La grande pomme ne dort jamais. Alors que tous pensaient que le calme reviendrait sur la ville et que les gens se préparent au festival à venir, c'est une série vols qui font progressivement la une des journaux locaux. Nul n'a encore réussi a appréhender les auteurs de ces délits ou définir leurs cibles de prédilection. Faites bien attention à vous.
une nouvelle fois, elle s’étonne. ça ne lui ressemble clairement pas. se rendre à ces répétitions, pour se produire sur scène. elle qui déteste être au centre de l’attention, chanter en public… elle aurait refusé, maika, elle n’aurait pas voulu de cette vie là. mais qu’a t-elle à perdre, au juste ? nikki a une vie merdique, une vie qui ne lui correspond pas, qui ne lui a jamais correspondu… elle n’a jamais rien eu à perdre, elle a déjà tout perdu. mais voilà, au fond d'elle, elle le sait : elle va tout foutre en l'air. elle ne sait pas quand ni comment, mais rien de ce qu'elle entreprend ne fonctionne jamais correctement. elle n’est pas si à l’aise que ça. aksel avait l’air de la vouloir elle. uniquement elle. et personne d’autre. elle ne parvient pas à comprendre pourquoi, encore, elle n’a rien de spéciale, surtout sa voix, mais c’est la première fois qu’on avait besoin d’elle. la première fois qu’elle pouvait faire quelque chose de bien. elle s’attache peut-être à cette idée, puisqu’une nouvelle fois, la jeune nippone se dirige vers le cabaret pour la répétition du soir. seulement, elle a dû retard, beaucoup de retard. sa moto a fait des siennes, elle n’est pas très amie avec les transports en commun… alors elle est venue à pieds, mais ce n’est pas la porte à côté. elle n’a même pas pu le prévenir, elle n’a pas son numéro de téléphone. elle accélère le pas, trottinant, jusqu’à arrivé, à moitié essoufflée à l’entrée du cabaret. elle ne perd pas une seconde, elle pousse la porte et se met à courir jusqu’à la salle où aksel devait l’attendre depuis un petit temps maintenant. son visage se détend lorsqu’elle pousse la porte de la salle, apercevant aksel, qui n’a toujours pas quitté les lieux ─ par miracle. « je.. désolée… » articule t-elle difficilement, l’oxygène manque encore à ses poumons suite à cette petite course. elle passe une main dans ses cheveux, les replaçant correctement afin de dégager quelques mèches de son champ de vision. « j’ai eu un problème avec ma moto. » elle se penche en avant, en guise d’excuse avant de déposer son sac d’affaire dans un coin de la pièce et de s’approcher de lui, ses mains jouent nerveusement entre elles. elle n’a pas l’habitude de se retrouver dans ce genre de situations, puisqu’elle n’a jamais réellement effectué quelque chose d’aussi important. « hm.. c’est.. pas grave ? » peut-être qu’il ne souhaite plus répéter, qu’il est trop tard. merde… que doit-elle faire ? que doit-on faire dans ces cas là ? soudainement prise de panique, elle se recule quelque peu, s’apprêtant à repartir vers son sac. « sinon je peux y aller… »
comme un lion en cage, aksel tourne et tourne sur la scène du cabaret. sous ses pieds, les planches craquent provoquant un écho dans les lieux vides. son attention est porté sur tout autre chose que le sol qui craque sous ses pas. elle est en retard. nikki est en retard. c’est la première fois depuis qu’ils ont commencés leurs répétitions. elle a forcément ses raisons, mais il ne peut calmer son agacement qui grandit au fil des minutes. aksel n’est pas vraiment du genre à blâmer ceux qui arrivent en retard sauf que là, le fait que ces répétitions en tête à tête soient si importantes pour lui change la donne. très vite, il est prit par l’importance du temps qu’il perd à l’attendre. chaque minute qui passe est du temps en moins à pratiquer. et ils n’ont pas beaucoup de temps. chaque seconde est précieuse. alors oui, son retard le rend tout de suite plus nerveux parce qu’il a à coeur de faire de cette fille la nouvelle star montante de broadway. il sait qu’elle est capable de bien des choses. mais pour ça, il faut de la discipline et du temps… aksel soupire en arrêtant ses tours. d’un geste, il fixe sa montre et hésite à quitter les lieux pensant que nikki ne viendra pas. et pourtant, soudainement les portes s’ouvrent poussant le quarantenaire à lever le nez en leur direction. la jeune femme s’approche, gênée s’excusant pour le retard causé par un problème de moto. aksel expire l’air qu’il avait inconsciemment retenu détendant son visage. c’était pas le moment d’être exigeant avec elle, surtout qu’elle n’était pas responsable de tout ça. alors quand elle s’approche doucement sans savoir quoi faire, il lui répond aussitôt. « non, non. » murmure-t-il presque alors qu’il vient se frotter les yeux d’une main. et puis, quand il pose à nouveau ses yeux sur elle, elle a prit une distance et est prête à s’enfuir. ne la fait pas fuir, aksel. se dit-il à lui-même. c’était tout sauf le moment d’être un emmerdeur. « non, surtout pas ! » s’exclame-t-il pour lui faire comprendre que ce n’est pas ce qu’il veut. « je veux dire: c’est pas grave. j’étais moi aussi un peu en retard. » mensonge. il était parfaitement à l’heure mais ça, elle n’est pas censé le savoir. tout ce qu’il cherchait, c’était à éviter qu’elle se sente coupable de lui faire perdre son temps. depuis quelques heures qu’ils avaient passées ensemble, il avait comprit qu’elle n’y croyait pas trop, à cette pièce et à son talent de chanteuse. alors aksel prenait toujours des pincettes avec elle pour éviter le pire. « tu me rejoins sur scène? » un sourire pour lui faire comprendre que tout ça n’a pas importance et l'inviter à le joindre sur la scène vide. encore et toujours, aksel tente de ne pas la brusquer, de ne pas faire de faux mouvements avec elle. il joue la carte de la délicatesse et de la patience. jusqu’ici ça a marché...
elle a décidé de saisir l'opportunité de changer le cours de sa vie, nikki, et pour la première fois, pour un avenir meilleur et prometteur. seulement, elle n'est pas certaine de savoir ce qu'elle fait, d'en être réellement capable. ce rôle... elle reste persuadée qu'il n'est pas pour elle, qu'elle ne s'en sortira pas. chanter devant tant de personnes, c'est tout nouveau pour elle. elle ne se reconnaît pas. en acceptant la demande d'aksel, nikki croyait dur comme fer ne jamais remettre les pieds dans ce cabaret, fuir, quitte à perdre son pauvre travail – ça n'aurait été qu'un de plus sur la liste. mais la gentillesse d'aksel a pesé dans la balance, et au fil des jours, nikki a retrouvé un espoir. espoir qu'elle croyait pourtant avoir perdu depuis des années : avoir droit à une vie normale, ne plus agir comme un robot. une jolie jeune femme qui a tout pour elle, d'apparence, mais qui à l'intérieur, n'est que poussière. détruite par la vie, par son passé, et par ce que le destin a décidé de lui infliger. impossible pour elle de fonctionner correctement, comme les autres. alors oui, même dans ce genre de situations, nikki ne sait pas quoi faire. l'idée de repartir lui vient, elle recule de quelques pas, prête à attraper son sac et à repartir d'où elle venait. mais aksel l'arrête très vite dans sa tentative de fuite. ses pas se stoppent, alors qu'elle reste quelques secondes plantée là, sans savoir réellement quoi faire. un sentiment de soulagement l'envahit à ses paroles, elle ne culpabilise plus autant, si aksel a lui aussi été un peu en retard, il ne lui en voudra définitivement pas, et puis, ça veut aussi dire que c'est normal. l'idée qu'aksel puisse lui mentir pour la mettre à l'aise ne lui traverse pas l'esprit, nikki est incapable de comprendre ce genre de choses, alors elle avale ses paroles, hochant positivement la tête. il finit par l'inviter sur scène, un sourire étirant ses lèvres, un sourire qu'elle attrape, avec un sourire crispé et rapide, avant de s'avancer vers la scène et le rejoindre. elle retire sa veste qu'elle dépose sur le côté alors qu'elle commence doucement à reprendre son souffle. « on commence par quoi... ? » demande t-elle, plantant son regard dans le sien, un regard pourtant, encore noyé de certains doutes. elle vient alors se pincer la lèvre inférieure. « avant ça.. je peux te poser une question ? » en réalité, elle n'attend même pas la réponse d'aksel, qu'elle reprend: « tu penses qu'il y aura du monde ? je veux dire, combien de personnes, un peu près ? » elle ne s'en rend pas compte nikki, mais cette question lui trotte en tête depuis des heures. elle tente de se documenter au mieux, découvrir ce milieu qui lui est encore bien trop inconnu, elle a encore bien du mal, avec ce monde qu'elle ne connaît qu'à peine. et certaines choses qu'elle a pu voir l'ont quelque peu effrayé. sa question peut paraître idiote, mais elle n’en a pas conscience, elle a besoin d’une réponse. « j'me posais la question, hier. » précise t-elle, haussant doucement les épaules avant de baisser le regard un court instant.
il était facilement sur les nerfs. c’était facile de lui faire perdre son calme dans ce genre de situation. d’autant plus quand il préparait une nouvelle pièce d’une importance aussi grande pour sa carrière et son cabaret. l’enjeu étant trop important pour qu’il soit prit à la légère, il se trouvait être très vite perfectionniste avec les acteurs de sa troupe. alors savoir que nikki pouvait ne pas se pointer aux répétitions le rendait d’autant plus nerveux. avec elle, il n’avait pas le droit à l’erreur, il devait jouer finement et faire attention à tout ce qu’il faisait. depuis quelques répétitions ensemble, il avait bien comprit qu’elle n’était pas convaincu de son talent et de l’importance qu’elle aurait dans cette pièce. on ne parlait pas ici d’un petit rôle mais bien du rôle principale, du personnage central. aksel n’avait pas vraiment conscience de la pression qu’il pouvait lui mettre ou du moins, il pensait qu’elle pourrait endurer cette dernière sans problème. peut-être avait-il tort? par moment, il le pensait mais quand il l’entendait chanter, les doutes s’envolaient et l’émerveillement reprenait sa place. même si cette fille ne voulait pas croire en elle, lui il y croyait. et aksel n’était pas du genre à se tromper quand il s’agissait de reconnaître une voix quand il en croisait une. c’est ça qui le rendait peut-être plus nerveux aussi quand il se disait qu’elle pouvait ne plus venir aux répétitions. la peur de perdre un talent comme elle et de voir tout son travail s’écrouler. mais voilà, quand nikki arrive enfin, il se dit qu’il vaut mieux ranger ses réflexions par peur qu’elle s’échappe. alors il lui ment, lui dit qu’il était lui même en retard et tente de se montrer moins crispé. le but de la manoeuvre est de se mettre au travail le plus tôt possible parce que chaque seconde compte. il l’invite à le revoir sur scène, la jeune femme s’approche sur scène. il la sent toujours crispée tandis qu’elle lui demande par quoi ils sont censés commencés. aksel attrape le texte de sa pièce qu’il s’apprête à lui tendre avant qu’elle lui demande combien de personnes seront là pour les voir. « le plus de monde possible, j’espère. » lâche-t-il en premier temps sans réfléchir à ce que ces mots pouvaient créer chez la jeune femme. c’est l’ambition qui parle. aksel espère que les gens se précipiteront aux portes de son cabaret. il rêve de voir la foule s’agglutiner dans l’immense salle qui leur fait face. la folie des grandeurs qui le pousse à désirer l’impossible. la réalité sera peut-être bien différente. après avoir laisser ses rêveries l’emporter quelques secondes, il reprend aussitôt. « je veux dire, peut-être quelques centaines de personne. »comme si ça pouvait être plus rassurant. pense-t-il. pour lui, l’exercice est facile. l’angoisse d’être face à la foule n’existe plus depuis des années. trop de fois il s’est exposé sur les planches, trop de fois où il a oublié le trac face au public. non, l’exercice ne lui fait pas peur. aksel s’approche doucement d’elle et lui indique la salle du doigt. « tout ça là, la salle et les gradins seront sûrement rempli. » il aimerait s'émerveiller devant l’image de son cabaret plein à craquer mais il préfère cacher ceci pour l’instant. laisser ses fantasmes au placard par peur qu’elle en soit paniquer. aksel se tourne vers elle, un sourire rassurant aux lèvres. « j’aimerais pouvoir te dire que je serais le seul spectateur, mais ça serait te mentir. il y aura du monde, peut-être plus que tu ne t’imagine. seulement, tu ne seras pas seule sur scène. et si tu l’es, je serais jamais très loin. » sans s’en rendre compte, il s’est approché d’elle comme s’il avait besoin de lui faire comprendre qu’elle ne serait pas seule par une proximité qui pouvait être malvenue. mais aksel ne s’en rend pas compte, le geste est naturel. peut-être trop, à vrai dire.
elle devait lui poser la question, cette question qui la tourmente depuis quelques heures, elle a besoin d'en discuter avec lui. elle n'est pas idiote, malgré son manque de culture qui pousse l'ex-taularde à poser ce genre de questions insensées. mais quelque part, nikki a l'espoir que cette étape de sa vie ne lui paraisse pas si insurmontable que ça. loupé, complètement à côté du monde, la jeune nippone. la réponse d'aksel lui fait relever son regard dans sa direction. muette de stress, ses mains en deviennent moites. le plus de monde possible ? à quel point ? nikki le sait, elle n'a pas la même notion que les autres. quand aksel précise alors qu'il s'agirait d'une centaine de personnes, ses pupilles se dilatent, sa bouche s'entrouvre légèrement, tandis que ses jambes se décroisent sans même qu'elle s'en aperçoive, des signes de stress apparents. des centaines de personnes ? qui auraient les yeux rivés sur elle ? ce stress immobilise tous ses membres, seul son visage réagit au moment où aksel lui indique la salle d'un geste du doigt. son visage réagit, alors que son cerveau a encore bien du mal à saisir l'information. elle observe alors la salle, les gradins, qui devraient être remplis, à en écouter aksel. la jeune femme cligne plusieurs fois des yeux, espérant presque être témoin d'un rétrécissement miraculeux et inexpliqué de la salle. non non, cette salle et ces gradins devraient être remplis. son souffle se coupe, alors qu'elle laisse ses angoisses bercées dans ce silence. elle jette un regard vers aksel, bien plus proche d'elle, ce qui lui fait baisser la tête. nikki n'a pas l'habitude des contacts physiques, même pas des rapprochements de ce genre. ce n'est qu'un poison, au plus on se garde loin d'elle, au mieux c'est. ce dernier reprend finalement la parole, lui offrant un sourire rassurant tout comme devraient l'être ses paroles si nikki était moins... nikki. il sera là, évidemment, nikki commence à un peu trop compter sur lui. comment ne pourrait-elle pas ? il sait ce qu'il fait, il a cette détermination folle que nikki aura jamais, sa présence ici et son souhait de vouloir essayer d'aider aksel sont déjà des miracles. après ce long silence, nikki se décide à réagir, hochant positivement la tête bien que l'assurance ne soit pas réellement au rendez-vous. « et si je fais une erreur... » évidemment, cette possibilité lui traverse l'esprit, c'est même l'une des premières choses à laquelle elle pense. son manque de confiance et sa capacité à tout faire capoter. « c'est grave ? » lui en voudrait-il ? elle ne connait pas ce monde, elle ne connaît absolument rien de ce métier. est-ce que les erreurs sont autorisées et arrivent régulièrement ? elle baisse les yeux un court instant, se pinçant la lèvre inférieure, un peu honteuse. elle est habituée aux regards des autres, aux jugements, aux moqueries... non, si elle demande ça, c'est pour le bien de la pièce, pour lui et non pas pour elle, bien que l'idée d'être au centre de l'attention l'angoisse, elle ne veut surtout pas tout faire foirer. la blonde relève ses yeux vers lui, ses lèvres plissées dans une moue presque gênée, elle n'est toujours pas totalement à l'aise, à l'idée de se produire sur scène. mais peu à peu, la jeune femme commence à réaliser ce qu'il se passe... et c'est effrayant.
aksel s’était lancé dans cette mission quasi impossible de former nikki à devenir une actrice en quelques mois à peine. l’entièreté de sa troupe l’avait dissuadé de le faire voyant la jeune femme comme un frein à leurs progrès. et comme toujours, aksel ne les avaient pas écoutés. lui se foutait bien qu’elle soit une débutante, c’était sa voix qui l’intéressait. le reste n’était qu’un détail. énorme détail certes, mais rien d’insurmontable quand il y pensait. la tâche lui semblait pourtant difficile par moment et c’est sa détermination qui le poussait à continuer. si nikki ne croyait pas en elle, lui le faisait pour elle. persuadé qu’elle sera celle qui éblouira la salle entière. difficile de le faire changer d’avis. malgré tout, aksel prenait souvent conscience du manque d’expérience de la plus jeune. les quelques répétitions qu’ils avaient pu faire tous les deux lui avait montré l’ampleur du travail. par moment, il devait la rassurer, lui prouver qu’elle était capable de grandes choses si elle travaillait beaucoup. sauf que le quarentenaire oubliait vite que les difficultés de la jeune femme pouvait être autre que le chant ou le jeu. si lui avait l’habitude des salles pleines, ce n’était pas le cas de nikki. à cet instant précis, il faisait face à ses interrogations, à ses peurs. en mettant son désir de grandeur de côté, il devait à nouveau la rassurer, lui faire croire que c’était souvent plus de peur que de mal. et si je faisais une erreur… lâcha-t-elle après un long silence. aksel fit un pas de plus raccourcissant la distance, instaurant une proximité. est-ce que c’était grave? le plus vieux ne pu s’empêcher de lui sourire. « tu n’en feras pas. » dit-il avec assurance. comme à son habitude, il était sûr de lui. avec le travail qu’il feront tous les deux jusqu’à la première, elle ne pourra pas se tromper. « d’ici là, tu connaîtras ton texte par coeur à tel point que tu le réciteras dans tes rêves. » il ne réponds pas vraiment à sa question en lui disant tout ça. pour lui, l’erreur ne se produira pas, mais pour elle, c’est bien différent. les choses elles ne les voient pas pareilles… alors, du doigt, il indique une sorte de boite sur le bord de la scène. « tu vois ça, c’est une trappe où se trouvera une personne qu’on appelle le souffleur. si jamais tu oublies ton texte, il sera là pour t’aider. » à nouveau, il se tourne vers elle affichant un sourire tout aussi rassurant que le ton qu’il emploie. il finit par ajouter: « est-ce que tout ceci te rassure? » il essayait de se montrer patient, de toujours faire attention aux mots qu’il pouvait dire. toutes ses paroles étaient pesées pour ne pas l'effrayer. au fond, c’est ce qu’il redoutait le plus, qu’elle prenne la fuite emportant avec elle le seul espoir qui lui restait de s’en sortir.
l'assurance dont il fait preuve en reprenant la parole surprend la jeune nippone. elle ne fera pas d'erreur ? comment peut-il en être certain...? surtout avec nikki, qui lui donne déjà énormément de travail malgré elle. elle ne sait faire que ça, des conneries... mais c'est bien la première fois qu'on ne doute pas d'elle, pire, qu'on lui accorde une telle confiance. l'homme continue, en lui affirmant qu'elle connaîtra son texte sur le bout des doigts. ça ne répond pas à sa question... parce que oui, pour elle, la possibilité que les choses tournent mal restent ancrées dans ses doutes. certainement parce qu'elle a été préparé à cela toute sa vie. soyons honnête, tout s'est toujours très mal passé pour nikki, alors pourquoi cette représentation ferait exception à la règle ? d'autant plus qu'elle sort de sa zone de confort, s'engager là-dedans, c'est quelque chose qu'elle n'aurait jamais soupçonné faire. toujours aussi silencieuse, elle dépose son regard sur la petite boite sur le bord de la scène, qu'aksel vient de lui indiquer. elle fronce les sourcils, ne comprenant pas dans un premier temps, elle ne sait même pas à quoi elle sert... mais aksel l'éclaircit bien vite sur la question, en lui expliquant qu'il s'agit d'une trappe où se trouvera un souffleur, présent pour l'aider si elle oublierait son texte. sa bouche s'entrouvre quelque peu sous cette découverte, alors que son visage se hoche doucement. la fine distance entre eux fait baisser le visage de nikki, un sourire presque crispé sur les lèvres, elle reprend: « ah... ça sert à ça... » elle n'en avait aucune idée, encore une fois, ce monde est tout nouveau pour elle. elle relève les yeux vers lui. « j'avais déjà prévu d'écrire quelques trucs.. sur ma main... au cas où... » ajoute t-elle, de son léger accent japonais. par réflexe – et comme une excuse pour éviter ce regard qu'il lui lance et qui la perturbe légèrement, elle vient caresser l'intérieur de sa main. non, elle ne plaisante pas, elle en aurait été capable, nikki. son nez se plisse sous la gêne, se rendant une nouvelle fois compte de sa faible culture... « hm... oui, oui. je suis rassurée. » lui répond t-elle, avec un sourire. elle l'est, à moitié.. mais ça, elle se garde bien de lui dire, il va falloir qu'elle se fasse confiance, nikki. d'autant plus perturbée par la proximité entre eux, n'ayant nullement l'habitude de se trouver si près d'un si bel homme bienveillant, la jeune femme prend une profonde inspiration. « on peut s'y mettre, cette fois. on a assez perdu de temps par ma faute. » entre son retard et ses doutes... le temps commence réellement à s'écouler. elle lui adresse un léger sourire avant de retrouver pied à terre, sur la scène.
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