#1 (ruby) little brat

Le regard noir, l’ordre fusé, il déglutit ; pas par peur, mais plus parce qu’il comprend que bientôt, il subira les conséquences de ses actes. Parfois, il se rend compte de ses bêtises qu’à la dernière minute, qu’au moment où les gens révèlent leur déception. Alors, inconsciemment, ça lui fait mal. Il l’a mérité, qu’il se dit, il mérite que l’on l’engueule pour ce qu’il entreprend, bien sûr… mais il ne peut s’empêcher de se dire que s’il était resté sage, jamais il n’aurait déçu Ruby. Il la suit, balayant de justesse ces pensées oppressantes, avant d’endosser de nouveau son rôle de sale gosse. La bouteille d’eau vidée, la barre de pôle dance lui paraît plus qu’attirante, alors qu’il tournoie, tel l’idiot qu’il est. Il s’arrête, sa (vraie) patronne veut qu’il arrête ses bêtises. Il obéit étrangement, non sans maugréer, avant de rejoindre le siège en face du sien. Il tente de redresser sa posture, mais finit par s’affaler, l’écoutant difficilement. Soudainement sérieux, du moins en apparence, il croise les bras. Mais il est pas là ton mari. Je sais que toi tu vas pas me virer. Il esquisse un sourire mutin, essayant tant bien que mal de ne pas dire d’idioties. Écoute… je suis désolé, Ruby. J’voulais vraaaaaaiment pas foutre la merde comme ça, mais j’avais oublié que j’travaillais, j’ai plus l’habitude d’avoir un job comme ça, d’accord… ? Faut l’temps que je me rhabitue et… Il aborde une moue tristounette. Voilà quoi. Laisse-moi rentrer chez moi et dormir, comme ça j’serai en forme pour les autres fois.

(c) MORNING RAIN

Quel idiot... C'est la première pensée qui te vient en tête alors que tu observes Leith. Tu es heureuse d'être celle qui gère ton club ce soir, ne donnant pas cher de sa peau si c'était ton mari qui aurait été là. Et les ordres fusent, les appels aussi, avant que tu ne fasses face à un jeune homme, défoncé et prêt à t'agacer si tu t'en fies à ses réactions. Soupirant, tu finis par passer une main sur ton visage avant de te reprendre. Qu'est-ce que tu en sais, que je ne vais pas te virer ? Pourquoi est-ce que tu aurais le droit à un traitement de faveur, Leith ? Pourquoi lui ne serait pas virer de ton établissement alors que tu éjectes tous les idiots qui pensent qu'ils peuvent y entrer en s'étant drogué. Il reprend la parole, tes bras venant se croiser sous ta poitrine alors que tu l'observes avec une moue perplexe. Cependant, tu ne réagis pas tout de suite. Il pense vraiment pouvoir t'avoir ainsi ? Une lueur machiavélique dans le regard, tu te lèves et fais le tour du bureau pour venir t'asseoir dessus dès que tu te retrouves face à lui. La voix mielleuse, la moue presque attendrie, tu reprends la parole. Oooh ? Vraiment ? Mais tu aurais dû me le dire, mon chou. Je t'aurais permis de reprendre le rythme petit à petit. Et tu attrapes subitement son menton, le forçant à te regarder alors que ton visage se fait plus sérieux. Tu pensais quand même pas pouvoir m'avoir ainsi, Park ? Les mecs comme toi, j'en ai eu des centaines dans mon bureau et aucun d'eux n'a su m'attendrir. Alors tu vas m'avaler toutes les bouteilles d'eau que je vais te donner et rester ici jusqu'à ce que considère que tu peux rentrer chez toi. Et si tu veux te plaindre, n'oublie pas que tu es le seul à t'avoir mis dans cette situation. Tu resserres ton emprise, ancrant son regard dans le sien. Et, après, tu iras me prendre une douche pour te réveiller car je n'accepterai pas que des clients puissent voir l'état dans lequel tu te trouves. Compris ?

(c) MORNING RAIN

Exaspérée, la main qu’elle passe sur son visage, il reconnaît qu’il a assurément dépassé les limites. Il déglutit, triturant ses doigts, se sentant un peu coupable d’être un sale gamin ennuyant. Cependant, la weed qui circule dans ses veines ne l’aide en rien à arranger la situation, son corps et sa bouche agissant selon les désirs farfelus de son cerveau embrumé. A sa question, il se redresse, haussant un peu les épaules. Euh… je sais pas justement… Peu sûr, il reprend la parole, tandis qu’il observe ses réactions, ne parvenant pas à les déchiffrer – s’il était sobre, il y serrait arrivé. Il se mordille la lèvre lorsqu’elle se relève, dans un silence oppressant, avant qu’elle ne se pose sur le bureau, le regardant de haut. Mielleuse, elle se met à parler et s’il la croit, se pensant sorti d’affaire… il se rend vite compte que ce n’est pas le cas. A peine a-t-elle le temps de se taire que soudain, elle saisit son menton entre ses doigts, incitant le rebelle à sursauter violemment, les yeux écarquillés. Il se tait, bien obligé de l’écouter, les menaces et les ordres sifflés, il entrouvre un peu ses lèvres, sous le choc. Puis, un silence. Son cœur bat lourdement dans sa poitrine, l’adrénaline grimpe en lui, il se met à pouffer nerveusement. Oui chef ! A vrai dire, s’il réagit de la sorte, c’est parce qu’il est intimidé, n’osant pas rétorquer autre chose. Il se détache, se relève maladroitement, peu à l’aise. Il se met à partir, puis s’arrête devant la porte. Les douches c’est par euh… ouais par-là. Il attrape la poignée, l’abaisse, puis se retourne brièvement vers elle. Pendant un instant, ses traits s’affaissent, il paraît sincère, comme si la culpabilité était de trop dans son esprit et qu’il ressent ce besoin de le montrer. Désolé. Trop anxieux de voir sa réaction, il s’enfuit rapidement, claquant la porte derrière lui, le regard perdu sur le sol. Et sur ces pensées, il s’en va, évitant soigneusement tout employé.

(c) MORNING RAIN