Oublier le passé, renouer, reconstruire ... //Feat Clark Lewis//

Ce fut un Yuri anxieux qui franchit la porte du café cette après-midi là; il était en avance, sans surprise, et s'installa à une table, à proximité de l'entrée en jouant avec ses doigts. Il les tirait, les pliait, les maltraitait à s'en faire blanchir les phalanges. L'homme avait passé sa journée à ressasser ses actions. Il repensait en permanence à ses années collèges et lycées. Il songeait à ce qu'il avait fait vivre à cet homme qui allait le retrouver dans une bonne demi-heure, et, inévitablement, il se mit à regretter.

Les choses avaient pourtant bien commencé ! Il s'était levé le sourire aux lèvres, ce matin-là. Son sourire s'était même élargit lorsqu'en regardant son emploi du temps il vit un nom et une heure écrit en vert dans un alphabet bien différent du notre: “Владимир 14”. Il avait hâte, Yuri. Hâte de revoir un visage familier, hâte de pouvoir discuter avec quelqu'un qui ne jurait pas par sa notoriété, hâte de passer du temps avec une ombre de son passé, hâte de s'entretenir avec un autre voyageur, hâte de redécouvrir Vladimir Lewis … Ou Clark Lewis ou quelque soit son nom.

La matinée du Russe fut bien remplie, étant presque entièrement occupée par un tournage. Il avait passé des heures à rejouer la même scène mais il ne s'en formalisa pas. Il savait que le réalisateur était exigeant, il savait que les prochains mois allaient être épuisant, il savait qu'il allait passé l'après-midi loin de cet homme, et surtout, il savait qu'il passerait ce moment en bonne compagnie. Mais lorsqu'il se retrouva assis, seul, dans ce café qu'il fréquentait pourtant depuis quelques mois maintenant, il n'avait qu'une envie: fuir.

Il repensait à ses messages échangés, il repensait aux brimades qu'il avait fait enduré au jeune homme, il repensait au sentiment de satisfaction qui le prenait lorsqu'il voyait la mine déconfite de l'autre. Il s'était amusé à le tourmenter et tout ça pour quoi ? Même Yuri ne le savait pas. Et même si Clark lui avait assuré que ce n'était rien, qu'il avait oublié, Yuri culpabilisait et craignait de soutenir le regard de l'autre. Ce regard si bleu qu'il avait l'impression d'être transpercé de part en part dès qu'il le croisait. Plus il cogitait, plus il se disait que la fuite n'était pas une si mauvaise option. Il n'aurait qu'à prétendre qu'il avait oublié, qu'il n'avait pas pu se libéré ou qu'il avait pris un coup de froid ! Prendre un coup de froid, lui, Yuri Tchekov, Le Russe … Il avait une santé de fer et n'était jamais tombé malade même lorsque le vent glacial d'une Russie hivernale venait jouer avec ses cheveux. Alors, à qui voulait-il faire croire que le froid, pas si froid que ça, de New-York ait pu le clouer au lit ?

Yuri était ridicule. Il le savait. Il n'avait pas à être si terrifié par une simple entrevue qui l'avait pourtant terriblement séduit le matin même ! Il avait vu pire, alors, pourquoi ce simple rendez-vous le dérangeait autant ? Un rendez-vous qu'il avait lui-même posé ! Il soupira, las, l'épuisement de sa mince journée de travail se rappelant soudainement à lui.

Il ne reporta son attention sur la porte que lorsqur celle-ci s'ouvrit à la volée sur l'homme qu'il attendait. Le Russe bondit ses pieds, chassant la fatigue et regroupant les restes de son courage. Il fit un signe de main en direction de Clark, espérant que le regret et les remords s'en iraient dès qu'ils auraient partagé une bonne bière.

" Ai-je envie de revoir le mec qui me harcelait au lycée...? Je plaisante. " Voilà ce qu'il avait répondu à son ancien camarade de lycée quand ce dernier lui avait proposé d'aller boire un verre une après-midi. Plaisantait-il vraiment ? Qu'à moitié. En effet, la perspective de boire un verre avec celui qui avait indubitablement contribué à faire de son arrivée un Russie un enfer ne l'enchantait guère. Et d'un autre côté, leurs échanges de message avaient été plutôt sereins, voir plaisants. Tout le monde mérite une seconde chance, Clark, tu ne crois pas? ça dépend. Cela dépendait parce que certaines personnes ne méritaient pas d'être pardonnés. Elle, tu ne pourras jamais la pardonner.

" Doc?" Relevant le nez vers l'agent de police qui était en train de lui décrire la scène de crime afin qu'il puisse commencer le profilage du coupable. "Navré Quentin. J'étais ailleurs. Donc, tu me disais qu'il ou elle a retiré les ongles de ses deux victimes?" Le policier hocha la tête, lui désignant les photos prises par l'équipe de fouille et le médecin légiste : " C'est carrément moche. Selon le médecin légiste, il leur a retiré de leur vivant." Expliqua-t-il. " Vous avez retrouvé les ongles ?" questionna le psychiatre en regardant l’entièreté des photos présentes dans le dossier. " Non, envolé. Aucune trace dans la chambre d'Hôtel." répliqua l'agent. " Tu penses que c'est un fétichiste des ongles?" Clark fit un petit sourire et haussa les épaules: " C'est trop tôt pour le dire. Cela pourrait également être un moyen de les faire souffrir soit par sadisme soit pour obtenir une information." Il quitta les yeux du dossier: " A-t-il retiré les ongles des pieds? Des dents?" Le policier le fixa, dégouté: " Grand dieu non."

Une alarme sonna, indiquant à Clark qu'il devrait se dépêcher s'il ne voulait pas arriver en retard à son "rendez-vous" avec Yuri. Il tapota sur l'épaule de Quentin et lui adressa un léger sourire: " Je vais me pencher là-dessus. Je reviens vers ton chef et toi quand j'ai réussi à comprendre son mode opératoire." Il attrapa les dossiers: " Et je prends ça. A plus!" Son compagnon le dévisagea: " Hey Lewis! Tu te barres avec le seul dossier que j'ai!" s'enquit-il, le voyant déjà quitter les locaux de la brigade des crimes majeurs: " Pas mon problème Swan!" répliqua le blond avec un sourire égal. Il savait pertinemment que Quentin Swan disposait d'une copie dans son ordinateur et n'avait pas le temps d'attendre qu'il lui en imprime une version papier. Appelant un taxi, il renseigna l'adresse donné par son compatriote et regarda sa montre. Il devrait être parfaitement à l'heure. Pas une minute de plus, pas une minute de moins.

Le café en question s'appelait " Vzion" et quand il en repéra l'enseigne, Clark paya le chauffeur et sortit du véhicule. Regardant sa montre, il était en effet arrivé juste à temps. Calant son attachée-caisse sous le bras, il pénétra dans le café et chercha son correspondant du regard. Le reconnaitrait-il? Ressemblait-il réellement aux photos qu'il avait eu l'occasion de voir dans la presse ? Probablement que oui. L'idée de le revoir après tant d'année l'intimida l'espace d'un instant : et si c'était une nouvelle façon pour se payer sa tête? Et bien tu lui casseras le nez. Soupirant devant sa réflexion bien trop axée vers des solutions violentes, il finit par voir un homme se dresser sur des pieds et lui faire signe. Étonnement, bien qu'il reste méfiant, le premier réflexe de Clark fut d'offrir un léger sourire à son ancien tortionnaire. Marchant jusqu'à sa table, il hésita quelques secondes avant de lui tendre une main pour le saluer. Le contact de sa peau sur la sienne le surpris momentanément : pourquoi cela d'ailleurs ? Parce que ça te trouble de revoir ainsi un visage de ton passé. Parce qu'il correspond à une époque à la fois bénie et maudite. Parce que le meilleur et le pire de ta vie était encore à venir. " Привет, как ты ? " demanda-t-il, sentant que son accent était un peu rouillé. Prenant place face à l'acteur, il déposa son attaché-caisse contre la table et retira sa veste en laine bleue, se retrouvant en chemise noire à légers motifs. Le contraste de température entre les rues de New York et l'intérieur du café l'incommoda et il retira deux boutons à sa chemise, calant finalement son regard dans celui de son vis-à-vis. Le détaillant quelques secondes, il dût se rendre à l'évidence : les années avaient fait leur office et le sale gosse tyrannique qu'il avait connu s'était mué en homme charismatique. Restait-il tyrannique? La suite le lui dirait.

Hésitant quelques secondes à initier une conversation, il finit par prendre les devants : " Je ne t'ai pas fait attendre j'espère?" questionna-t-il, rompant le silence. Il regarda sa montre : " Tu as combien de temps devant toi?"

Yuri détailla son convive, non sans une certaine surprise. Il observa ses traits et s'étonna devant l'aspect juvénile que ceux-ci avaient conservés. L'américain n'avait pas changé, il n'avait pas vieilli, c'était frustrant. Les traits de Yuri s'étaient accentués, sa mâchoire s'était redessinée et ses pommettes s'étaient faites plus saillantes, là où Clark n'avait pas prit une ride ! Ses traits n'avaient pas bougés ! S'en était presque vexant, ils n'avaient que 2 ans d'écarts et pourtant, le psychiatre avait toujours l'air d'un adolescent.

Son léger sourire redonna un peu d'aplomb au Russe qui senti les coins que ses lèvres se rehausser. Une brève poignet de main s'en suivit, un acte de salutation banale qui commença à chasser le stress, qui s'était fait trop envahissant, du plus âgé. Il souria d'avantage en entendant l'accent rouillé de son ancienne victime. En Russie, l'accent de Clark était assez convainquant. On pouvait y entendre ses heures de pratiques assidues malgré cet arrière goût d'accent anglais, un arrière goût dont on ne pouvait pas se séparer, il était inévitablement présent. Et Yuri pouvait sentir que l'homme avait délaissé le russe depuis des années. Ce n'était pas très étonnant, après tout, Clark était né aux États-Unis, y avait grandi et avait dû y revenir depuis un petit moment déjà. Mais cela n'empêcha pas le cœur du Russe de se pincer, attristé à l'idée, qu'un jour, lui aussi pourrait perdre cet accent caractéristique de l'Europe de l'est et qu'il ne pourrait s'en prendre qu'à lui-même. 

Yuri se réinstalla en même temps que son ancien camarade et se contenta de lâcher un petit: [color:aaea=cc6699]«Привет … я в порядке а ты ?». Il observa l'homme prendre place. Le bibendum s'en était allé, adieu les couches de vêtements censés protéger l'enfant du froid, bonjour vêtements élégants. Peut-être était-ce ses habits de travail ? Un psychiatre se devait d'être présentable en toute circonstance, non ? Mais si c'était le cas, à quoi ressemblait-il en dehors de ces horaires ? Yuri avait du mal à s'imaginer l'homme autrement, mais il avait aussi du mal à se dire qu'il l'avait connu autrement.

Son regard préféra fuir celui de l'autre, refusant de se noyer dans ce bleu si particulier. Les iris grisées du Russe préfèrent se focaliser sur l'attaché-caisse que transportait l'autre. Il était clair que l'homme revenait du travail. L'avait-il dérangé ? Il n'avait pas l'air agacé d'être là pourtant.

«Je suis plutôt content de t'avoir attendu. Venir à ce rendez-vous m'a permis de fuir un réalisateur envahissant. Et je ne suis pas censé tourner d'autres scènes aujourd'hui … Alors j'ai toute mon après-midi !», expliqua t'il incertain.

Clark lui donnait le trac. Le trac ! Une sensation de nervosité et d'angoisse qu'il n'avait pourtant plus expérimenté depuis des années ! Son métier l'avait habitué à être le centre de l'attention, à prendre et à monopoliser la parole alors pourquoi ? Pourquoi se retrouver ici le rendait si nerveux ? Bon sang, revoir Clark était une erreur … Il en était sûr, maintenant que l'anxiété avait pris place dans sa voix.

«Et toi ? Tu sors du travail ou tu te promènes tout le temps avec une sacoche ? Pitié, dis moi que ce n'est pas la mallette de Jack l'éventreur ou de je-ne-sais-quel fou furieux … Non ! En faite, ne dis rien. Je ne veux pas savoir !»

Des blagues idiotes, encore et toujours des blagues idiotes. Yuri ne connaissait pas d'autres moyens de défenses que l'humour. Pourquoi en aurait-il eu besoin d'autre ? L'humour le protégeait du stress, de l'angoisse, de la peur, de l'incertitude, de l'incompréhension et du doute. Il n'existait pas meilleure protection que ces stupides plaisanteries qui ne faisaient rire que lui et ses fans.

Installé face à son ancien tyran, Clark coulait un regard curieux sur lui. Bien qu'il eut suivi ses aventures à travers la presse - notamment à scandale - il n'avait pu que se figurer la vie que le russe avait vécu jusqu'alors. Bien que son imagination soit fertile, il ne pouvait que présumer que son quotidien était rempli de tournage, d'interview et de répétition. Un homme qu'il n'aurait probablement jamais voulu revoir il y a dix ans de cela et qui - pourtant - piquait aujourd'hui sa curiosité naturelle : " Un réalisateur envahissant, hein?" répéta le psychiatre en déboutonnant légèrement sa chemise pour se donner le luxe d'être plus à l'aise dans son vêtement moulant. " Tu veux dire qu'il est sur ton dos?" questionna-t-il en penchant légèrement sa tête sur le côté, intrigué. En entendant qu'il avait toute son après-midi, le brun acquiesça un léger sourire venant trancher avec la froideur de son regard. Bien qu'il eut lui aussi terminé sa journée, il ne l'en informa pas. Si cette entrevue se révélait être gênante ou difficile, Clark prétexterait un rendez-vous sans la moindre gêne et s'en irait sans le moindre remord.

Le psychiatre ne manqua pas de remarquer la voix légèrement enrouée de son interlocuteur et supposa qu'elle pouvait avoir plusieurs origine: d'abord, sa voix était fatiguée suite à son activité d'acteur où elle était très employée, ensuite, sa voix était mise à mal par le froid mordant de ce mois de décembre et, enfin, cette rencontre était tout autant angoissante pour Clark que pour lui. Peut-être un mixte de ces trois possibilités? Probablement. S'il n'avait pas prévu de lui donner l'information concernant la fin de la journée, Yuri sembla toutefois se poser la question, avisant un regard curieux vers sa sacoche. Devant les commentaires de l'acteur sur le potentiel contenu de celle-ci, le grand brun ne manqua pas cette occasion de se prendre au jeu: " Je reviens du commissariat de Manhattan." répliqua-t-il, ne révélant cependant pas si sa journée était belle et bien finie ou non: " Je travaille sur plusieurs meurtres où le mode opératoire est identique..." commença-t-il, avant d'être coupé par Yuri qui indiqua ne rien vouloir savoir de plus. Obéissant à la demande de son ancien ennemi, l'homme haussa les épaules: " Comme tu voudras." répliqua-t-il en prenant la carte entre ses mains pour consulter le menu.

Distraitement, il saisi sa lèvre inférieur entre ses dents pour jouer doucement avec sa chaire, réflexe vestige de l'époque où au lieu de sa peau, il malmenait son piercing. Relevant le nez vers le russe, Clark demanda: " Tu viens souvent ici n'est-ce pas? Leur bière blonde est-elle bonne?" demanda-t-il, soucieux de ne pas commander une boisson qui ne serait pas à son goût: " Je l'aime amer, en générale."

En attendant la réponse de son vis-à-vis, Clark fut surpris par l'arrivée d'une serveuse: " Nous n'avons pas encore fait notre choix mais..." commença-t-il avant de réaliser que l'employée ne lui avait pas adressée un regard, targuant ses deux orbes bleus sur le visage de l'acteur. " Monsieur Tchekov, je suis fan de vous depuis vos débuts, est-ce que je peux avoir un autographe?" demanda la jeune femme, des étoiles pleins les yeux. Le psychiatre détailla la serveuse du coin de l’œil une dernière fois avant d'adresser un regard passablement amusé à son compagnon. N'écoutant plus l'échange de l'employée et de l'acteur que d'une oreille, l'homme en profita pour sortir son smartphone et vérifier ses e-mails professionnels. 25 mails non lus? Et bon nombres de sa patientèle. Soupirant légèrement, il en ouvrit un où son patient lui demandait un rendez-vous urgent. Il répondit qu'il pouvait le recevoir le lendemain à sept heure du soir et renferma son téléphone pour sortir son paquet de cigarette, s'apprêtant à sortir pour s'en griller une, laissant son interlocuteur badiner avec la jolie petite serveuse.

Le Russe répondit aux interrogations de son ancien compatriote par un soupir las, terriblement las. Ce réalisateur envahissant, il pourrait s'en plaindre durant des heures ! Cet homme avait des problèmes, Yuri en était persuadé. Peut-être devrait-il prendre rendez-vous avec Clark.

«Ce type est sur le dos tout le monde. Il veut que tout soit parfait à tel point que ça en devient ridicule ! Il a réussi à me dire que mon accent n'était pas assez authentique ! Ce type n'a sûrement jamais mis les pieds en Russie et c'est moi qui ne suis pas authentique !»

Le Russe observait les moindres réactions de son ancienne victime. Il appréciait le sourire qu'il vit se dessiner, illuminant quelque peu ce visage trop blafard, trop triste et trop lugubre. Clark donnait l'impression d'avoir vu l'enfer, d'en être sorti et de regretter de ne pas y avoir péri, une impression étrange qui ne pouvait que submerger de mélancolie le cœur d'artichaut de l'acteur. Comment un homme pouvait-il avoir l'air si abattu ? Certes, l'américain n'avait jamais vraiment été un individu rayonnant mais là … Il en ferait pâlir un mort ! Des morts, il avait dû en voir des tonnes, cela ne devait plus rien lui faire à force. Une autre pensée qui perturba l'esprit du plus petit, lui qui vomissait l'entièreté de ses tripes dès que le chat de son petit frère tuait une souris. Clark devait avoir le cœur bien accroché pour vivre cette vie, le nez en permanence plongé dans un dossier empli de photos toutes plus macabres les unes que les autres. Oui, l'état de son interlocuteur, de son ancienne victime, le préoccupait. L'objet de ses pensées ne tarda pas à le ramener sur Terre, dérangeant le cours de ses pensées pour lui parler de … la bière. Lui qui était parti sur son histoire de tueur en série avait si aisément changer de sujet … Preuve d'une dédramatisation plus présente que prévue, et un peu plus effrayante aussi.

«Hm, la bière devrait être à t-»
[b]«Monsieur Tchekov, je suis fan de vous depuis vos débuts, est-ce que je peux avoir un autographe ?»

Un léger sursaut, presque indiscernable. Yuri détestait ça, être prit par surprise par un fan, encore moins lorsqu'il était occupé. Mais l'acteur les aimait, ses fans, alors il leur souriait les saluait et accédait à leur requêtes. Parce que Yuri était gentil, parce qu'il ne savait pas dire non, parce qu'il ne voulait pas être méchant, parce qu'il ne voulait pas finir seul et malade comme ce père qu'il aimait tant. Alors le Russe jeta un regard à son invité, s'assurant que cette interruption ne l'irritait pas trop, puis il tendit son plus beau sourire à la serveuse, la remercia de l'attention qu'elle lui portait et lui signa son autographe "avec plaisir".

«Merci encore … Ça me fait chaud au cœur de pouvoir croiser des fans mais … Mon ami et moi étions occupés et … Vous comprenez n'est-ce pas ?» lui fit il avec toute la diplomatie et la gentillesse dont il pouvait faire preuve.

Accompagnant ses paroles d'un geste de la tête vers son "ami", Yuri se stoppa net lorsqu'il le vit sortir un paquet de cigarette. Un froncement de sourcil presque instinctif prit alors place sur son visage. Le tabac et lui, c'était une grande histoire de haine.

«Je suis presque sûr que tu n'as pas le droit de fumer dans cet établissement, et même si c'était le cas, je préférais que tu évites. Tu as fais médecine non ? Tu devrais savoir que fumer est toxique pour ta santé et celle de ton entourage. Et j'aimerai pouvoir tourner encore quelques films avant d'attraper un cancer du poumon. La canule au fond de la gorge, ce n'est pas très vendeur.»

Une tirade peu maligne et bien peu diplomate, l'idéal lorsque l'on doit revoir un homme que l'on martyrisait vingt ans plus tôt.

«Désolé … Je n'aurai probablement pas dû dire ça mais disons que j'ai eu une expérience assez traumatisante impliquant une sur consommation de tabac et … Bref. Une sombre histoire. Pourrais-tu éviter de fumer ici ? S'il te plaît.»

Passablement amusé par les commentaires de son compatriote au sujet du fameux réalisateur, Clark émit une supposition : " Les gens aussi perfectionnistes ont souvent une faiblesse à cacher. Une sorte d'insécurité qu'ils reportent sur les autres. Ce n'est surement pas toi le problème mais lui." Il ne l'ajouta pas, mais cela venait certainement d'une éducation stricte et d'un manque d'attention ou d'amour de la part d'une ou des deux figures parentales. Peut-être des abus moraux ou physique sur l'enfant qu'avait été ce réalisateur.

Abordant le sujet de son attaché caisse et de son potentiel - avéré - contenu en lien avec un tueur en série, Clark avait rapidement senti que le sujet était insécurisant pour son vis-à-vis, reportant son attention sur la carte des boissons. Lisant le nom des différentes alcoolisées proposées, il tiqua sur l'une d'entre elles qui semblaient à son goût. Il n'en était cependant pas certain, ne connaissant pas la qualité de la brasserie dans ce restaurant. Relevant le nez vers son vis-à-vis, il lui demanda comment il les trouvait, ces bières. Avant que le russe ne puisse lui répondre, une serveuse vint les aborder. Si le psychiatre crut qu'elle venait prendre sa commande, il n'en fut rien, se prêtant d'admiration pour son homologue. Bien. Il en profita pour vérifier ses e-mails et adresser quelques rendez-vous pour la suite de la semaine. L'échange s'entendant en longueur, le médecin avait sorti son paquet de cigarette, s'apprêtant à remettre sa veste pour aller fumer à l'extérieur. Son ancien ennemi profita de ce moment là pour terminer l'échange avec la petite serveuse et targuer vers lui un regard empli de reproches.

Le flux ininterrompus de ses mots laissa quelques instants Clark interdit. S'apprêtant à lui dire qu'il allait sortir pour fumer sa fameuse cigarette, il ne put pas en placer une sous le joug incessant de ses questions et remontrances. Patientant que son compagnon ait fini sa tirades, il soupira et croisa les bras, plantant sur lui un regard intrigué : la cigarette était donc un sujet sensible. C'était noté.

" Yuri." dit-il pour marquer son attention après que l'homme se soit excusé: " Je n'allais pas fumer à l'intérieur du café. Je m'apprêtais à sortir le temps que tu termines ta discussion avec ta fan." expliqua-t-il dans un premier temps: " Évidemment, je n'impose pas la fumée de ma cigarette à ceux qui m'entoure. Si tu dois souffrir de tabagisme passif, ça ne sera pas de mon fait." Il soupira légèrement : " Pour ce qui est de ma santé, je suis conscient des risques que je prends, mais te remercie de t'en soucier." Rangeant son paquet de cigarette, peu désireux de provoquer une crise de panique à son compatriote, il se contenta de reprendre la carte entre ses longs doigts fins : " Alors? Cette bière blonde. Elle est bonne?" demanda-t-il d'un léger sourire comme pour apaiser l'autre, sentant toujours une tension bien palpable : " Alors, parles moi un peu de toi Yuri. A part le cinéma et la presse à scandale, qu'est-ce que tu deviens? Tu as d'autres passions? Es-tu marié? "

Yuri ne s'était jamais senti aussi bête de toute sa vie. Ce flot incessant de parole s'était écoulé sans qu'il ne puisse rien n'y faire le mettant dans une situation assez inconfortable. Il s'excusa de nouveau, piteusement, comme si les mots de son ancien camarade d'école suffirent à faire fuir cette assurance que le Russe avait acquis en évoluant au MKhAT, puis sur les plateaux. Tendu, il assura à son compatriote que oui, les bières étaient très bonnes dans cet établissement, mais qu'au vue de l'heure que l'était, il opterait plutôt pour une bière sans alcool. Il voulait faire preuve de maturité, Yuri, montré à son ancien camarade qu'il n'est plus cet adolescent un peu bêta qui l'avait fait souffert quelques années plus tôt, malgré l'énorme gaffe qu'il venait de faire. Et puis, si l'alcool venait à lui manquait, il pourrait toujours se rabattre sur les bouteilles qui se pressaient sous le comptoir de sa cuisine.

《Ce que je deviens … Pas grand chose à vrai dire. Mon métier est assez chronophage, entre les tournages, les interviews et les plateaux télévisés parce qu'il faut bien en assurer la publicité. Le reste de mon temps, je le passe à aider comme je peux au Centre.》 Il n'avait pas détaché son regard du visage de l'autre, tentant d'analyser ses réactions. 《C'est le nom du QG de l'association LGBT de cette ville … Je me suis dis que maintenant que c'était de notoriété publique, autant en faire quelque chose de bien. Et … Non, je ne me suis pas marié. À vrai dire, je ne suis pas sûr que cela arrivera un jour. Je me mis à l'écriture tout récemment. Et toi ? Tu ne passes tout de même pas tes journées avec des cadavres ?》

Il était certain que l'américain n'était pas l'être le plus expressif de cette planète, il était assez dur de lire et lui et pourtant, Yuri, il avait passé des journées entières à étudier les expressions des gens, une occupation essentielle afin d'approfondir son jeu et d'élargir sa palette d'émotions. Mais Yuri ne voyait en Clark que ce que celui-ci voulait bien lui montrer, et il n'y avait pas à dire, c'était perturbant.

《J'ai regardé ton Community, après t'avoir contacter sur Meet. Et … J'ai lu tes articles. C'était … Vraiment très intéressant. Tu essaies de faire naître des vocations ? Et elle est d'où la tienne, de vocation ?》

Il lui avait fait la morale, comme il le faisait à ses étudiants ou à certains de ses patients. Lui expliquant qu’il n’allait pas fumer à l’intérieur et qu’il était le seul à devoir se soucier de sa propre santé vis-à-vis de la cigarette. Cigarette, à laquelle il n’était pas vraiment accro, ayant un penchant bien plus incliné pour l’alcool. Ainsi, il rangeant son paquet de cigarette et le questionna sur les bières du Vzion. Ce à quoi l’acteur lui répliqua qu’il ferait mieux de se rabattre sur une boisson non alcoolisée : « Je pense être assez grand pour décider quand je peux boire de l’alcool. » Sentant que la tension ne s’atténuait pas, notamment à cause de sa dernière phrase, Clark décida de le questionner sur son quotidien et sur la vie qu’il menait, curieux de savoir ce que son ancien camarade de classe - slash petite brute - devenait. A la réponse du russe, il se fit attentif et hocha la tête au fait que son métier était très prenant : « Le mien aussi. » commenta-t-il, en écoutant le détail des activités de son ainé. Il tiqua, le centre ? « Quel centre ? » questionna-t-il, se demandant s’il avait loupé un épisode. Ce à quoi son ainé précisa qu’il s’agissait de l’association LGBT : « Ah oui… Ton coming-out. » commenta-t-il. L’autre poursuivit en révélant qu’il n’était pas marié et il ne semblait pas prêt de l’être en réalité. Cette dernière affirmation sembla le peser : « Tu sais, le mariage n’est pas un aboutissement en soit… » tenta-t-il, dans l’objectif de l’apaiser. Toujours à vouloir soigner l’esprit des gens, hein ? Sauf que Yuri n’est pas ton patient et peut-être qu’il se moque bien de tes leçons de morales … « Tu rédiges quels genre d’écris ? » demanda-t-il, curieux.

Alors comme ça, le russe s’attaquait à l’écriture ? Quels genres d’écrits aurait pu produire cette petite brute de Yuri à l’époque ? Un journal intime relatant ô combien il avait souffert dans les vestiaires des hommes, ô combien il avait été complexe de contrôler ses yeux et les réactions pourtant naturelles de son corps. Toi aussi, Clark, tu étais soumis à ce genre de pensées inavouables dans ce pays intolérant. Mais ça… Tu avais été assez malin pour le cacher. Tu le caches encore, à vrai dire, puisque tu préfères aux corps masculins élancés les courbes féminines. Du moins, la plupart du temps.

Quand la question lui fut retournée, Clark n’eut pas l’occasion de répondre puisque le serveur vint prendre leur commande. Ainsi, il laissa son ainé faire sa commande et demanda une bière blonde amère, de quoi satisfaire son palais et son besoin d’alcool. Le russe reprit alors la parole, avouant qu’il était allé observer son Community après qu’ils aient repris contact et qu’il avait lu ses articles : « Ah oui ? » répliqua-t-il, un léger sourire étirant alors ses lèvres : « Tu les as vraiment trouvé intéressant ? » Une lueur anima alors son regard, alors qu’il se lançait dans son explication : « J’essaye de vulgariser la psychologie parce que c’est un sujet qui me passionne. » Il baissa le regard, visualisant la façon dont il percevait la psyché humaine : « L’esprit humain, vois-tu, c’est une succession logique de cause à effet. Quelque chose que tu vas vivre aujourd’hui, même si ça te semble insignifiant, peut avoir un impacte sur ta psyché dans dix ou vingt ans. Ce que je veux faire comprendre à mes élèves et plus généralement aux gens, c’est qu’on est tous de grosses machines avec des rouages et que lorsque l’une de nos pièces est abîmée, même la plus infime, cela a des répercussions sur l’ensemble du mécanisme. » Son sourire s’était accentué au fil de ses mots et Clark le perdit instantanément après avoir terminé sa phrase. Et voilà, tu fais encore ton monsieur je sais tout : « Et toi ? Comment le petit adolescent tyrannique et sportif que j’ai connu s’est-il tourné vers la comédie ? »

Son éclatant sourire scotché à ses lèvres, le Russe ricana quelque peu lorsque l'homme lui parla de la finalité du mariage. Oh, Yuri en était bien conscient de ça, que le mariage ne lui apporterait pas le bonheur mais c'était si dur de s'arracher ce genre d'idées de la tête. C'était si dur de remettre en question l'intégralité de son éducation ! Peut-être même trop dur.

《Disons … Que je me fais doucement à l'idée.》

Puis la conversation dériva sur ses passe-temps. Le plus petit avoua, quelque peu gêné, qu'il s'était tout récemment mit à l'écriture, plus pour son amusement personnel qu'autre chose. Des pages Word qu'il remplissait soir après soir, y déversant toutes ces scènes qu'il s'était imaginé au cours de la journée. Des écrits qu'il n'avait encore jamais fait lire à personne. Des écrits rédigés en cyrillique, inaccessible pour tout les américains. Un refuge, uniquement accessible au petit brun.

《J'ai … Essayé d'écrire une nouvelle uchronique. J'ai aussi fais un petit texte de SF cyberpunk. Mais, actuellement, je m'atèle à l'écriture d'un roman noir. Je trouve ça … Satisfaisant d'être de l'autre côté du prisme de la création. Tu … vois ce que je veux dire ?》

Il était gêné, Yuri, peu désireux de s'aventurer sur cette pente encore trop glissante à son goût, d'autant plus qu'il était bien meilleur acteur qu'auteur. Alors, il préféra changer de sujet, faisant de son compatriote le nouveau centre de la conversation. Une brève intervention du serveur, une bière blonde pour l'américain, un cocktail sans alcool pour le russe qui tenait à maintenir son alcoolémie basse pour ce premier rendez-vous. Finir debout sur la table, ça aurait fait mauvais genre. Une fois le serveur parti, ce fut Yuri qui relança la conversation, lui parlant de ce blog de vulgarisation scientifique que son compatriote s'évertuait à tenir. Et ses yeux ébènes s'illuminèrent, laissant transparaître la passion que l'homme nourrissait envers ce domaine qui échappait quelque peu au russe. Yuri avait du mal avec l'idée de s'infiltrer dans la psyché des autres, il avait l'impression que cela revenait à violer leurs intimité, des pensées un brin stupide. Le sourire du plus petit s'aggrandissait à mesure que le plus grand se lançait dans son explication. Il était passionné, Clark, comme happé dans son récit. Il était professoral aussi, expliquant posément le fond de sa pensée. Et Yuri se fit happé, lui aussi, victime de cette passion ô combien contagieuse.

《C'est une belle approche de la psychologie. Un peu … Triste peut être. Et ton métier consiste à réparer les rouages abîmés ?》 questionnat-il, réellement curieux. La psychologie, ça avait toujours un sujet assez nébuleux pour lui mais Clark lui avait réellement donné envie d'apprendre. C'était grâce à cela qu'il avait pu intégrer l'équipe enseignante de Columbia. L'européen fit mine d'être offensé face à la question de l'autre homme, surjouant trop pour être honnête. 《Petit adolescent ? J'étais plus grand que toi ! Étais est le mot juste.》

Le Russe eut un mouvement de recul alors que leur apportait leur boisson, un service rapide certainement dû à cette serveuse qui les avaient interrompus un plus tôt, il n'avait jamais à attendre très longtemps, Yuri. C'était un des avantages à être célèbre, un avantage qui avait parfois tendance à le gêner. Comme à son habitude, il remercia chaleureusement la personne avant de s'emparer de son verre et de jouer avec la petite ombrelle qui barbottait dans son cocktail.

《J'ai toujours aimé la comédie, pour tout te dire. Petit, je rêvais d'être réalisateur, simplement parce que je voulais tout dirigé. Et en grandissant j'ai compris que c'était de l'autre côté de l'objectif que je voulais être. Ma mère m'a inscrit à un club de théâtre, en plus de quelques autres activités périscolaires, mais c'était beaucoup moins chronophage que le sport. J'ai longtemps été passionné par le cinéma américain, ce qui assez ironique quand on y repense. En fait, je suis tout autant acteur que cinéphile. Après le lycée, j'ai pu intégrer une école de dramaturgie. Et me voilà devenu acteur ! Et même si, en arrivant ici, je n'attendais pas à être cantonné à la case "grand mechant", je ne peux qu'aimer mon métier. J'ai … même été plutôt chanceux.》

Il se faisait doucement à l’idée ? Clark nota alors mentalement que le mariage, cette institution idéalisée et souvent décevante, était un projet de vie important pour son ainé. Un accomplissement. Ecoutant d’une oreille attentive le genre d’écriture de son ainé, Clark tenta d’imaginer le genre d’histoire que cet acteur mondialement connu – et le souvenir d’un passé bien plus innocent – pouvait bien écrire. De la science-fiction, du cyberpunk ? « Un romain noir… » répéta-t-il en continuant son écoute active. A la question posée, hocha la tête : « Je vois très bien. C’est intéressant et stimulant de s’essayer à tous les pans possibles de son métier. » Il ajouta : « Bien que je ne tienne pas particulièrement à aller consulter un autre psychiatre ou à devenir tueur en série pour explorer les miens. » Léger trait d’humour qu’il tentait auprès de son ancien tortionnaire.

La discussion prit alors une autre tournure et Clark répondit avec enthousiasme aux questions de l’autre au sujet de son blog, se perdant lui-même dans la passion avec laquelle il présentait sa perception de l’esprit humain. Et il entra dans les détails, prenant ce même ton qu’il utilisait lors de ses cours magistraux à Columbia : authentique et passionné. Yuri répliqua alors, lui avouant qu’il trouvait sa vision des choses un peu triste avant de lui poser une question plus ouverte : « Je dirais plutôt que j’explique le mode d’emploi aux objets pour qu’ils puissent se réparer eux-mêmes. C’est à l’humain de soigner sa propre psyché. Les psychiatres ne sont là que pour écouter, comprendre et donner les bonnes instructions pour conduire les patients à la guérison. »

Se rendant soudainement compte qu’il devenait assommant, il orienta la discussion vers son ainé, désireux d’en savoir plus sur sa vie. Après tout, la dernière fois que tu as eu un semblant de conversation avec lui, tu lui as cassé le nez. Yuri sembla cependant légèrement heurté quand Clark l’appela « petit ». Plus amusé qu’autre chose, le psychiatre répliqua : « En attendant, tu n’as pas beaucoup grandi depuis. » légère pique en mémoire de ce que le plus âgé lui envoyait dans la tête autrefois. Le serveur profita de cet instant pour leur apporter leurs consommations. Clark but une gorgée de sa bière – qu’il trouva satisfaisante – et observa son ainé remercier plus que de raison le service du café. L’observant jouer avec la petite ombrelle trônant dans son cocktail sans alcool, il se fit attentif quand il lui répondit finalement.

Alors ainsi, enfant le Russe rêvait d’être de l’autre côté de la caméra. Plantant son regard charbonneux dans ses prunelles azurées, Clark s’y perdit quelques secondes. Justes quelques petites secondes, le temps de sentir un léger frisson lui parcourir la nuque l’espace d’un instant. « Je ne pensais pas que les arts te passionnaient autant à l’époque. Tu semblais toujours fourré avec cet Anton à jouer au football ou au Hockey et tu te moquais de moi quand tu me voyais avec un livre à la main. » répliqua-t-il avant que l’autre ne poursuive. En apprenant qu’il avait pu intégrer une école de dramaturgie à la fin du Lycée, Clark hocha la tête : impressionné : « Pour avoir vu la majorité de tes films, Yuri, je pense que tu es talentueux plutôt que chanceux. » dit-il avec un léger sourire, il but une nouvelle gorgée de sa boisson et ajouta : « Même à l’époque, tu jouais la petite brute sans cervelle alors que tu étais un passionné du septième art. » Hésitant quelques secondes, il continua : « Et… Tu faisais l’écœuré en m’accusant de te mater dans les douches alors que c’est toi qui reluquait les autres garçons. » Caressant son index gauche par automatisme, cherchant la place – jadis – de son alliance, il ajouta : « Tu étais discret mais… J’ai toujours été très observateur. »