can you t r u s t me » HANSYA

05 juin - 19h

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même ce qui eut toujours attisé son rire d'enfant ne parvient à peinturlurer ses lippes pleines d'un sourire malicieux. les yeux portés sur l'écran d'un téléphone neuf, le défilé des vidéos, ne fait qu'accroître la boule de sa gorge lorsqu'il réalise combien il n'a pas le cœur à ça ((combien il ne l'a plus)). les événements s'enchaînent trop vite pour qu'il ne puisse y trouver un sens, et les débuts d'année qu'il trouvait tumultueux lui manquent aujourd'hui. les cris perçants de cheryl, la mauvaise humeur de minjoon, les disputes avec maddie, les nuits avec quinn, les échanges avec tuya. surtout, tuya. même appartement partagé, mais aujourd'hui deux étrangers ou presque ((par sa faute, incapable d'ouvrir les yeux sur les problèmes de la plus jeune)). la décision ne tarde pas à être prise, et les pieds nus flottent sur le parquet lorsqu'il se décide à interrompre la tranquillité de sa cadette pour s'immiscer dans sa chambre, toquant par politesse alors que la porte était déjà ouverte. « je peux ? j'ai pas envie de rester tout seul. » sans attendre d'autorisation, hanseol se glisse sous les mêmes draps, le contact de l'étoffe sur sa peau nue lui tirant un frisson léger. incapable de porter un haut depuis son retour à l'appartement, la sensation d'un corps étranger sous sa peau lancinant encore sa cervelle de souvenirs apeurés. « ça fait longtemps qu'on a pas parlé vraiment, toi et moi. » remarque aux allures d'innocence dans ses yeux sombres, mais le mot est insisté. ça fait longtemps que tu ne parles pas, et que je n'écoute plus.

05 juin - 19h

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Figure abandonnée au creux des couvertures ; comme si elles pouvaient réchauffer son myocarde gelé. Poupée frêle perdue dans la pénombre, seul sa respiration lente qui soulève sa cage thoracique pour prouver qu’elle vit encore. Il est révolu le temps des sourires malicieux, des rires cristallins ; il ne reste qu’une tristesse mélancolique sur les traits de l’enfant. Jolie fleur qui s’abreuve à l’amour des autres, qui, à défaut de s’aimer, trouve une façon de simuler dans l’adoration infinie des inconnus quand elle se moule à leurs désirs. Plus mirage qu’humaine ; elle n’est plus qu’un rêve abandonné qu’on a cessé de s’imaginer. L’écran luminescent de son téléphone éclaire un visage sans expression, si singulier que la gamine peine à le reconnaître, elle voit juste le message ; un vulgaire merci, énième adieu qui s’enfonce comme un pieu dans le palpitant alors que l’émotion remonte aux ambres comme un ouragan. Les larmes cristallines ravalées quand la voix s’élève dans le cadre de porte. Surprise. Tellement habituée à son absence qu’elle en avait oublié sa présence. ça fait longtemps qu'on a pas parlé vraiment, toi et moi. longtemps que la tâche ne lui était pas revenue ; longtemps depuis qu’un autre avait pris sa place ; si peu longtemps qu’il n’y avait plus personne pour entendre les murmures de désespoir. « peut-être parce qu’on n’a rien à se dire. » tenter d’être forte, d’être indépendante ; tenter d’être quand le monde semble lui avoir tourné le dos. Mensonge vide, sans force pour simuler la sincérité ; juste des mots perdus, lancés par habitude.

05 juin - 19h

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les bras se frôlent, mais les mains ne se touchent pas. son coeur s'affole mais les lippes ne soupirent pas. l'image brisée de ce qu'ils étaient, ce qu'ils ne sont plus. affection vivace mais mots fugaces, relation ternie par les non-dits et l'attention que l'on ne donne plus. l'une, pantin de son quotidien désarticulé, en proie à ceux qui ne la considère que pour poupée. lui, fuyant pour mieux s'égarer, ivresse pour oublier. mais l'égoïsme ne peut durer ((pas alors qu'il ne pouvait vivre sans elle, quand bien même eut-il mis du temps pour le remarquer)). la remarque inscrit la peine sur le visage qui dévie, les orbes figées sur le plafond trop blanc ; ils ne partagent à ce jour que les moments sans importance, oublient leur propre signification, ce qui les avait porté à travers les épreuves et survécu au temps. « c'est faux. » et ce soir, les aboiements qui ponctuent ses journées ne lui sont pas réservés ; ce soir, c'est le miel d'un timbre doux qui vient l'envelopper. le faciès à nouveau tourné vers le sien, s'obstinant à la contempler ((elle est pour lui comme une moitié, celle avec qui ils forment un être pourtant incomplet)). la main vient se poser sur son portable pour l'éloigner de tuya, désireux d'accaparer chaque parcelle de son attention. « j'ai bien vu que tu avais des problèmes, mais tu esquives mes questions par message dès que je t'en pose. » et moi, j'ai jamais eu le courage de te confronter -- égoïste, j'avais mieux à faire que t'épauler, me contentant de trouver ton soutien lorsque je voulais pleurer.

05 juin - 19h

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Regard fuyant ; les larmes encore trop récentes, attendent sous la surface prêtes à éclater. Le masque est fragilisé, menace de fissurer ; trop longtemps porté pour oublier. Les lèvres refusent de s’étirer, et le cœur sombre. Elle le sait, au fond, qu’il est là, qu’il sera toujours là. Mais eux aussi, elle avait cru qu’ils seraient toujours là. Naïveté d’une gamine encore trop jeune, aux mille et unes erreurs accumulées. Était-il encore là par amour, par loyauté infinie ? ou était-ce seulement parce qu’elle avait apprise de ses erreurs, parce qu’elle s’était éloignée de peur de le briser, comme elle avait brisé les autres, comme elle s’était elle-même fracassée. Portable qui disparaît entre les mains de l’ami et plus rien pour feindre l’indifférence. Plus d’endroit où fuir, pour éviter le débordement ; ses prunelles onyx, reflet de l’abysse qui l’avale depuis des semaines, qui lui piétine le palpitant, rencontrent finalement les siennes. Plus moyen de cacher la détresse, de s’accrocher à cette amitié insignifiante pourtant rassurante par sa banalité. « mes problèmes sont bien anondins comparés aux tiens. » pousse, insiste, prouve-moi que tu seras toujours là, que tu m’aimerais toujours malgré le mal qui me ronge. Montre-moi que je peux compter sur toi, que je peux te faire confiance et t’ouvrir mon coeur. gamine seule au monde ; loin des siens, famille reniée. Femme à la mer qui cherche une bouée de sauvetage pour ne plus couler.

05 juin - 19h

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poupée fragile au visage tuméfié par la peine, fissures craquelant de noir la porcelaine. culpabilité hargneuse qui l'avale par vagues tumultueuses ; océan-tempête d'auto flagellation. les feux de détresse auxquels il fut aveugle, et les lettres posées sur le tactile de l'écran qu'il n'avait su écouter comme les chants funéraires qu'ils étaient. les lèvres se pincent et s'entrechoquent, encore. les mots s'écorchent encore sur la langue, y trébuchent mais ne sortent plus. à la place, hanseol se redresse, laisse son dos épouser les formes de la tête de lit ; son bras entoure les épaules de la cadette, la ramène contre son torse. « je suis désolé de ne pas avoir été là quand tu en avais besoin. » murmure-tendresse enfin échappé, sonnette-remords loin du bruit de leurs cris et de leurs assiettes cassés ((amitié orageuse, flots déchaînés ; rires cristallins et c'est comme ça qu'il l'aimait)). « et je suis désolé de t'avoir forcé à l'être pour moi quand j'en avais besoin. » l'avant bras raffermit sa prise autour de ses épaules, l'autre main vient effleurer la peau de son poignet dans une caresse aussi légère et fragilisée que le vol d'un papillon aux ailes déchirées. fierté d'homme mal convenue ; toujours la façade pour masquer les peines face à elle -- mais carapace brisée sous les messages qui camouflaient son visage. pas ce soir. bien assez de temps perdu à geindre son propre malheur, rester sourd aux complaintes de la femme-enfant ; douceur-lenteur, baiser échoué sur le sommet de son crâne. « mais je suis là maintenant. tu peux parler. »

05 juin - 19h

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je suis désolé. Je suis désolé. culpabilité qui s’impose d’elle-même, remords que la poupée n’a jamais voulu lui infliger. Des excuses jamais demandées, qui fracasse le palpitant, ont l’effet inverse sur l’enfant alors qu’une vague de responsabilité l’emporte. Jamais voulu qu’il se flagelle d’avoir été emporté par sa propre vie, par ses problèmes insurmontables. L’impression d’être un poids supplémentaire sur les épaules de l’ainé laissant un goût amer sur les menteuses. Les mots murmurés sont maladroits ; épée à double tranchant que ni l’un ni l’autre ne semble manier ((les corps décimés par la pointe acérée)). Les corps ont une toute autre conversation ; douceur, amour et protection dans ses bras, ((ami violence qui se fait tendresse pour un instant)). je suis là maintenant.  et dans quelques heures? et demain? et après-demain? est-ce que tu redeviendras fumée comme tous les autres? Est-ce que ce moment deviendra mirage? gamine à l’amour infini qui cherche quelqu’un pour l’aimer entièrement, pour lui redonner vie à travers ses prunelles. ((femme assoiffée d’amour qui péri)). Elle sait pourtant que ce n’est pas lui, que ça ne sera jamais l u i. Mais le désespoir si profond qu’elle s’accrocherait à n’importe qui pour cesser de sombrer. Soupire tremblant alors que les mots refusent de venir ; les sentiments trop longtemps refoulés, incapable d’être exprimés. « j’aime pas mon nouvel emploi. » problème anodin ; que la pointe de l’iceberg qu’elle garde enfouie, mais c’est tout ce qu’elle arrive à partager alors que son cœur débat encore des possibilités.

05 juin - 19h

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gamine vidée de tout sens, sculpture craquelée d'une naïade ne dominant plus les flots ; femme esseulée et lui qui n'avait pas désiré remarquer. le peu d'intérêt qu'il lui avait prêté, se complaisant oisivement de leur relation (dés)enchantée. un appartement partagé, mais des repas froids oubliés ; des messages à la volée, mais rien que de tristes banalités. incapable de saisir que les mots cachaient des balles, et que son bouclier s'était fragilisé ; trop égoïstement centré sur ce qui, pourtant, n'avait aucun intérêt. le rideau tombe sur le dernier acte, comédienne fatiguée ; et elle avait ce soir droit à ses bras, à ses baisers. e n f i n. la faible pression du bout de ses doigts qui taquine sa peau d'ivoire, ses lèvres sur ses mèches, son âme contre la sienne. « alors arrête ? » encore une affligeante réponse sans valeur, sans profondeur ; juste de l'air brassé. les dents viennent se plonger dans sa lèvre inférieure, la lueur de l'orbe se fait vacillante. le bout de l'index longe sa peau, remonte jusqu'à sa gorge pour s'arrêter à son menton ; la pression légère pour relever son visage vers le sien, le baiser volé à son front. « tu m'as jamais laissé tomber quand j'en avais besoin. tu peux tout me dire, je reste là. » l'impression tenace qu'elle n'était pas mortifiée d'un simple travail - la peur féroce de s'écarter à nouveau de ses priorités s'il n'insiste pas davantage. la chaleur de son torse nu contre son corps ; et malgré le temps passé à se fréquenter, la première fois qu'ils partagent une telle intimité.

05 juin - 19h

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alors arrête? si seulement tout pouvait être aussi facile. Arrête de travailler, arrête de ressentir, arrête d’être. Sourire amer sur les lippes et un rire à saveur de bile qui s’échappe, secoue la poupée brisée. Elle ne demandait pourtant qu’à effacer ces sentiments, ces insécurités qui l’emprisonnaient au sol, piétinant son myocarde. Pourtant, l’un comme l’autre sait que le problème est plus profond, que le poison s’écoule du plus profond de son être. Les doigts qui remontent son visage, et les prunelles qui entrent en contact, les lèvres qui trainent avec douceur sur le front, arrivent finalement à convaincre, à rassurer. Les bras de l’enfant qui se déplacent pour la première fois, qui viennent enserrer le torse nul alors que la tête se niche dans le creux du cou. « nox… » la gorge se serre, et les mains se serrent jusqu’à en blanchir les phalanges. « il m’a demandé de sortir de sa vie. » impossible de continuer alors que le cœur se déchire à nouveau. Les yeux humides et la lèvre qui disparait entre les ivoires. « tian, cho, minji, chae, nam... » les noms listés des disparus, certains qui font plus mal que d’autres ; chacun ayant laissé une plaie béante sur le palpitant. « j’ai peur hans… » peur de ne plus jamais exister, peur de disparaître sans marquer les esprits, peur de ne pas avoir la moindre valeur dans ce bas monde.

05 juin - 19h

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ce sont leurs échanges virtuels qui reviennent fracasser ses souvenirs ; son animosité sous couvert d'enfantillages - ses bouteilles à la mer qu'il ne poussait pas de ses vagues. et sous la fragilité de son être, il se doute que les barrages retiennent les flots tempétueux depuis trop l o n g t e m p s ; construction bancale et usée prête à céder. contact rapproché, intimité partagée ; les bras qui enlacent son torse, la pulpe de ses propres doigts escaladant son corps pour faire pression sur sa nuque. « hé... » l'organe s'emballe sous les premiers sanglots invisibles, le soupir se meurt à ses lippes (( hanseol, incapable de rester de marbre )). la liste des noms provoque une peine qui trouve écho en son âme, qui humidifie ses propres prunelles sombres ((tian, cho, minji, minjoon, sky, et tous ceux qui sont partis sans dire adieu)). silence glacial entrecoupé du sifflement de ses respirations profondes ; la pression se fait plus forte, intime à tuya de se nicher un peu mieux contre lui. « moi, je reste. » sa propre voix fragilisée, la déglutition pour chasser l'eau, reprendre contenance. ça n'était pas à lui de pleurer, ce soir. « je m'en vais pas, je te laisserai jamais. je t'aime. » nouveau baiser sur sa peau, au dessus de la joue. des mots qu'il ne prononce que sous la plaisanterie pour s'y cacher, mais qui pourtant sont plus qu'avérés. « tu y tiens à quel point, à swarovski ? » est-ce que tu es dingue, toi aussi ? est-ce que c'est notre lot, de toujours s'attacher à ceux qui ne sont pas pour nous ?

05 juin - 19h

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Les noms vibrent dans l’air et leur départ blesse à nouveau ; plaie pustuleuse qui s’ouvre puisque jamais elle n’a guéri, simplement ignorée, dissimulée à plus tard. Le silence les enveloppes, chacun perdus dans ces souvenirs d’autrefois, dans ces souvenirs de ces autres qui s’étaient enfui. Y’a que le son des palpitants qui continue de vibrer, lent, comme une ponctuation de la mort plutôt que de la vie. moi, je reste. pour combien de temps? Combien de temps avant qu’une autre ne réclame ta présence? Avant qu’un nouveau message te fasse disparaître des heures, des jours, peut-être plus au final. Le temps compte avant que, comme cendrillon à minuit, il disparaisse aussi en fumée. je m'en vais pas, je te laisserai jamais. je t'aime. menteur. la cœur se laisse apaiser, un minime instant. Mais ça ne dure pas, parce qu’il n’est pas le premier à promettre et que les autres n’ont pas tenus, qu’ils sont partis éventuellement. tu y tiens à quel point, à swarovski ? est-ce qu’elle sait seulement? Gamin pris pour acquis à force de partager ses journées, ses nuits. « beaucoup je crois. C’est… c’était un meilleur ami… peut-être même une extension de moi? » elle sait pas expliquer, sait pas mettre des mots sur ce vide immense qu’elle ressent maintenant qu’il lui a fermé la porte. Elle l’aimait immensément, mais pas de cet amour unique qui consomme tout, pas comme les sentiments d’hanseol à l’égard de quinn. « je me sens sans valeur hans… » le creux du problème ; cette peur de ne pas être assez, d’être un produit défectueux à abandonner. Elle qui ne se sent vivre qu’à travers les prunelles amoureuses d’autrui semble se ternir maintenant que plus personne ne s’y intéresse.