Does this love weigh too much? (ft. Diego)

Comme chaque dimanche, le grand brun ne mettait pas de réveil, préférant laisser l'occasion à son corps de se reposer au maximum plutôt que de s'imposer le même rythme que durant la semaine et de tirer d'avantage sur la corde. Sans compter toutes ces nuits où tu dors bien trop mal pour être un minimum reposé. Les insomnies et terreurs nocturnes étaient toujours monnaie courante de son quotidien, mais cette nuit il avait relativement bien dormi, et la raison était toute simple : Diego. Après avoir passé la soirée ensemble, son amant était resté, endormi tout contre lui, et c'est de la même manière qu'il le trouvait en ouvrant les yeux ce matin-là. Quoi que le jeune avait bougé au cours de la nuit, se retrouvant à moitié affalé sur lui, son bras accroché à sa taille, une jambe par dessus les siennes. Ç'avait été étrange, les première fois, mais Greg s'y était fait, un fin sourire étirant même ses lèvres alors qu'il percevait sa respiration tranquille. Sans doute que cet instant précis faisait partie de ceux où il se sentait le plus apaisé, où rien d'autre n'avait d'importance en dehors de la présence de son cadet dans ses bras. Un petit moment hors du temps où les inquiétudes n'étaient pas de la partie, moment qui pourrait bien durer une éternité qu'il n'en serait pas dérangé le moins du monde.

Et pourtant y a quelque chose, tout au fond, dont tu as besoin de parler avec lui, pas vrai Kent ? Vrai. Un sujet qu'il n'avait pas envie d'aborder mais avait-il bien le choix ? Après avoir conversé par sms avec Amelia, il avait bien repris conscience du jeu dangereux auquel il jouait à entretenir une telle relation avec le plus petit. Bien sûr qu'il en avait eu conscience dès l'instant où il lui avait rouvert la porte, dès la seconde même où il lui avait dit qu'ils pourraient être de simples sex friends : il se brûlerait les ailes. Pas un problème en soi, non. Le vrai problème résidait dans le fait qu'il entraînerait celui qu'il aimait dans sa chut, et les mots de Lia restaient bien clair dans son esprit. Ne pas lui faire de mal, il était heureux mais pourrait souffrir de cette situation. Et le point central était là : Diego était-il heureux ? Cette situation lui convenait-il réellement ou se contentait-il d'accepter si peu simplement pour ne pas le perdre ? Les questions tournaient en boucle dans le crâne du tatoué depuis plus d'une semaine déjà, et bien qu'il se soit borné à repousser l'échéance, il avait besoin de savoir. Besoin de savoir que t'es pas entrain de le tuer avec ton égoïsme. Parce-que quitte à choisir, il préférerait y passer lui plutôt que d'imposer une situation aussi bancale à son amant.

Après quelques minutes à simplement écouter sa respiration, profitant de la chaleur de son corps, il montait doucement sa main le long du dos de Diego, la glissant dans ses cheveux pour les caresser et le réveiller en douceur. Peu avant, il avait jeté un coup d’œil à son téléphone, ce dernier lui indiquant qu'il était un peu plus de neuf heures. Pas encore trop tard, mais il avait bien envie de profiter d'une matinée avec son cadet. Les doigts jouant doucement avec ses boucles, il souriait en croisant enfin son regard encore endormi. « Bonjour » soufflait-il, presque à voix basse, lui laissant le temps d'émerger. Quelques secondes avant qu'il ne vienne prendre ses lèvres, refermant ses bras autour de lui de manière presque inconsciente. T'as peur qu'il file ? Comme tu le fais souvent ? Probablement. Mais ce matin Gregoire ne filerait pas, et il espérait que son amant ne file pas non plus. « Motivé à venir courir avec moi ? » demanda-t-il alors, petite lueur amusée dans son regard en voyant l'air encore endormi du concerné. « Ou au moins une petite balade pour promener Phoenix. Et on pourrait s'arrêter dans un café pour prendre un brunch, si ça te dit. » Pas très ''plan cul'' ça, Greg. Qu'importait, rien ne les obligeait à se traiter comme des inconnus pas vrai ?

Bien qu'il avait été tiré des bras de Morphée avec une douceur certaine, Diego gardait cette tête d'endormi, cheveux en bataille et paupières encore partiellement closes. Beaucoup trop attendrissant pour le grand brun qui n'était pas encore décidé à le lâcher, souriant lorsqu'il affirmait qu'il aimait se réveiller à ses côtés. « Sur moi tu veux dire ? » répondait-il, plus amusé qu'ennuyé. Toi aussi tu l'aimes, cette proximité. Bien trop d'ailleurs. Mais mieux vaut ne pas laisser filer l'info pas vrai ? Ça se sent dans tes gestes et ton regard, de toute façon. Sans plus attendre et pour lui montrer qu'il aimerait bien qu'il ne reparte pas tout de suite, le tatoué avait proposé qu'ils aillent courir ensemble. Pas vraiment motivé, Parra, mais il trouvait une alternative possible qui semblait lui convenir d'avantage. « Parfait » rétorquait-il, se retrouvant pris de frissons alors que son amant s'attaquait à son cou. Ce n'était clairement pas comme ça qu'il arriverait à se lever, ses doigts reglissés dans les boucles du concerné alors que son autre main caressait son dos. Une étreinte qui fut trop courte à son goût, la fraîcheur du matin remplaçant rapidement la chaleur de son corps.

Un soupir filait de ses lèvres alors qu'il passait une main sur son visage dans l'espoir de se réveiller un peu mieux. Laissant retomber sa main, il souriait aux mots du jeune, amusé de voir qu'il revenait pour lui embrasser la tête. A croire que lui aussi a du mal à décrocher mais ça tu le sais déjà puisqu'il t'a clairement fait part de ses sentiments. Contrairement à toi. La pique du plus petit lui tira cependant un rire alors qu'il se redressait. « Je serais déjà debout si tu ne me cherchais pas, Diego. » Et malgré son petit sourire, il était sérieux. Le jeune devait parfaitement avoir conscience du pouvoir qu'il avait sur lui. Le pire étant que même s'il en jouait de manière volontaire, tu serais incapable de lui en vouloir, au contraire. Il finissait par se lever à son tour, s'étirant en grimaçant avant de filer à la salle de bain. Un peu d'eau sur le visage pour achever son réveil et il bloquait, avisant son reflet dans le miroir. Ce suçon dans son cou... Secouant la tête, un petit sourire aux lèvres, il ressortait de la pièce sans faire la moindre remarque. La plupart du temps il râlait juste pour la forme, trouvant toujours le moyen de couvrir ces marques lorsqu'il se rendait au boulot. Enfilant un jean noir et un tee-shirt bordeaux, il rejoignait le plus petit, Phoenix visiblement bien conscient de la petite sortie qui se préparait.

Une main lissée dans le pelage de son compagnon à quatre pattes, il adressait un « prêt ? » à son amant. L'aval obtenu, le grand enfilait sa veste en cuir et tous trois quittaient l'appartement, le canidé déjà occupé à renifler tous les coins qu'il pouvait trouver comme si c'était la première fois. Il ne tirait pas trop cependant, sachant très bien que lorsqu'il était attaché, il n'était pas question de trimballer son humain dans toute la ville. « On peut aller jusqu'au parc pas trop loin et après on avisera ? » suggérait-il en adressant un sourire à Diego qui marchait tranquillement à ses côtés. Ça a tout l'air d'une sortie de couple parfaitement normale ça nan ? Ça en avait l'air oui, mais ça ne l'était pas. Pour autant, le lieutenant appréciait ces moments passés avec lui, bien plus qu'il ne le devait sans doute. Profiter avant de se retrouver au café et d'engager ce sujet qui le tourmentait depuis qu'il avait été abordé avec Amelia. Ça passerait ou ça casserait, sans doute.

Le chercher était sa passion dans la vie, qu'il disait. Gregoire l'avait remarqué oui, sans doute n'en seraient-ils pas là si le jeune n'avait pas insisté de la sorte, s'il n'avait pas dépassé les limites pour le faire tout bonnement craquer. Ou peut-être que t'es juste tellement faible face à lui. Certainement, mais il était bien trop tentant de céder à cette faiblesse, de se laisser porter par ce que faisait naître le plus petit en lui, par ces sentiments qui pulsaient dans ses veines, aussi vitaux que son propre sang. Le rejoignant à la porte alors qu'il attendait auprès de Phoenix, il ne manquait pas de remarquer le pull que portait son amant, lui adressant un sourire à ses mots. « Pas de souci. » Ce n'était de toute façon pas comme s'il manquait de vêtements. Le plus jeune affirmant qu'il lui rendrait lavé, il répétait qu'il n'avait pas besoin de s'inquiéter pour cela, se retrouvant même un brin attendri de le voir dans son vêtement. Ça l'aurait réellement été si vous étiez vraiment ensemble, Greg, mais c'est pas le cas. Là c'est juste bizarre. Juste trop. Et pourtant. Pourtant une part de lui ne pouvait s'empêcher d'apprécier ces petits détails, d'en avoir besoin.

Se mettant en route vers le parc, il observait du coin de l’œil son amant prendre une cigarette, laissant filer un bref soupir. T'en auras sans doute besoin toi aussi quand tu en viendras à mettre des mots sur ce qui te travaille depuis quelques jours. Probablement, et il détestait ressentir à nouveau ce besoin par dessus lequel il était pourtant persuadé d'être passé pour de bon. Des années sans y avoir touché et il n'avait suffit que d'une fois, d'un stress trop grand, pour replonger. Il avait suffit qu'il revienne dans le tableau et bouscule toutes les barrières dressées autour de ta personne. Vrai, mais le tatoué se refuser de mettre cette faute sur les épaules de Diego. C'était son problème à lui, sa propre merde, personne d'autre n'en n'était responsable. Proposant une suite possible à son amant, ce dernier acceptait avant de venir doucement attraper sa main. Un contact auquel il ne s'attendait pas, quelque chose de bien trop intime, de bien moins détaché que ce que le lieutenant voulait être. Instinctivement il avait porté ses prunelles ambrées sur lui, son palpitant bloquant un instant avant qu'il ne réponde brièvement à son sourire, bien incapable de relâcher cette main. Il était toujours étrange, ce contraste qui l'animait à chaque fois qu'il était là, des sentiments bien trop opposés, aussi apaisants que déroutants.

Arrivés à destination, Greg rompait à regret le contact afin de libérer son compagnon à quatre pattes de sa laisse, lui donnant l'autorisation d'aller fouiner vers les arbres et de faire sa petite vie. Il garderait un œil sur lui, mais Phoenix était suffisamment bien éduqué pour ne pas s'éloigner trop de son maître. Continuant d'avancer lentement, il arquait un sourcil aux paroles du plus petit, souriant malgré la dose de tristesse que pouvait représenter ses derniers mots. Il peut se contenter de peu, ça te cible directement ça nan ? À quel point c'est difficile à encaisser Kent ? Regardant à nouveau devant lui pour que le concerné ne voit pas la culpabilité qui pesait dans ses prunelles, il soufflait d'un air amusé au coup d'épaule, bloquant à nouveau en sentant son bras glisser dans son dos, sa tête calée contre lui. « C'est plutôt positif » répondait-il avant de se remontrer attentif aux propos de son cadet, des frissons parcourant sa colonne vertébrale alors que ses doigts s'y baladaient. S'il avait souri en l'entendant dire qu'il était rabat-joie, ne pouvant clairement pas nier ce fait, son sourire mourut à la suite. Tu fais genre. Diego savait-il seulement à quel point il était dans le vrai ?

Déglutissant, il s'arrêtait pour de bon, se tournant vers son amant pour déposer ses mains de par et d'autre de son visage, captant ainsi son regard. Il s'y perdit un instant, dans ces prunelles. « Le problème des loups, Diego, c'est qu'ils peuvent être dangereux et causer beaucoup de tort... c'est précisément ce que j'aimerais éviter. » Rester solitaire pour ne blesser personne, personne d'autre que lui-même. Pour ne surtout pas le blesser lui. Trop tard. Suite à ses mots, Gregoire avait déposé ses lèvres sur celles du plus jeune, caressant doucement sa joue du pouce avant de se reculer et de se remettre à marcher. « On peut s'installer au café de l'autre côté du parc, ça fera une promenade suffisante pour Phoenix » annonçait-il en passant une main distraite dans ses cheveux. T'as l'air trop nerveux, d'un coup, trop distant. Prends sur toi, Kent, au moins jusqu'à ce que vous soyez posés et qu'il puisse comprendre pourquoi tu te tortures à ce point. S'assurant alors que le concerné suivait, il attendait quelques secondes qu'il arrive à sa hauteur pour reprendre prudemment sa main sans mot dire, la serrant doucement tout en prenant la direction dudit café.

Il l'avait bien perçu, le trouble de son amant suite à ses mots. Même son rapide baiser n'avait en rien ôté l'inquiétude dans son regard, même son petit sourire avait été bancal lorsqu'il avait pris sa main. Sympa de ta part de l'inquiéter comme ça. Et après t'oses te demander s'il est heureux, Kent ? Tu vas juste tout foutre en l'air. Serrant un peu plus fort sa main, il avait inspiré, le silence étant de mise jusqu'à ce qu'ils arrivent au café dont il parlait. Phoenix revenu à la laisse, son maître arborait une expression indéchiffrable, mélange de contrariété, de doute, d'inquiétude. De culpabilité peut-être un peu, aussi. Tout aurait sans doute été bien plus simple s'il n'avait pas fini par lui céder, s'il avait été réellement capable de le repousser pour le protéger. Rejeter constamment le monde entier pour éviter de blesser qui que ce soit. Sauf que t'en es incapable quand il s'agit de lui. C'est comme si d'un simple regard il faisait tomber toutes tes barrières. Il était en effet trop tard pour faire marche arrière, tant pour le plus petit que pour lui-même, aussi égoïste que cela soit. Mais il pouvait au moins s'assurer du point de vue du concerné, de la manière dont il vivait et ressentait la situation. Si Diego était malheureux, il n'aurait d'autre choix que de mettre ses propres besoins de côté pour tout arrêter et ainsi le protéger.

À peine quelques minutes avant qu'ils n'arrivent à l'établissement indiqué, s'installant à une table en terrasse, le canidé se couchant à côté de la chaise de son maître après que la laisse fut attachée à cette dernière. Laissant filer sa main dans le pelage de son compagnon à quatre pattes, il captait du coin de l’œil que son cadet sortait son paquet de cigarettes. Ça te contrarie à chaque fois que tu le vois faire. Encore plus quand tu te rends compte que tu te laisserais bien aller à une clope, toi aussi. La question de son amant le tirait de ses réflexions, le poussant à poser sur lui ses prunelles soucieuses. Sans doute le moment était-il bien choisi pour lui dire que non, ça n'allait pas, qu'il se torturait depuis des jours à l'idée de rendre celui qu'il aimait bien trop malheureux. Au lieu de cela il répondait un simple « et toi ? », son regard, sérieux, planté dans le sien. Parce-que c'était bien là le cœur de ses préoccupations : savoir comment il se sentait. Le reste n'avait pas d'importance, ou du moins était-elle relativement minime. Un serveur arrivant, il demandait deux formules pour le brunch ainsi qu'un café pour lui.

À nouveau seuls, Kent inspirait, tendant une main vers son vis-à-vis pour la poser sur son poignet, le caressant doucement du pouce. « Désolé. Je me pose simplement trop de questions, comme d'habitude » disait-il en lui adressant un sourire porteur de ses excuses. Ce sera pas suffisant, Kent. Pose lui cette question avant qu'il se fasse trop de films et se torture lui aussi. Relâchant sa main pour se caler un peu mieux contre le dossier de sa chaise, il déglutissait, prenant quelques secondes avant de se lancer. « Diego... est-ce que tu es heureux ? Je veux dire... ce qu'on a, là, comment tu le vis ? » ''Ce qu'ils avaient'', lui-même était conscient du côté bien trop bancal de ses mots. Qu'avaient-ils exactement ? Trop compliqué à définir, trop risqué, aussi, parce-qu'il s'aventurait trop sur ce terrain là, il ne pourrait pas garder bien longtemps ses sentiments, pas sans risquer de le perdre.

La discussion que le plus grand s'apprêtait à lancer pourrait être bien trop décisive pour qu'il l'aborde avec sérénité, l'ambiance étant devenue nettement plus tendue dès l'instant où ils s'étaient installés à cette table. Pas le but initial, mais il n'en pouvait plus de se torturer l'esprit tout seul à l'idée de rendre l'homme qu'il aimait malheureux. Et si c'est le cas, tu feras quoi ? Il arrêterait tout. Parce-qu'il préférait lui laisser la chance d'être heureux plutôt que de laisser peser sur ses épaules ses propres angoisses et ainsi le priver de ce bonheur. Sans doute était-ce aussi cela, l'amour, accepter que la personne qui comptait le plus pourrait être bien plus heureuse loin de soi. Optique qui le rendait cependant malade, mais il se faisait violence, Gregoire, pour prendre un peu de distance, ne pas se montrer trop intrusif, relâcher son poignet pour lui laisser son libre-arbitre sans influencer la réponse. Voyant son cadet fermer les yeux suite à sa question, il déglutit, son palpitant s'emballant bien trop. Peut-être était-ce de trop ? Sans doute allait-il lui dire que non, il n'était pas heureux, qu'il souffrait de cette situation.

Il n'était pas dupe, Diego, faisant rapidement le lien avec Amelia, ne crispant que d'avantage le tatoué qui hochait la tête, confirmant la question d'un « elle m'a parlé » honnête. Inutile de lui mentir, autant jouer cartes sur table en espérant que son cadet en fasse de même. Tu te fous du peuple, Kent. Lequel de vous deux omet le plus la vérité ? Lequel de vous deux a instauré cette relation vacillante ? Lui-même. Sa mâchoire se crispant inconsciemment à l'instar de ses poings, son cœur ne se fit que plus lourd lorsque Diego reprit la parole, affirmant qu'il avait traversé des moments difficiles. Ses fiançailles, son enlèvement, le décès de son grand-père, la perte de ses parents. Tu crois pas que tu pourrais juste mettre tes peurs de côté et lui dire ce que tu ressens vraiment plutôt que de le laisser croire que t'en as rien à foutre ? Elle ne faisait que devenir plus lourde, la culpabilité. Et pourtant il[i] affirmait être heureux avec ce qu'ils avaient, avouant que sans lui il aurait pu bien trop mal tourner. Déglutissant, le tatoué hochant la tête, serrant doucement la main que son amant venait de poser sur la sienne.

''J'accepte que ce ne soit pas réciproque''. [i]A quel moment tu vas lui dire que ça l'est ? Admets une bonne fois pour toute que t'es juste trop con et que t'as peur, parce-qu'à trop traîner, tu vas le perdre pour de bon, et ce sera trop tard. « Diego... » murmurait-il en secouant la tête, la suite potentielle de ses mots mourant dans sa gorge, bloqués par cette angoisse d'exprimer ses peurs à voix haute, ses sentiments aussi, comme si le simple fait de les dire l'arracherait à lui. Ses prunelles ambrées bloquant sur son sourire, il les replantait dans son regard à la question posée. Un « non » filant sans doute un peu trop rapidement, à peine Diego eut-il terminé sa phrase. « Tu ne me rends pas malheureux. » Au contraire, tu te rends malheureux toi-même. Doucement, il levait une main pour la déposer sur la joue de son amant, la caressant doucement du pouce en lui souriant. « Je ne veux pas tout arrêter, mais si un jour tu le deviens, tu me le diras... d'accord ? » Parce-que son bonheur valait bien plus que tout le reste et qu'il était hors de question de le blesser voire de le perdre sans se battre. Sauf que pour cela, le tatoué ne pourrait garder indéfiniment ses sentiments pour lui.

Le serveur arrivant avec leur repas, Gregoire laissait retomber sa main, remerciant l'homme avant d'inspirer. « Tu mérites tellement plus que tout ce par quoi tu es passé » disait-il, un regard désolé planté sur lui. Il mérite aussi plus venant de toi, mais t'es visiblement pas prêt. Le temps passe, Kent, et t'as bien trop perdu pour savoir que la vie peut s'arrêter d'une seconde à l'autre.