death bed (ez²)

24/02 La nuit était simple, légère : tu avais retrouvé l’étage de gériatrie. L’expérience passée t’a suffi : tu n’avais pas les épaules pour travailler en pédiatrie, c’était sûr. Alors retrouver toutes ses personnes âgées, ça t’a fait du bien. Madame Drapes et sa manie de faire le tour de l’étage avec toi, la nuit, à 2h47 du matin, juste pour pouvoir dormir ; Monsieur Clape et ses éternelles questions sur ta vie amoureuse, dès le lever du jour ; les yaourts natures de Madame Régis, tous classés par ordre alphabétique, au nombre de 3 sinon rien ; et tous les autres. Tu les aimais, presque comme ta famille : comme tes collègues. Et si tes habituelles nuits étaient rythmées par les rondes, les appels à la volée de quelques résidents et des jeux de cartes, à rire du coup de barre de 4h30 ; cette nuit, c’était différent. Tu avais les yeux rivés sur ton téléphone, répondait frénétiquement, rapidement à l’expéditeur de quelques doux messages. Appelé par cet Ezio, ce besoin d’en savoir plus, de le voir dans un autre contexte que la fois dernière. Tu ne pouvais t’empêcher de sourire un peu à ses réponses, si bien que tu t’es fais charrié par tous les autres.

La nuit se termine finalement : les transmissions sont faites, le tour au résident également. Te voilà à quitter l’hôpital, changé, propre. Tu avais pris le temps d’une bonne douche, ayant terminé un peu plus tôt. L’air était doux, au petit matin : la légère brise caressait ton visage et faisait onduler le peu de cheveux que tu avais sur le crâne. Les pas étaient rapides mais tu te délectais de toutes les petites choses autour de toi : le chant des oiseaux, le son du vent entre les bâtiments, le silence de la rue encore déserte. New-York était belle, le matin : à son apogée quand les gens dormaient. Alors, tu rejoins le banc des retrouvailles, un peu angoissée : ta jambe se met frénétiquement à trembler, alors que tu fermes les yeux, la tête en arrière, la main sur ta poche, encore. Prêt à dégainer, au cas où : le sac au pied.

24/02
Des jours et des jours à lui envoyer un message. Et pourtant, tous les jours, je regardais son prénom enregistré dans mon répertoire. J'avais écrit tellement de messages que j'étais prêt à lui envoyer. Mais à chaque fois, je les effaçais, car ce n'était jamais assez bien à mes yeux. Qu'est-ce que je pouvais dire à un homme que je croyais mort, par ma faute et en plus qui avait perdu la mémoire. Je ne savais pas du tout quoi lui dire, quels mots employé pour ne pas le braquer. Car oui, j'avais bien vu que lui montrer une photo de nous n'était pas la meilleure solution. Mais j'avais fini par lui envoyer un message alors que normalement, j'étais en plein service. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en retour. Mais je ne m'attendais pas à ce genre de réponse. Cette impression de retrouver Ezeckiel, mon Ezeckiel. Comme si ,que des souvenirs lui revenaient en mémoire. Impossible de continuer à servir les clients. Je laissais mes serveurs gérer le service alors que je partais m'enfermer dans mon bureau. Assis sur mon sofa, mon téléphone dans mes mains en répondant direct à ses messages. Il était bien le seul à obtenir toute mon intention comme ça. Je mettais de côté tout ce qu'il y avait autour de moi, me renfermant dans ma bulle. Car depuis toujours, il était le seul qui m'importait en cet instant. J'essayais de faire attention à mes paroles, retenant de lui dire toute la culpabilité qui augmentait en moi depuis ce jour-là. Mais encore plus maintenant que je savais qu'il avait perdu la mémoire. Mais on se parlait et ça, c'était ce qui venait me faire revivre. Une discussion simple et pourtant qui me réchauffais le coeur. On apprenait à nouveau à se connaître, à s'apprivoiser surtout. Il venait à nouveau me surprendre en me proposant ce petit déjeuné le lendemain matin. Ce sourire qui venait s'afficher sur mon visage.Un sourire qui n'étais pas apparu depuis bien trop longtemps.

Je n'avais pas beaucoup dormi , comment dormir alors que j'allais passer à nouveau du temps avec lui. Encore plus nerveux , me réveillant vers 6 heures du matin. Allant courir une petite heure, de quoi me vider la tête. Car oui, le sport était une passion depuis longtemps maintenant. Je voulais avoir la tête aérée quand je le verrais. Après une bonne douche et je retournais mon armoire. Oui, c'était bien moi, à ne pas savoir comment m'habiller. Jean noir, un haut blanc, et j'enfilais ma veste en cuire. Me rendant au parc à moto. Me garant alors que je sentais mon cœur battre tellement fort. Marchant jusqu'à ce banc. Il était bien là, et j'avais l'impression que mon souffle se coupait. Il était vraiment là, merde, qu'est ce que je devais dire ? Me plaçant face à lui. "Salut Ezeckiel."

24/02 Oui, tout se trouvait chambouler : pas vrai Ezeckiel ? Ton quotidien, à checker ce téléphone, les notifications, dans l’attente de quelque chose de nouveau. L’inattendu dans ce parc, à la lueur de quelques étoiles : et te voilà à proposer des rendez-vous souvenirs à quelqu’un que tu ne connais à peine. Mais tu n’as pas l’air angoissé, malgré cette jambe frénétique : tu écoutes le chant des oiseaux, le bruit du vent ; tu savoures la fraîcheur d’un matin d’hiver, et l’ambiance de la grosse pomme à l’heure où tout le monde part au travail. Tu aimes le travail de nuit : si tu le pouvais, tu ne ferais que ça. Mais pour le moment, tu devais te contenter d’un rythme en six semaine : six semaines de jour, six semaines de nuit.

Tu ne sais pas vraiment l’heure qu’il est quand tu te poses. Ni le temps qui avance alors que tu restes là, les yeux fermés. Mais quand tu entends ton nom, tu sursautes : probablement que tu as du t’assoupir un peu. Alors tu dégaines ton couteau en te redressant, d’un coup. Et quand tu croises le regard d’Ezio, tu souffles un bon coup. « Désolé. » Que tu murmures avant de ranger ton arme. Les séquelles d’un passé encore trop présent. Tu passes tes mains sur ton visage avant de le secouer pour te réveiller un peu. « Salut Ezio. » Tu souris finalement, un peu en coin, avant de récupérer ton sac. Et de remarquer son casque de moto. Tu fronces les sourcils. « Tu fais de la moto ? » Tu mets ton sac sur l’épaule avant de l’inviter à te suivre : tu avais remarqué un petit Coffee Shop pas loin. Cela ferait l’affaire, pour votre petit-déjeuner.

24/02

Est ce que c'était une bonne idée de le rejoindre dans ce parc. Je savais très bien qu'il ne me ferait aucun mal. Mais par contre, c'était différent maintenant. Rien que le fais qu'il avait perdu la mémoire me perturbait. Je n'arrivais pas à lui dire notre lien d'avant. Oui, cela me faisait du mal de voir qu'il avait tout oublié, nos moments passés, notre tendresse et tout ce qu'on avait vécu. Cela allait prendre du temps et je me demandais ce qui allait nous arriver maintenant. Se reconstruire était compliqué. Rien que de l'avoir revu me perturbait. Je n'avais presque pas dormi depuis ce jour-là et surtout, j'avais la tête totalement ailleurs. Enfin, je devais bien me rendre à cette rencontre, car j'en avais envie. Je me rendais donc au point de rendez-vous, un peu nerveux, bon, beaucoup même. À moto, de quoi prendre l'air. J'aimais sentir le vent sur mon visage et cette sensation de liberté.

Une fois arrivé, j'allais le rejoindre sur le banc. Le destin était surprenant, toujours à se retrouver dans un parc, avec une vue dégagée sur le ciel. Pour observer les étoiles la nuit. Et dire que je pensais qu'il faisait partis de ses étoiles. J'avais eu tort, car maintenant, il était bien là devant moi. M'annonçant, je ne m'attendais pas du tout à une telle réaction de sa part. Reculant d'un pas, mes mains se plaçant devant moi pour lui montrer que je ne lui ferais aucun mal. "Là , ce n'est que moi." Je ne pouvais pas lui en vouloir de réagir ainsi, j'étais devenu tout aussi méfiant que lui. J'avais toujours une arme sur moi. Lui faisant un léger sourire pour le rassurer. Cet homme avait le don de me réchauffer le cœur, c'était impressionnant. "Oui, j'aime beaucoup la moto, l'aventure, la liberté." Le suivant de prêt pour sortir du parc, se dirigeant vers ce café. "Allons nous installer au chaud." Rentrant dedans, pour aller rejoindre une table au loin. Oui, j'avais envie d'être juste seul à seul avec lui. Mon regard ayant beaucoup de mal à me défaire du sien. Il m'avait tellement manqué. "Le travail n'était pas trop dur? "

24/02 Les réflexes ont la vie dure quand on sort d’un coma : si tu t’étais attendu à avoir tant de séquelles, peut-être aurais-tu réfléchi avant de te réveiller. La vérité, c’est que ça semblait bête comme réflexion, mais vivre avec toute cette charge sur les épaules … ça fatigue. La psy, elle te l’a dit : ça prendra du temps ; beaucoup de temps même, mais ça passera. La paranoïa, les angoisses, les sueurs nocturnes, les souvenirs saccadés, les trous noirs de l’existence … ça pèse. Énormément. On le sait, nous, Ezeckiel : on habite ta tête, ton quotidien. On sait ce que ça fait. Mais on voudrait juste t’aider un peu : à notre façon. Alors oui, sors. Voit cet Ezio. Et tu verras bien ce que tu récupères, pas vrai ?

Alors oui, l’accueil n’était pas forcément le meilleur : et peut-être que tu aurais dû le prévenir. Mais en même temps, il n’avait pas l’air surpris : sa réaction t’a attendri, l’espace d’un instant, couvrant ton corps de cette pellicule de douceur que tu attendais depuis si longtemps. Et alors, les pas vous ont mené à ce café, alors qu’il parlait de la liberté de la moto. « Je pense que j’aime ça aussi. » C’est quelque chose qui t’a attiré, depuis le réveil : mais tu n’as pas pris le temps de te pencher sur la question pour être honnête. Vous voilà assis à une table, à l’écart. Tu retires ta veste, que tu poses sur le dossier. Le sac sous la table. Et les bras croisés dessus. Tu regardes par la vitre, un petit moment, avant de sentir son regard sur toi. Un peu trop présent. Un peu trop intimidant. « Non, ça a été. » Et finalement, les pupilles se croisent, s’attrapent. « Et toi ? » Un sourire volé, en coin.

La serveuse arrive. Tu tournes la tête vers elle, la salue d’un geste de tête avant qu’elle ne vous demande votre commande. Tu pinces les lèvres, réfléchis. Attends de voir ce que l’autre aime.

24/02

Impossible de lui en vouloir, car très vite, je venais me reconnaître en lui. Ce genre de réflèxe au moindre bruit. Je ne vivais pas tranquille depuis des années maintenant, c'était devenu une habitude maintenant. On apprenait à se défendre, à ne pas dormir sur ses deux oreilles. Je ne dormais que très peu de toute façon. Notre corps finissait par s'y habituer, même si d'autres personnes pouvaient nous prendre pour des fous. Que se soit l'orage, les bruits trop violents, coup de feu ou encore les endroits fermé et sombre. On avait tous des peurs, et c'étaient les miens. Il fallait juste apprendre à vivre avec. Je tentais donc de le rassurer en lui montrant mes mains, en signe de paix. De toute façon, je n'arriverais pas à lui faire le moindre mal, c'était même impossible. Cet homme était bien trop cher à mon cœur. Même si je sais, que je n'étais plus dans le sien.

Un sourire, un visage apaisé et calme, c'était ce qu'il fallait pour le calmer et de douce paroles. Le voyant ranger son couteau, j'étais rassuré. Faisant un sourire en le regardant. "Oui, tu aimes ça, la moto, c'est tellement bien. Tu peux partir où tu veux et profiter de la vie." Souvent, je partais à l'aventure le week-end sur un coup de tête. Du moins, c'est ce que je faisais avant. Je ne pouvais malheureusement plus le faire maintenant que j'avais un bar. Mais je sais qu'Ezeckiel et moi, on le faisait souvent. Une fois installé au bar, je venais retirer ma veste, de quoi se mettre à l'aise prenant la carte. Sourire aux lèvres découvrant qu'ils faisaient du pain perdu. Mon attention se rapportait très vite à Ezeckiel. "Je me suis levé assez tôt, j'ai peu dormi." Son sourire était tellement beau. Regardant la serveuse. "Du pain perdu pour moi s'il vous plaît avec un café caramel." C'était mon petit déjeuné typique. Regardant Ezeckiel attendant ce qu'il allait commander. Est ce qu'il avait les mêmes habitudes qu'avant?

24/02 Et tout semblait incroyablement normal : comme si, finalement, ce rendez-vous coulait de source. Comme si tu avais déjà vécu ça, ce moment précis à la lueur de quelques rayons de soleil, à déjeuner avec un homme. Cet homme. Le seul ? Tu fronces les sourcils face à nos propos : un peu déboussolé, il faut l’admettre. Joli contraste de la première rencontre, où c’était Ezio le déboussolé. Tu attrapes la carte pendant qu’il parle, te confie la petite nuit qu’il a eu. « Je t’intimide ? » C’était sorti seul, et pourtant tu attendais la réponse avec impatience : conscient qu’il te faisait autant d’effet que tu ne lui en faisais. Tu inspires, regarde vite fait : mais ton choix est déjà fait. La chose est bâclée avant même que la serveuse ne pointe le bout de son nez. Quand elle est finalement là, tu laisses l’âme sœur répondre avant : et cet écho, dans ta tête. Probablement que tu le dévisages, un long moment : tu le savais. Tu avais entendu ça, déjà, dans le passé. Cette voix, ces mots, cette commande, ces préférences. Rien ne t’était inconnu. « Je … » La serveuse se racle la gorge, t’arrachant à tes pensées. Alors tu secoues la tête, ferme la carte et la tend à la serveuse. « Un chausson aux pommes avec un chocolat viennois s’il vous plait. » Et elle disparait après avoir griffonner sur son bloc et récupérer les deux cartes.

Voilà que ton attention se repose sur le blond, face à toi. Et alors, tu rigoles nerveusement. « J’ai une impression de déjà-vu très … Malaisante, si je peux être honnête. » Tu secoues la tête et finalement, croise les mains sur la table avant de poser ta tête dessus. L’observant par-dessous, comme un enfant admirant un jouet. « J’ai oublié les 5 dernières années, si ce n’est plus. » Tu grimaces et finalement, tourne la tête vers l’extérieur. « Je suis désolé si je t’ai oublié, toi aussi. »

24/02



Ce genre de petit déjeuné, rien que tous les deux, dans les cafés. Cela me rappelait trop de souvenirs que je n'arrivais pas à oublier. Je me souviens très bien de nos petits déjeunés ensemble, c'était dans ce genre de café, caché dans un coin pour être sûr que personne ne nous verrait, qu'on soit tranquille. J'avais l'impression de revenir en arrière. Continuant de regarder son visage, il n'avait tellement pas changé, toujours le même, des traits que je connaissais par cœur. Fuyant son regard alors qu'il venait me demander s'il m'intimidait. Passant une main dans mes cheveux, un geste nerveux, un tic. "Je dirais oui...Te revoir...Me perturbe oui, je dois l'avouer. Et de toute façon, je ne dors pas beaucoup." Mais il avait raison sur le fait que depuis qu'il était vivant, je ne dormais pas beaucoup. J'avais tellement de questions en tête. Heureusement que la serveuse venait prendre notre commande. Sourire aux lèvres en entendant sa commande, heureux de voir qu'il avait les mêmes habitudes.

Faisant tourné le bracelet à mon poignet, un cadeau de sa part. Je me rendais compte qu'il commençait à avoir des souvenirs. "Oui...Je ne vais pas te mentir, ce n'est pas la première fois qu'on a ce genre de repas ensemble tous les deux." J'étais vraiment nerveux, essayant de trouver les bons mots pour ne pas lui faire peur. Il m'avait donné une nouvelle chance en acceptant de le voir, je ne devais surtout pas le décevoir. Et là, c'était la douche froide, oublier ses cinq dernières années."Oh, je vois...Ça ne doit pas être facile." Baissant le regard jouant à nouveau avec mon bracelet nerveusement. "On se connaît depuis plus de deux ans oui." C'était difficile de savoir qu'il m'avait totalement oublié. J'étais encore plus en colère contre cet homme qui avait été mon paternel. Il avait fait tellement de mal à Ezeckiel qui ne méritait pas ça.

24/02 Ce mélange de sentiments, ressentiments amers de quelques années perdues ; en arrière. L’impression de déjà-vu couplé à cet inconnu, vaste voûte céleste que semblait être ta vie ces derniers temps : oui, te voilà déboussolé. Parce qu’il y a bien longtemps que tu as fais une croix sur ces souvenirs, te contentant de prendre ce qui venait, de laisser partir ce qui ne reviendrait probablement jamais. Alors cet homme, là, juste en face de toi : qui semblait te dévorer du regard d’un amour perdu depuis trop longtemps … Il semblait être la clé d’une grande partie de toi-même, te connaissant probablement mieux que toi-même. Il a avoué être intimidé, et ça t’a fait sourire malgré toi : t’aimais faire cet effet, dans le fond. Mais … Juste à lui. Pourquoi ? Trop de questions dans la tête, te forçant à la poser sur la table, en regardant dehors après avoir donné ta commande. Comme un enfant perdu dans un magasin : le magasin de tes souvenirs, tu semblais suspendu au temps, aux lèvres charnues de ce blond. Avide d’un peu de toi à travers lui.

Ses paroles sont douces, délicates : t’enveloppant du genre de douceur que tu ne sembles plus vraiment connaître depuis le réveil. Tout est violent, autour : ce monde, toi, ton cerveau, la rééducation, les médecins. Tous semblent pressé d’un retour à une réalité convenable : mais certainement pas la tienne. Finalement, tu fais l’aveu solennel : t’excuse presque d’une situation que tu n’as pas voulu, pas poussé, pas commise. Mais tu te sens coupable, d’avoir retiré quelques années à cet homme aussi. Il comprend. Il sait dans le fond, tu le sens : que ce n’est pas de ta faute, que tu as tout fait pour ne pas oublier, perdu entre ce monde et un autre. Il parle de quelques années à ses côtés, et toi tu fermes les yeux, les rayons du soleil sur ta peau. Tu laisses quelques secondes de silence. Et finalement.

« J’ai fait un coma d’un peu plus d’un an. On m’a retrouvé dans une ruelle : je n’aurais jamais dû survivre. » La voix est calme, rassurante. « Il parle d’un survivant. Je dirais plus qu’à choisir, j’aurais préféré crever ce soir-là. » Les mots sont durs, mais sincères. La serveuse revient, te pousse à te redresser pour déposer les quelques collations. Tu souris en coin, en guise de remerciements, et tu lèves ta tasse. Plante tes azurs au plus profond de l’âme d’Ezio.

« Aux souvenirs. » Une vie perdue.

24/02 Les souvenirs s'envolaient si facilement , malheureusement certains restaient pour toujours dans notre tête. Des souvenirs que je n'arrivais pas à oublier. Ezeckiel avait toujours été dans ma tête. Même quand mon père m'avait convaincue de l'oublier, qu'il m'avait frappé encore et encore, me privant de nourriture, enfermé dans le noir, le froid. Et surtout, il avait brûlé tous les souvenirs de lui, photo surtout et cadeaux qu'on s'était offert. Ce bracelet à mon poignet était le seul trésor qui lui restait encore d'Ezeckiel et ses souvenirs qui n'avaient pas disparu. Et pourtant les années c'était écoulé et il avait oublié petit à petit son odeur. C'est difficile d'oublier quelqu'un, surtout quand celui-ci est notre premier grand amour. Mais maintenant qu'il en face de moi, tout me revenais en mémoire. Impossible de détourner le regard. Cet homme avait atteint mon coeur il y a quelques années et il lui appartenait toujours. Je l'aimais, c'était une évidence et rien ne pourrais le remplacer. Les souvenirs qui me revenaient et cette chaleur dans mon coeur que je pensais recouvert de glace pour toujours.

Je n'avais pas envie de lui mentir, autant être franc et lui dire qu'on se connaissait. De toute façon il l'avait bien vu avec cette photo. Il éveillait cette douceur en moi, que je pensais disparue depuis des années. Depuis cette soirée là exactement. Par contre, je venais très vite fuir son regard quand il venait me parler de cette soirée là. Me mordant la lèvre, un peu trop fort. Cette soirée que je me rappelais comme si, que c'était hier. Coma d'un an , retrouvé dans cette ruelle entre la vie et la mort. Un miraculé! Est ce que mon voeux avait été exaucé ce soir là? Enfermé dans cette cave dans le noir. J'avais tellement prié pour qu'il ne soit pas mort. "Oh..." Ce genre de discussion arrivait à me rendre muet, surtout que je n'arrivais pas à lui dire que tout était de ma faute. Heureusement la serveuse venait nous apporter nos plats. Relevant le regard vers lui pour me perdre dans le sien avec un sourire triste tout de même. "Aux...Souvenirs oui..." Buvant ma boisson chaude."J'étais là...Ce soir là." Regardant mon pain perdu, j'avais comme cette boule au fond de la gorge.