OPATZ » SWEATER WEATHER.

La tête acquiesçait : c’était que cette situation remuait le couteau dans une plaie à peine cicatrisée. L’était-elle réellement, dans le fond ? Pas vraiment, parce qu’à l’approche des fêtes de fin d’année, elle se souvenait, Marla. De ces humiliations constantes face à la famille réunie, de ces prunelles méprisantes l’effleurant à peine et des propos alcoolisés des géniteurs, soudainement ouverts, assumant qu’ils ne l’avaient jamais désiré, le vilain petit canard. Une mâchoire serrée et des larmes refoulées, face au malaise palpable que de se sentir de trop. Haïe. À la tête d’une quête interminable d’amour, qui n’arrivait que très peu, pas assez, jamais. Jamais aimée. Alors, elle était rassurée que de savoir que ce mioche, il aurait une mère comme Opale. Attentionnée, complètement gaga et présente pour lui, tout irait bien, elle n’en doutait pas, Marla. Parce que les souvenirs de la brune s’occupant de sa carcasse brisée restaient en tête, des passages de vie qu’elle n’oublierait jamais. Elle avait été son souffle alors que le monde lui échappait, que sa vie s’éteignait à petit feu, sans personne pour rallumer la flamme de son âme esseulée. Sa présence avait toujours eu un effet thérapeutique, à en juger la manière dont elle s’était lovée contre elle, les paupières fermées. Marla, elle savourait ces instants de répit que certaines âmes parvenaient à lui offrir, parce qu’elle n’en pouvait plus, de se scalper l’esprit à coups de visions traumatisantes et de pensées dévastatrices. Opale, elle lui faisait réellement du bien. Une parenthèse au milieu du chaos dans lequel elle évoluait, la jolie. Elle, ayant trop tendance à plonger tête la première dans un fléau de malheur, se sentait l’âme cotonneuse, le cœur aérien. Les phalanges rêvassaient sur le ventre arrondi, couvrant cet enfant sur le point d’ouvrir les yeux sur un monde terrible. « Tu sais comment tu vas l’appeler ? » Qu’elle murmurait, prise d’un sommeil paisible. Consciente que ses songes n’étaient pas bousculés de simulacres lorsqu’il y avait quelqu’un à ses côtés et qu’elle se faisait violence, pour ne pas vider les cachetons salvateurs dans son gosier. Une risette s’en venait étirer ses pulpes, dans un rictus taquin. Marla, grande enfant quand elle le voulait. « C’est vrai ce mensonge ? » Qu’elle osait plaisanter puisqu’il n’y avait aucune amertume et rancœur entre elles, mais bel et bien de l’affection pure, de l’amitié brute et cela lui changeait, de voir qu’on tenait à elle. Qu’elle n’était pas juste un moyen pour arriver à ses fins ou un passe-temps, juste… Réelle, avec une valeur, pour celle qui se faisait tant la guerre, que son corps était transpercé de balles. Une silhouette criblée de plombs à n’en plus pouvoir et ses yeux se voilaient peu à peu de larmes, Marla, toujours si sensible, à fleur de peau. « Je pensais qu’on se reverrait plus jamais. » Que sa voix, bousculée par un sanglot, murmurait. Marla aux larmes faciles, un besoin d’évacuer le marasme comme un autre, là, la frimousse nichée sur l’épaule de son amie retrouvée. À jamais, que sa tête brune espérait.

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