DEVINN ► But I'm still alone in my mind.

Excuse-moi. Regard fuyant, elle effaçait les perles d’eaux qui apparaissaient au coin de ses iris. Enfin, elle l’affrontait du regard pour le … congédier ? Le Devon indifférent, avait envie de se lever et de la laisser là. De peut-être mal le prendre, mais de se dire que tout ça ne le concernait pas. Cependant, le Devon attaché à Quinn, voulait savoir. « Non. » Sa voix claire emplissait la pièce, alors que la musique se terminait. Besoin. Inconsciemment, sa main venait toucher la sienne du bout des doigts. Presque timide. « Dit moi. » Trop tard. Se sentant concerné par Quinn, il avait envie de savoir. De quoi est-ce qu’elle souffrait ? Est-ce qu’elle l’avait découvert récemment où était-ce autre chose ? Questions qui se bousculent dans son esprit. Devon n’est pas loin de la migraine.

Finalement, il était plus simple d'arrêter là. Pour ne pas voir ton regard changer, ni l'inquiétude ni la pitié. Habituellement si distant, tu choisissais pourtant de rester, sous mon regard surpris. Je ne m'étais pas attendu à ce que tu insistes et pendant un instant, l'étonnement éclairait mes yeux. Je baissai les yeux vers ta main qui rejoignait la mienne, malgré moi soulagée par ce contact que je savais pourtant à double tranchant. Ces émotions qui me faisaient sentir si bien en ta présence et pouvaient à tout moment partir en sens inverse. Je reniflai doucement en m'essuyant les joues de ma main libre. Sclérose-en-plaques. Je déglutis péniblement ; à ce moment-là, je réalisais que je n'avais presque jamais mentionné ma sclérose à voix haute et ça faisait d'autant plus mal. Le traitement est vraiment putain d'cher, dis-je avec un demi-sourire, plus désolé qu'autre chose. Est-ce que je me sentais mieux ? Non, pas franchement. Je venais de me foutre à poils et de te donner la raison qui motivait tous mes potentiels revirements de veste. Pourquoi j'vous avais rejoints, pourquoi j'avais quitté Jay, et tant d'autres actions encore que personne ne comprenait.

Sclérose en plaque. Maladie au mot ingrat. Pour être tout ç fait franc, il ne connaissait pas vraiment les effets sur le corps. Seulement que cela touchait les nerfs. A ses côtés, Quinn lui semblait être tellement fragile. Elle était bien loin la gamine rebelle. C’est dans ses moments de vulnérabilité qu’il se rappelait son âge. A quel point, elle était jeune. « L’cachet tu l’trouves en pharmacie ou faut aller à l’hôpital ? » Mauvais plan Devon. Son esprit de voleur mettait en place une idée. Une mauvaise idée. « Ça s’est déclenché à quel âge ? » Il osait s’aventurer sur ce chemin. Celui qui promettait des choses pas joyeuses. Pourtant, il y allait tête baissé. Parce que t’es importante.

Première question, à laquelle je m'étais pas vraiment attendue. Hôpital. Ce n'était pas franchement ce qu'on me demandait en temps normal après cette annonce... alors je fonçais les sourcils en te dévisageant, réfléchissant. Mais l'idée que tu veuille voler un traitement pour moi me paraissait exagéré ; c'était risqué. Alors je ne relevais pas, songeant que ça n'avait sans doute pas d'importance. Il y a... Gloups. Si je prenais en compte l'année de ma mémoire qui s'était envolée, ça faisait déjà... Presque trois ans. Longue inspiration, puis j'expirais lentement. J'avais l'impression que ma poitrine était compressée, que ma gorge se serrait. Je resserrais un peu ma main dans la tienne, réalisant à quel point j'étais vulnérable à ce moment là. Mais je voulais pas l'être. J'me débrouille. Je sais que je finirai bloquée tôt ou tard de toute manière. Faux détachement contrastant avec mes paroles précédentes, seule ma voix trahissait ma faiblesse, légèrement tremblante alors que j'essayais de reprendre contenance. Toute façon on ne pouvait rien y faire. J'étais malade, point. M'appitoyer ne changerait rien.

Trois ans. Comment pouvait-il imaginer ce que c’était de vivre avec une maladie ? Comme seul exemple, il avait eu sa mère. Même si la vie ne lui avait pas toujours fait de cadeaux, il s’estimait heureux de ne pas être confronté à ce genre de choses. Main qui se resserre dans la sienne. « Même en prenant correctement ton traitement ? » Ce n’était pas anodin s’il avait demandé où elle se le procurait. Voler à l’hôpital était complexe, mais pas impossible.Pas pour Devon. Il n’avait pas la prétention de se croire maître absolu du vol, mais il faisait partie de ceux qui persistaient. Qui organisait à l’avance leur plan avec minutie, tout en gardant une solution de repli s’il était repéré. Relâchant sa main, il venait caresser sa joue ivoire. Avec douceur, il venait vers elle pour attraper ses lèvres. « Tu t’en sortiras. » Qui essayait-il de convaincre ?

Je haussais les épaules, évasive. J'peux pas le prendre de façon assez régulière. Le risque était accru. Le moins j'aurais accès au traitement, le plus vite je risquais de perdre l'usage de mes jambes. Mais c'était pas une science ecacte non plus. Je te suivis du regard alors que tu lâchais ma main pour caresser ma joue, fermant les yeux jusqu'à sentir tes lèvres se poser sur les miennes. Battement de cœur loupé. Qu'est-ce que tu fais ? Les larmes avaient laissé un goût salé. Je passai une main sur ta joue, mes longs doigts fins se faufilant dans tes cheveux fins. Merci, soufflai-je avec douceur. J'sais pas si je vais m'en sortir. Je vais tout faire pour mais ton seul soutien était une surprise qui me redonnait un peu la force. Je caressais ton nez avec le mien avant de te voler un nouveau baiser, le palpitant apaisé par ta présence et l'esprit pourtant embrumé par mes doutes. T'es pas obligé tu sais. Les yeux rouverts et plongeant dans les tiens de nouveau, j'étais obligée. Obligée de te faire savoir que tu n'étais pas obligé de supporter mon fardeau. C'était le mien, et je refusais même de le partager.

« Pourquoi ? » Question murmuré qui se perdait dans ses gestes. Du doigt, il caressait sa peau ivoire, avant de s’approcher. Étreinte délicate. Ses mots se voulaient rassurant, mais intérieurement, c’était l’inquiétude qui lui prenait les tripes. Son nez qui le frôle dans un mouvement enfantin. Malgré sa retenue habituel, Devon laissait un sourire manger son visage, alors qu’elle lui touchait la joue. T’es pas obligé. Ses immenses opales l’observaient à nouveau. « Je sais. » Jamais personne ne l’avait obligé et être présent pour elle, n’était pas une contrainte. Non. C’était naturel. A lui. Se redressant un peu plus, il laissait sa main divaguer jusqu’à la sienne. Encore. « On sort ? » Juste pour se changer les idées. Pour clôturer la journée.