Un designer français, un concept danois et une cliente américaine entrent dans un bar... [Lisbeth]

Un trou de vair dans son univers. Son loft était vide et inintéressant, il n’avait pas de charisme, de charme, d’amour à donner. Lisbeth ne s’y sentait pas bien mais tenait profondément à ses murs qu’elle avait mis longtemps à acquérir, le choix de son lieu de vie était important car elle aimait se sentir envelopper. Alors elle avait décidé de contacter un designer d’intérieur, étalant son projet danois et scandinave à l’homme dans la petite case de ce site internet et la voilà qui envoie un message à un inconnu. Etrangement, elle était mal à l’aise à l’idée qu’un inconnu pénètre son espace vital mais c’était nécessaire à un changement de vie. Lisbeth avait malgré tout décidé de ranger un peu son appartement, pas par souci du regard de l’autre mais pour que ce Duncan puisse visualiser le loft dans ses meilleurs conditions.

Le petit déjeuner pris, Lisbeth se débarbouillait pour donner l’impression qu’elle était cohérente dans ses demandes mais pour dire vrai, elle était perdue et comptait sur ce designer pour l’aider à trouver un cocon habitable qui pourrait lui donner profondément envie de s’enfermer à longueur de journée. Et voilà que la sonette retentit et ça résonne si fort que l’extérieur doit en être informé. Le loft est vide, forcément que ça fait écho. Elle se dirige alors vers l’entrée pour ouvrir et voir un jeune homme artiste, cheveux chatains, un peu gauche. « Bonjour ! » Beth tente un sourire et l’invite à entrer en se décalant sur le côté. Est-ce que l’endroit va l’inspirer ? Lui plaire ? Il a l’air de s’y connaitre, était-ce un endroit intéressant pour lui ? « Je vous en prie, faites comme chez vous… puisque vous allez tout redesigner. » Et sa chevelure se penche sur le côté en même temps que sa tête. « Un café ? » En désignant la cafetière à grain du doigt.

Lisbeth se baladait avec ses chaussons vers le frigidaire pour en sortir une bouteille d’eau filtrée. Elle servit alors un grand verre qu’elle amenait à son designer et elle hochait la tête pour approuver sa demande. Une fois fait, elle l’observait se diriger dans le loft immense qu’elle possédait désormais. Elle l’avait acheté grâce à l’argent qu’elle avait pu mettre de côté et… l’aide financière parentale. Elle était propriétaire mais elle espérait bien rembourser ses parents un jour ou l’autre de tout ce qu’ils faisaient pour elle. Elle était peut-être la plus réservée mais elle faisait partie des sages, Lisbeth, celle au tempérament de l’eau qui dort au fond de son lit. Elle en profitait pour se faire couler un thé vert et le boire tout doucement, évitant la brûlure. La jeune femme venait ensuite s’appuyer contre un mur quand Duncan parlait de sa façon de voir les choses puis des questions qu’il lui posait. Elle ouvrait un peu les yeux, elle qui était loin d’être bavarde allait devoir étaler son cœur pour donner âme qui vive à ce loft qu’elle chérissait tant. « Je… Euh… » Elle baissait la tête et regardait ses pieds, sans trop oser regarder l’homme en face d’elle. « J’ai vraiment besoin d’être à l’aise, réconforté, quand je rentre chez moi… Je veux que ça soit chaleureux. » Elle imaginait bien Lee et Nox lui rendre visite, se moquer de sa décoration et Lisbeth se mettrait à rire avec eux. Elle ne pouvait pas parler de sa passion pour la danse classique, personne n’était au courant, à part cet inconnu qu’elle avait croisé dans la rue alors cet aspect-là était out. Elle pinçait ses lèvres et jouait avec les manches de son pull. « Je.. j’suis pas des plus bavardes, vous savez. » Elle haussait les épaules pour s’excuser de ce comportement là, celui qui empêchait peut-être sa créativité, son imagination qui avait l’air débordante. « Mais j’veux juste que ça soit paisible. » Et elle buvait une nouvelle gorgée de son thé. Lisbeth, c’était un livre ouvert des émotions, elle en savait pas les cacher, alors il verrait bien de ses propres yeux quel genre de petite femme elle était.

Mince. Il avait du charme, cet homme. Il paraissait grand et sûr de lui. Ou était-ce une impression ? Lisbeth avait la drôle de sensation d’avoir un être familier dans son domicile et ça ne la dérangeait pas. Elle s’assoit sur un ilot central plutôt moche et elle croise ses jambes en les balançant légèrement d’avant en arrière  et écoutant les indications du designer qui se balade dans la grande pièce à vivre en y imposant son style. Il bougeait les bras pour justifier certains propos et Lisbeth les suivait du regard en entrouvrant légèrement les lèvres, le regard et le sourire sincère quand elle imaginait son futur chez soi. Elle sautait sur ses deux pieds en suivant Duncan, juste derrière, et elle souhaitait être le plus attentive possible. C’était un nouveau monde qui s’offrait à elle, alors pourquoi pas. Elle se perdait dans le fil de son laïus un temps, elle se plaisait à penser qu’il reviendrait chez elle pour continuer son chef d’œuvre et elle secouait la tête, chassant ses pensées qu’elle ne connaissait pas beaucoup et qui paraissait complètement inapproprié. Il se retournait pour s’adresser directement à elle et c’était là qu’elle revenait à la réalité. « Euh… Non, j’ai tout saisi ! » Elle souriait comme une enfant. Et c’en était une, Lisbeth. « Je vais regarder de mon côté ce que j’aime bien… » Et elle récupérait son verre qui était vide pour aller le poser dans l’évier. Le lave-vaisselle attendrait, elle passait un agréable moment et ne voulait pas le gâcher avec des tâches ménagères aussi futiles soit-elle. « Je… vous reviendrez quand ? » Elle avait parlé trop vite, trop pressé, la gamine. Elle passait son regard dans l’immensité de son loft, les images qui s’y engouffraient pour visualiser tout ce que venait de dire ce cher Duncan, les imager, les rendre presque réelles. « Est-ce que vous souhaitez prendre les mesures ? » Elle ne savait pas si c’était la bonne marche à suivre mais c’était un moyen de le retenir un peu.

Les explications très détaillées du designer faisaient légèrement écarquillaient les yeux de Lisbeth. Elle était assailli d’informations et elle tentait de les assimiler rapidement mais c’était beaucoup pour ce petit être déjà plein d’informations médicales dû à ses études et les questions vers la fin lui posa une petite colle. Donner des informations qu’elle avait du mal à dévoiler à cet inconnu qu’elle avait étrangement envie de revoir ou ne pas regretter d’être entrer en contact avec lui et lui faire une confiance aveugle en ses capacités ? « J’étude énormément chez moi. Je suis en cinquième année de médecine et il est vrai que je passe ma vie à travailler sur mes cours, mes partiels, mes TD etc… Ca me prends pas mal de temps. » Ouf. Une longue phrase. Lisbeth se déridait un peu. Elle n’était pas d’un naturel bavarde alors là, c’était l’exploit le plus important qu’elle aurait pu faire aujourd’hui. Elle sautillait sur son sol et s’approchait des fenêtres pour en regarder la hauteur, elle levait la tête, impressionné par leurs tailles. Elle avait habité ce loft pendant des mois durant et aujourd’hui, il allait prendre une toute nouvelle dimension. Elle demanderait à sa mère de régler la note parce qu’elle n’avait pas les moyens financiers, mis à part son nom qui était celui d’une riche héritière. « Je ne veux rien de… bling bling… Mon nom de famille porte déjà des consonnances de cristal alors j’aimerais, si ça ne vous dérange pas, vraiment quelque chose qui déroute complètement avec mon patrimoine familial. » C’était important pour elle de ne pas être toujours associé à la fille de mais comme une femme à part entière, peut être encore un peu enfantine mais qui avait le potentiel de grandir un peu plus tard. « J’aime lire, beaucoup. Et… un espace de sport, si possible. De… » Elle chuchotait à présent. « Danse. » Elle espérait que jamais ça ne s’ébruite.