Let's go for a fight

Il n'a pas mal, en vrai, il ne saurait dire s'il a mal ou pas, parce que la douleur, elle est diffuse et elle est là partout. Elle est toujours là, juste que cette sensation du saignement du nez est assez désagréable et pénible... Et surtout, elle fait culpabiliser la personne en face de lui, alors qu'elle n'a fait ce qu'elle avait prévu de faire. Il ne dit rien à part qu'il tente de le rassurer comme il peut, mais il n'en place pas une et il ne peut rien faire d'autre que de le suivre dans ses démarches, en sortant du ring et en s'installant sur un banc, la tête penchée en avant. Toujours à stopper le saignement comme il peut. Il retire les gants et prend la poche de glace en soupirant. "Non non, ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave... J'ai juste... Mon nez a tendance à saigner assez rapidement à cause de ma maladie.." explique-t-il sans trop réfléchir, la tête qui tourne. "Puis votre rage pour quelque chose t'as rendu aveugle, du coup tu ne t'en rendais pas compte. Je ne t'en veux pas !" dit-il en relevant la tête pour observer Emrys avec un sourire qui se veut rassurant, sans se douter qu'à cause de son nez bouché, il a une drôle de voix.

Il y a la douleur qui se diffuse dans les poings, qui fait souffrir les doigts qui ne sont plus habitués à frapper aussi fort et aussi longtemps. Et il y a la haine qui prend place dans ton cœur. Une haine tenace, vive, qui n'est dirigée que vers ta propre personne. Parce que tu viens de blesser quelqu'un sans le vouloir et que tu t'en veux terriblement, que tu n'avais pas voulu faire saigner l'homme face à toi. Alors tu t'occupes de lui, chercher à te faire pardonner alors que sa voix s'élève jusqu'à tes oreilles. Tu fronces les sourcils sans même t'en rendre compte lorsqu'il mentionne une maladie mais ne soulève pas l'information tout de suite, finissant par t'agenouiller devant lui pour essuyer délicatement le sang. J'aurais dû faire gaffe tout de même, j'suis désolé. Tu hésites quelques secondes avant de reprendre la parole. C'est quoi la maladie dont tu parles ?

Le sang n'arrête pas de couler malgré la glace, c'est complètement indépendant de sa volonté et ça le fatigue déjà d'avance. Il est de plus en plus fâché Al, contre sa maladie, mais à la surface, il essaye de minimiser les choses et pourtant, il a parlé à Emrys de sa maladie, il l'a juste mentionné en vrai. Il soupire et ferme les yeux. "Leucémie. Je n'ai que quelques semaines à quelques mois à vivre..." lâche-t-il d'un coup. "Je suis un peu énervé, pour pas dire totalement énervé par cette injustice, parce que je n'ai pas terminé de vivre moi... J'ai trop de choses à faire encore..." se confie-t-il, se laissant aller. Après tout, c'est un inconnu Emrys, qui ne le connaît pas tant que ça et qui ne pourrait pas répéter à ses proches. Le dire, cela prend une autre forme. Cela devient plus réel. Il va mourir dans pas trop longtemps et son coeur en manque un battement. C'est la vie oui, mais il n'est pas prêt à ça. À partir. Il n'est absolument pas prêt.

Nombreuses sont les personnes qui te voient comme un abruti fini, le genre de mec qui n'a pas de cœur et qui aime briser ceux des autres. Sûrement qu'une part de vérité se cache là-dedans lorsque tu observes le nombre de cœurs que tu as brisé en étant infidèle mais tu n'es pourtant pas un monstre, loin de là. Tu es le genre de personne qui s'inquiète toujours un peu trop. Une inquiétude liée au regard des autres, à leurs réactions quand ils te voient ou aux blessures que tu pourrais leur faire involontairement. Alors tu t'en veux terriblement quand tu fais saigner ton partenaire de boxe, cherchant à tout faire pour l'aider à se débarrasser de son saignement de nez. Mais le diagnostic d'une maladie bien trop importante vient alourdir ton cœur alors que tu ne sais pas réagir. Peut-être que tu devrais faire comme tout le monde est exprimé un semblant de peine ou de pitié mais tu sais que ça a tendance à énerver les gens. Alors tu restes silencieux pendant qu'il reprend la parole. Mais il y a cette culpabilité dans ton esprit, ce sentiment d'injustice grandissant alors que tu finis par laisser éclater un rire froid, nerveux. Pardon, désolé, c'pas contre toi ou de toi que je rigole. Mais je trouve que la faucheuse est une sacrée connasse quand même, tu ne penses pas ? Tu marques une pause avant de reprendre, la colère se lisant dans ton regard. Elle prend toujours la vie de ceux qui veulent vivre et laisse en vie ceux qui veulent crever, c'est tellement bâtard ça.

Un rire froid, mais il a l'air d'être si nerveux que Al plisse les yeux et observe Emrys. Il l'analyse et réalise une chose, il a cette haine depuis un long moment et il l'a bien senti dans les coups. Seulement, il réalise une chose: est-ce qu'il a une haine pour vivre ? D'être vivant ? Al penche la tête sur le côté, la glace toujours sur son nez. "Parce que tu veux mourir toi ?" une pause. "Pourquoi?" Il ne le juge pas du tout en vrai. Il est là, prêt à l'écouter et ce, dans un calme olympien...

Tu te rends compte en cet instant que beaucoup pourraient t'envier la "chance" que tu as d'être rejeté par la mort tandis que d'autres passent leur vie à la fuir. L'ironie de la situation t'amuses autant qu'elle te mets en colère. Et la question fatidique tombe, vient lancer une conversation qui sera sûrement douloureuse. Ouais. Mais la mort veut pas de moi. Apparemment, y'a plus de places en enfer. Tu ris doucement avant de réfléchir aux vraies raisons de cette volonté de mourir. Hm...Sûrement parce que j'en ai marre de souffrir ? Et que j'ai jamais demandé à vivre, moi. Et que tu n'apportes rien de bon à ce monde, aussi.

Il veut mourir. Al se pince les lèvres et le regarde, il l'écoute s'exprimer, s'énerver sur le fait que la mort ne veut pas de lui et elle continue à ne pas vouloir de lui. Alors que la mort, elle veut totalement de lui, elle essaye de l'attirer vers elle alors que... Lui, il essaye d'en échapper, de gagner quelques jours encore et encore. Il retire la glace de son nez et vérifie que ça ne saigne plus... Mais ça saigne toujours qu'il remet à nouveau la glace. "Je vois autrement pour ma part. Tu veux abandonner, parce que la vie elle t'accable beaucoup trop et rien que vivre pour toi, c'est une souffrance infinie et tu penses que la mort ce n'est rien à côté ?" Il fait une pause, pour essayer de dégager un peu le sang de son nez, avant de reprendre. "Est-ce que ce n'est pas parce que la mort juge que d'une certaine manière, tu as encore quelque chose à faire de ton vivant ? Tout comme moi, elle juge que j'en ai assez fait dans ce monde, à être trop généreux pour les gens et à tenter de trop chambouler l'ordre des choses..."

Tu détestes le fait de ne pas pouvoir avoir le contrôle sur ta propre mort, ayant toujours voulu mettre fin à ta vie alors que la Faucheuse te gardait toujours loin d'elle. Frustré au possible, tu détestes aussi le fait de faire face à quelqu'un qui veut le contraire de toi mais qui est attendu par la Mort. Mais tu écoutes sagement, silencieusement, alors qu'il semble mettre des mots sur ce que tu reflètes. Je ne pense pas que ce soit ça. Que puis-je faire encore dans cette vie alors que je ne veux pas l'être ? Ce ne serait pas plutôt injuste de me maintenir en vie quand d'autres le méritent plus ? Que, toi, tu le mérites plus que moi. Ça me frustre... Tu retiens de peu un autre ricanement alors que tu te laisses tomber pour t'asseoir. J'sais pas à quel stade t'es de ta maladie mais continue de te battre, okay ? Laisse pas cette putain de maladie te vaincre.

Emrys pense toujours qu'il ne mérite pas la vie. Al lâche un petit soupir, tout simple et semble comprendre qu'il a aucune volonté de vivre. Il le regarde s'asseoir et il fait un petit sourire. "Ah ça non, je ne vais pas laisser cette maladie me tuer, crois-moi là-dessus. Je vais m'en sortir parce que je veux vivre et très honnêtement..." une pause. "Je suis très effrayé par la mort." Oui, il est très effrayé de ne plus rien ressentir, de ne plus pouvoir se sentir sourire, de ne plus pouvoir rien faire en soit. Al détourne le regard et observe devant lui, tout en retirant la glace de son nez. Le saignement s'est enfin arrêté. "Tu me rappelles quelqu'un que j'ai rencontré au Canada. Une personne qui n'attend plus rien de la vie et qui veut juste mourir. Parce que pour elle, la vie n'a plus rien à lui offrir, elle veut juste partir et ne plus ressentir quoi ce que ce soit. On a tous tenté de le remotiver, de lui montrer les bons côtés de la vie. Mais rien à faire. Quand la mort est enfin venue à lui. Tu sais quels ont été ses derniers mots ? " Il tourne son regard vers Emrys et il fait un léger sourire triste. " Ah... J'étais trop focalisé à l'idée de vouloir mourir, que j'ai oublié que j'ai un regret, un rêve, une envie de faire avant de mourir et bien sûr que c'était trop tard pour lui... Il est tellement focalisé sur les mauvais côtés de la vie, qu'il ne veut plus rien voir de ça. Qu'il pense juste à vouloir mourir. La leçon dans ce que je te raconte Emrys, c'est qu'il te faut écouter dans le fond, et ça, ce n'est pas facile. Vraiment. Écoute toi, en dehors du fait que tu veuilles mourir. Qu'est-ce que tu veux vraiment, qu'est-ce que tu veux faire ? En dehors de la mort." il insiste là-dessus en tout cas.

Tu n'as jamais été de ceux convaincus que la vie est belle et qu'elle mérite d'être vécue, ayant souffert dès ta naissance qui s'était retrouvée non désirée par un paternel qui se montrait violent avec toi et la femme de ta vie, celle qui t'avait élevé à bout de bras pour faire de toi l'homme que tu étais devenu. Sûrement qu'elle serait déçue si elle découvrait que tu fuyais cette vie qu'elle avait formé pendant neuf longs mois. Mais tu mets de côté ta propre existence, te concentrant sur celle abîmée par une maladie bien trop dangereuse qui touchait l'homme face à toi. T'es effrayé par la mort ou par l'idée que tu ne fais pas ce que tu vas y trouver si elle venait à t'emporter ? Personnellement, je sais que dans tous les cas, s'il vient à y avoir quelques choses, ce sera sûrement les enfers... Tu ris doucement avant de reprendre ton sérieux, écoutant l'histoire qu'il te conte en fronçant les sourcils. Tu vois où il veut en venir, le comprend, mais tu refuses d'accepter l'idée que tu dois rester en vie alors tu te concentres plutôt sur l'homme dont il parle. Qu'est-ce qu'il voulait faire avant de mourir ? C'était quoi son rêve, à lui ? Tu penches la tête sur le côté, l'observant avant de sourire quand tu te rends compte qu'il ne saigne. T'as arrêté de saigner... Alors tu te relèves, l'aidant à faire de même. Tu veux boire quelque chose ? De l'eau ?