Hanseol vers Momoka

la porte-fenêtre claque dans son dos, il délaisse ses vieilles chaussures blanches sur le tapis avant de se diriger vers la cuisine ; et il ne dit rien - laisse planer le silence sans s'en sentir coupable. la canette de coca est ouverte, il s'installe dans le canapé. parce que chaque fois que je parle, c'est pire. tellement pire.

La tête se pose sur l'oreiller et la respiration est bruyante. Tu ne réponds pas. Le soupire est lasse et les paupières closes. Tu te contentes simplement de profiter de le savoir au bout du fil avant que ça ne prenne fin. Tu penses que ça peut-être pire ? Ne me réponds pas oui.

une gorgée vient humidifier la gorge serrée, mais la canette est posée aussitôt sur la table basse. il glisse sa main dans les poils de son chien, gratte la zone derrière l'oreille dans un énième soupir bruyant. bien sûr que ça le sera. il hausse les épaules, pose sa nuque contre le dossier et lève les yeux au plafond. bien sûr que ça peut l'être. tu peux arrêter de me prendre la tête, et disparaître.

La langue se plaque contre les lippes asséchées. Parle-moi... La plainte est sincère. Parle moi encore un peu alors, avant de partir, avant qu'il soit trop tard.

il voudrait qu'elle hurle, ou même qu'elle ne dise rien ; qu'elle lui témoigne encore cet aspect supérieur qu'il exècre et pourtant, quelque part, dont il raffole. t'as fais quoi aujourd'hui ? mais tout est compliqué ; les mots sont trop chastes pour les maux qui ravagent les âmes. tu me soules.

Les barrières se brisent laissant l'insolence au bord des lèvres. J'ai fais un bonhomme de neige... et il s'en fiche tu le sais. la discussion ne rime à rien et pourtant la myocarde s'accélère. Je sais... Tu le sais, qu'il ne t'aime pas, qu'il ne t'apprécie même pas, que les âmes ne pouvaient pas se comprendre, qu'elles ne le voulaient peut-être même pas pourtant... J'aurais aimé être sur New York

alors même qu'il est seul, la gêne envahit son corps. il ne sait où placer ses mains, où échouer son corps, se sent scruté et jugé. l'estomac se tord, un rire doucereux pourtant lui échappe avant même qu'il ne s'en rende compte ; alors il se pousse au silence en mordillant le le bord de son index. tu fais des bonhommes de neige toi ? ou t'as demandé à quelqu'un de le faire pour toi ? mais il ne répond pas ((que lui aussi aurait aimé)), se contente de fermer les yeux. c'est marrant, j'aurais aimé voir ça. je suis sûr que t'étais chaotique et que tu t'es cachée pour le faire.

Le corps se meut pour basculer sur le côté et les jambes se recroquevillent pour réchauffer ce corps affaibli par la distance. Le téléphone se pose sur l'oreiller auprès de ton oreille pour ne pas en rater le moindre soupire. Très drôle.... Les lippes s'étirent sans discrétion trahissant l'ironie. Je l'ai fais mais... Il n'était pas très beau. Je t'envoie une photo. Le téléphone récupéré, amusée par la situation tu te laisses sombrer dans son jeu insensé. Quand je suis revenue tout à l'heure voir s'il était encore debout j'ai vu des enfants se battre avec lui et le l'écrabouiller. Il n'est pas interessé par ce que tu dis. Tu te répètes, encore une fois de peur d'apprécier à présent la moindre futilité lorsqu'elle lui était adressée.

incapable de rester en place, la jambe saute et sursaute, les doigts pianotent dessus ; la canette est reprise, la gorgée est presque vide lorsqu'il la repose encore. hyperactif du coeur. et quand l'écran affiche la photo en miniature, il s'empresse de cliquer dessus et, contre son gré, échapper un gloussement trop caractéristique d'une faille dans sa carapace. ouais... ((il ne sait pas quoi dire d'autre, c'est un art... abstrait)). pourtant imagine-t-il la scène, et le coeur est compressé dans la cage thoracique quand une vague d'indignation pousse un nouveau sifflement à se heurter à la barrière de ses lèvres. sérieux ? et il l'imagine, se donner tant de mal pour si peu - et voir ses efforts être malmenés. si j'avais été là, je leur aurais foutu la misère. mais il se rend compte de ses mots, se mord les lèvres, rectifie. enfin genre, si c'était le mien quoi.

Les lèvres ne se frôlent plus tant elles s'amusent et le souffle caresse l'appareil dans l'attente d'une réaction de sa part quant à ton œuvre. Je n'ai rien pu faire j'étais morte de honte. Le rire est léger et jaunâtre car tu te montrais si faible à ses yeux. Je pense que le tien aurait fait peur alors ils s'y seraient pas aventurer... Un rire sincère s'échappe, tellement pur qu'i n'avait jamais osé frôler l'ouïe d'Hanseol Bakh. Tu fais quoi ? la question est significative, tellement importante.