La grande pomme ne dort jamais. Alors que tous pensaient que le calme reviendrait sur la ville et que les gens se préparent au festival à venir, c'est une série vols qui font progressivement la une des journaux locaux. Nul n'a encore réussi a appréhender les auteurs de ces délits ou définir leurs cibles de prédilection. Faites bien attention à vous.
lundi 24 juin, 21h47 ─ Ton smartphone explosé qui vibre sur le matelas, à côté de toi. Son nom qui s'affiche sur l'écran, notification d'un nouveau message reçu. Un mot, un ordre, rien de plus. Viens. Tu sais ce que ça veut dire, et tu n'as pas envie ce soir. T'es fatiguée à cause de ton nouveau boulot et des affaires du gang. Épuisée. Tu comptais te reposer un peu ce soir, là, sur ton matelas miteux du squatte dans lequel tu vis. Pauvre vie. Il s'agace, menace de s'énerver, et tu sais que quoi qu'il arrive ça te retombera dessus. Il n'est pas doux Renzo, et c'est pas le genre de gars qu'il faut contrarier. Tu soupires, te lèves, enfiles rapidement une tenue plus décente ; jupe noire, t-shirt noir, tenue signature. Pas discrets dans les rues de la ville agitée. Ombre féline qui s'avance jusqu'à l'hôtel qu'elle ne connaît que trop bien maintenant. Même pas besoin de passer à la réception, ils ont toujours la même chambre. L'ascenseur ne met pas longtemps à monter les cinq étages. Onze pas, puis elle pénètre en enfer. Petite chambre qu'elle connaît par cœur. Il est là, en apparence d'un calme olympien alors qu'elle sait qu'il bouillonne en intérieur. Je suis là. Presque un murmure.
Ils disent que c'est drôle comme un toboggan au paradis Mais un toboggan au paradis, c'est la descente aux enfers w/ @LENNOX PARKER ~~~~
Lundi 24 juin 2019 — Nouvelle psychose, nouvelle torture mentale. Tes mains qui encerclent ton crâne dans une veine tentative de mettre fin au flux de tes pensées, tu réprimes un énième rugissement, témoin de ta vulnérabilité. T'as horreur d'être soumis aux angoisses, aux névroses, à quoi que ce soit que tu ne contrôles pas. Animal enragé, tu t'enfermes derrière la porte d'une chambre d'hôtel que t'as trop souvent l'habitude de saccager, actes pardonnés dans l'alignement de quelques billets. Mais qu'est-ce qu'elle fout ? T'es à deux doigts d'exploser ton téléphone contre ce papier peint dégueulasse, d'attraper chaque putain de meuble pour le balancer à travers la fenêtre. T'es à moitié fou Renzo et le seul truc qui pourrait te calmer, sont ses turquoises sur ton visage hâlé. La porte finit par s'ouvrir, te dévoilant ce visage que t'avais désespérément imaginé dans ton esprit en attendant son arrivée. « Putain, t'en as mit du temps. » que tu grognes de mauvaise fois, tes pas qui s'empressent de réduire la distance qui vous sépare. Tu laisses ta main se loger dans ses cheveux pour dégager les quelques mèches qui te privaient de ses traits, avant de poser ton front contre ta tempe et t'enivrer de son parfum, les yeux clos, les doits tremblants, de rage, de frustration, de désolation.
Tu te retrouves face à lui. Homme à la carrure imposante face à la tienne plus chétive. Démon de ta vie, le premier, toujours présent après trois longues années. Voleur et destructeur de ton innocence. J'ai une vie en dehors de toi j'te signale. Vie catastrophique dont il ne sait pas grand chose. Vie que tu mets en suspend à chacun de ses messages, à chaque fois que tu dois venir le voir. Tu ne sais pas trop pourquoi tu continues d'accourir, de vouloir le soulager du mal qui le ronge. Au fond, t'es peut-être devenue accro. Ridicule. Il s'approche, passe une main dans tes cheveux. Corps contre corps dans un silence presque libérateur. Tu prends délicatement l'une de ses mains tremblantes dans la tienne, la porte à tes lèvres et y dépose un doux baiser. Je suis là maintenant. T'es prête à l'aider, à faire tout ce qu'il faut. Ta main qui lâche la sienne, ton corps qui pivote légèrement, tes bras qui viennent se poser sur ses épaules carrées. Tu poses ton front contre le sien.
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Lundi 24 juin 2019 — Ta mâchoire qui se crispe lorsqu'elle te rappelle que tu n'es pas le centre de son monde. D'ailleurs, qui es-tu réellement pour elle ? L'incarnation du mal, de la tentation. Le monstre sous son lit, l'ombre qui dans la rue la suit. T'es certainement la honte qu'elle peine à admettre, tout comme elle est la tienne. « J'parie qu'elle est à chier ta vie. » que tu grognes, comme dans un besoin d'asseoir ta légitimité dans ses pensées. Car au final, elle revient toujours. T'as qu'à appeler pour que sa silhouette s'offre à ton regard de fauve, sans la moindre résistance, l'abris dans cette chambre d'hôtel. Le contact de ses lèvres sur ta main parvient à dévoiler tes canines dans un semblant de sourire. Intense satisfaction de l'avoir pour toi. Oui, elle est là. Son front contre le tien, tu t'essayes à lui voler un baiser et laisses vos charnues se narguer, partagées entre la hâte et la crainte de se retrouver. Le rythme de ton palpitant s'accélère différemment, oublie peu à peu la haine qui t'habitait soudainement ensorcelé par la présence de la brune. « Pourquoi tu reviens toujours ? » tu glisses contre sa joue. Tu veux qu'elle te flatte, te rassure. Tes doigts viennent se loger sur sa taille pour presser son corps contre le tien, la forcer à reculer jusqu'à ce que son dos rencontre rudement le mur derrière elle. Piégée entre quatre murs, sous l'exigence de ton regard, de ton besoin d'elle.
J'parie qu'elle est à chier ta vie. Tu ne réponds rien. S'il savait à quel point il a raison, Renzo, à quel point ta vie est merdique. T'as perdu tout ce que t'avais d'important, tu n'as plus d'ambition, plus de rêves. Tu n'es plus qu'une coquille vide qui accourt dès qu'il te le demande. Pourquoi reviens-tu vers lui encore et encore ? Question légitime à laquelle tu ne peux pas apporter de réponse. J'en sais rien tu murmures. Vérité, tu ne sais réellement pas, tu ne comprends pas toi-même pourquoi tu ne peux pas lui dire non et l'envoyer balader. Peut-être qu'au fond t'as besoin de lui pour te sentir vivante. Ton palpitant qui s'accélère à chaque fois que tu le retrouve et qu'il malmène ton corps. Adrénaline dont tu ne peux plus te passer. Vos lèvres qui se cherchent, qui se narguent tandis qu'il te plaque brusquement contre l'un des quatre murs de la chambre. T'es bloquée contre lui, impossible de t'échapper. De toute façon tu ne le ferais pas. Peut-être que je suis juste un peu maso et que j'aime bien que tu me tourmentes. tu lui glisses à l'oreille avant de plonger ses opales dans les siennes. Mains féminines baladeuses qui passent sous le t-shirt de l'homme, qui se frayent un chemin sur les muscles saillants.
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Lundi 24 juin 2019 — Qu'est-ce qu'elle fait là Lennox ? Rares sont les personnes à s'attarder près de toi Renzo. T'es comme un putain de trou noir, même la lumière ne résiste pas à ta force gravitationnelle, celle de la brune happée, réduite au néant dès l'instant où elle reçoit tes messages, avant même de pénétrer dans l'antre que vous vous êtes réservé. Dans le fond, t'as conscience de ce que tu lui infliges, de l'influence néfaste que t'as sur sa misérable existence, d'où les billets déjà soigneusement préparés à l'avance dans la poche de ta veste. Et toi, t'as envie de savoir pourquoi. Pourquoi elle est là ? Pourquoi elle revient ? Pourquoi elle ne fuit pas. Son corps prisonnier du tien, tu exiges une réponse de sa part, quelle qu'elle soit. Un mensonge ou une vérité, peu importe. Ses lèvres qui se fraient un chemin jusqu'à ton oreille pour y glisser ces quelques paroles t'arrachent un frisson de satisfaction. « T'es complètement folle. » que tu grognes, néanmoins exalté par sa révélation et ses doigts qui s'amusent à redessiner tes muscles sous le vêtement. Ta main vient alors se nicher dans sa chevelure pour en attraper quelques mèches et la forcer à t'offrir son cou, et le grain de cette peau dont tu te languis depuis déjà trop longtemps. Tu y enfouis ton visage et l'embrasses dans ménagement, laissant par ci par là quelques marques ponctuelles du passage de tes canines. Son corps frêle entre tes mains, tu te fais violence pour ne pas la briser en deux tant elle t'anime. Réconfort que tu trouves dans son parfum, sa présence, sa docilité face à tes frasques, c'est à croire que la gamine fait office de thérapie.
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