pensées entremêlées, désormais floues. Comme s'il avait la tête dans du coton, peut-être l'effet des médicaments, mais sûrement que ça lui faisait du bien. Ne plus pouvoir réfléchir clairement, éviter de se prendre la tête. Se contenter d'exister, sans réels soucis. Une illusion, un rêve duquel il aimerait ne jamais se réveiller. Le regard fixe le plafond, blanc, immaculé, vide, comme ses émotions. Il n'est rien d'autre qu'une coquille vide qui essaye de se remplir du moindre truc qui s'immisce dans son quotidien. Mais la seule chose qui rompt la monotonie des derniers jours est son portable qui vibre, auquel il refuse de répondre. Comment dire qu'il était victime d'un accident ? Comment avouer qu'il avait voulu se perdre éternellement dans les limbes des enfers ? Impossible. Pas sans paraitre vulnérable. Et le monde n'a aucune pitié pour les faibles. Alors Nash refoule, encore et toujours. Il se tait. De toute manière, il n'y a plus rien à dire. Et les paupières se ferment, profitant du calme de la chambre. De cet entracte avant que la pièce ne reprenne et qu'il redevienne le pantin du destin.

Les talons claquant contre le sol carrelé de l'hôpital, l'un des bras portant un lourd panier que tu as fait remplir de toutes les choses qui devraient plaire à ton cadet, tu évolues dans l'hôpital comme s'il était tien. Tu as cette mauvaise manie de te croire chez toi partout où tu vas, te donnant cet air supérieur que tu abordes avec tant de fierté même si tu es loin d'être aussi méchante que l'on peut le penser. La preuve, tu viens rendre visite à un de tes rivaux dans la course au meilleur club de strip tease de la ville. Tes cheveux ondulés, bougeant le long de ton dos, viennent parfois se perdre sur ta poitrine mais tu les dégages d'un coup de main sec. Finissant par arriver devant la porte de la chambre où réside Nash, tu toques deux fois avant d'entrer et de prendre aussitôt la parole. T'as intérêt à ne pas être nu, Wellington. Et tu poses enfin ton regard sur lui, l'observant de tes yeux cachés par les lunettes de soleil que tu portes sur le bout de ton nez. J'ai ouïe dire que tu ne savais plus conduire, je ne te connaissais pas si incapable. Tu ris doucement avant de poser le panier sur une petite table présente, en sortant une boite de chocolat que tu lui tends. Tiens, je me suis dit que tu devais souffrir avec la nourriture de l'hôpital.

T'as intérêt à ne pas être nu, Wellington. Voix bien trop reconnaissable, malheureusement pour lui. Même aux portes de la mort t'étais là pour l'emmerder Ruby. Et Nash te regardait entrer, le narguer, ravalant sa rancoeur et ses piques. Il ne veut plus se battre, Ruby. Contre toi, ou contre ses émotions. Se laisser emporter, finir à la dérive, c'est tout ce qu'il demande. Tout ce que tu ne lui accordes pas en venant ici. Alors pourquoi est-ce qu'il y a un sourire qui se trace sur son visage ? Sûrement parce que, malgré tout, t'es toujours toi. Quelque part, c'est réconfortant. Au fond, t'as quelque chose de rassurant. T'aurais fait quoi si j'avais été nu ? L'homme essaye de plaisanter, ne serait-ce qu'un peu, mais le ton reste monotone. Et les chocolats lui paraissent sans saveur. Tu m'aurais mangé à la place des chocolats ? Rejette le si tu le veux, il s'en fiche. Y a plus rien qui compte, même pas la colère qui le dominait ces derniers jours. Et, pour te répondre, tu ne me connais pas du tout. Alors ne le juge pas, il le fait assez durement lui même.,

T'as le sourire aux lèvres et la tête penchée sur le côté, réfléchissant à sa question. Je t'aurais sûrement castré ? Puis j'aurais pris le temps de savoir pourquoi, alors que t'es ici, tu étais nu ? Tu rigoles quelques secondes avant de t'approcher un peu plus et de pousser ses jambes pour t'asseoir, posant tes mains sur tes cuisses alors que tu examines son état. Attends d'être en état de te faire manger avant de me faire des propositions, mon chou. Tu viens tapoter doucement sa cuisse avant de reprendre la parole, la moue légèrement inquiète. Peut-être mais je te connaissais pas si... Tu ne sais même pas toi-même ce qu'il est devenu mais tu n'apprécies pas du tout ce qu'il est. Passant une main dans tes cheveux, tu finis par soupirer et poser un regard plus doux sur lui. Qu'est-ce que tu as foutu ?

Tu m'aurais castré avant de savoir ? Ta logique lui échappe mais, étonnamment, lui soutire tout de même un rire. Faible, mais réel. Le premier depuis bien longtemps. Trop longtemps même. Y a même son regard qui revit quelque peu lorsque tu t'installes à ses côtés. Et, il a envie de te demander, est-ce que c'est pathétique s'il veut que tu restes ? Mais il se retient, pour pas gâcher l'ambiance. Parce qu'il y a un truc qui se crée, autre que votre rivalité. Un truc qu'il veut développer, par simple curiosité. Parce que t'es intéressée ? Le voilà qui se redresse un peu, presque comme s'il se posait vraiment la question. Mais, au fond, il le sait, y a rien entre vous. Rien de concret. Pour l'instant. Demande ça au bloc de béton qui s'est foutu sur mon chemin. Demi mensonge. Vérité qu'il n'arrive pas à avouer. Il a voulu se tuer. Et, ça, il ne le dira jamais à haute voix.

Tu hoches la tête, souriant un peu plus en voyant que tu arrives à le faire rire malgré toi. Tu ne sais pas ce qu'il se passe en cet instant mais tu sais que tu crevais d'envie d'aller le voir pour t'assurer qu'il allaut bien. Car, que serais-tu sans cette rivalité entre vous ? Sans cette compétition d'enfants que tu aimes tant ? Bah... Oui ? T'es pas logique mais tu t'en moques, amusée par votre discussion. Haussant légèrement un sourcil, tu te penches un peu vers lui avec une moue légèrement timide. |b]Tu aimerais, Wellington.[/b] Et tu viens tapoter sa joue avant de te redresser, haussant les épaules. Mais c'est seulement dans tes rêves, ça. Et tu l'écoutes, croisant les bras alors que ton visage redevient légèrement plus dur. Tu veux quand même pas me faire croire que tu n'as pas vu le bloc ?

T'aurais pas eu peur de regretter ? Il sait pas pourquoi ce serait le cas mais demande, pour pas que la conversation s'arrête. Pour pas que tu partes et le laisse. Là tout de suite, Nash a besoin d'une présence. Besoin de toi. Que tu le fasses rire à nouveau, peu importe si ce que tu dis est illogique. Permets lui d'oublier. Et, il sait pas pourquoi, mais y a son coeur qui accélère lorsque tu te penches vers lui. Y a son regard qui se perd dans le tien, le temps de quelques secondes. Quelques minutes, il sait pas, il a perdu la notion du temps. Depuis quand tu sais ce qu'il y a dans mes rêves ? Tu le dis toi même, tu le connais pas. Comment pourrais-tu lorsque lui ignore qui il est ? Puis les opales se détournent, refusent de soutenir les tiennes, se fixent sur la fenêtre. Vous savez tous les deux ce qu'il en est vraiment, pourtant les mots restent bloqués. Les lumières des phares m'ont aveuglées. Crois le, n'insiste pas. Ne détruis pas ce rapide moment de complicité que vous avez tissé.

Pourquoi est-ce que j'aurais regretté ? Tu le cherches, le provoque, le titille autant que tu le peux. Car il n'y a aucune limite entre vous et tu le sais mieux que quiconque. Tu te permets même des coups bas que tu ne ferais pas avec d'autres. Et tu t'amuses de lui, de ses réactions alors que tu te penches vers lui pour caresser sa joue avec douceur, contrastant avec ce que tu dis. Hm... Depuis que j'y suis ? Je suis persuadée que tu rêves de moi toutes les nuits... Tu ris quelques secondes, blaguant bien sûr -même si ça ne te dérangerait pas- et finit par accepter ce qu'il te dit. C'est vrai que c'est traître les phares... Tu finis par te relever, allant chercher deux boissons sucrées dans le panier. J'ai pensé à te ramener de l'alcool mais je me suis dit que ça n'allait pas plaire aux docteurs.. Alors j'ai ramené du thé glacé, t'aimes ça ? Tu reprends place à ses côtés, lui posant la bouteille sur ses genoux pendant que tu ouvres la tienne.

T'as l'habitude de te débarrasser de la marchandise avant de la tester ? Il est pas aveugle, Nash, il voit la tournure que ça prend, se doute que le jeu n'est pas innocent. Mais il veut s'amuser, parce que t'as un don pour le distraire. Depuis que t'es entrée, le charme a opéré. Il sait pas ce que t'as fait, mais il s'oublie dans votre moment. Dans ce truc vague que vous partagez. Un début d'amitié ? Une rivalité complexe ? Seul le temps le dira, pas vrai ? Ta question, au final, Nash préfère l'esquiver. Car ses rêves sont trop sombres, virent au cauchemar la plupart des nuits. Et il veut pas plomber l'ambiance. Mais t'abordes le sujet qui fâche, et l'homme se retrouve bloqué. L'alcool aide pas à bien voir aussi. Pathétique excuse. Mais c'est la seule qu'il a, alors prends la et fous lui la paix. S'il te plait, qu'il serait prêt à dire. Depuis quand tu te soucies de ce qui plait aux autres ? Ses opales dans les tiennes, quelques gorgées qu'il prend, et un sourire provocateur longtemps oublié qui reprend sa place.

Mais qui a parlé de tester la marchandise, Wellington ? Tu viens effleurer sa joue avant de te redresser, de jouer sur les mots et sur cette relation que vous partagez et qui te changes tant de toutes celles que tu as eu jusqu'à présent. Parce que vous n'êtes rien mais vous êtes aussi un tout et ça te plaît énormément. Faut arrêter l'alcool alors. Tu ne dis rien de plus sur le sujet, comprenant qu'il ne veut plus en parler et tu reviens avec des boissons pour réconforter les cœurs blessés et les âmes abîmées. Depuis que j'ai pas envie de te foutre en danger en te faisant boire de l'alcool alors que tu dois prendre des médicaments ? Parce que, mine de rien, tu es tout de même inquiète Ruby. Bien plus que tu ne peux le montrer.