(1.) Dana est originaire d’une famille modeste dans le Wyoming, l'état le moins peuple des états unis. Son père tient un élevage, profitant des grands espaces et sa mère est infirmière. Famille de quatre enfants, Dana était un peu l’artiste incomprise. Si ses parents étaient très fiers du talent de leur fille pour la danse, ils voulaient qu’elle se trouve un vrai métier et qu’elle continue la danse en activité sportive de manière régulière. Cette divergence d’opinion a entrainé beaucoup de tensions au sein de la famille.
(2.) La danse est la seule vraie chose à laquelle Dana tient. Loin d’être une élève modèle, elle préférait rêver de chorégraphie ou se répéter celle qu’elle devait apprendre pour son gala plutôt que d'écouter le cours. Elle a obtenu son diplôme au lycée et elle ne sait clairement pas trop comment.
(3.) Le lendemain de sa remise de diplôme, sa valise était prête, son billet réservé. Dana quitta son état de cul terreux pour s’envoler vers New York. A peine avait elle prévenu sa famille. Elle ne pensait qu’aux auditions pour le New York City Ballet ou l’American Ballet Theater. Son rêve à porter de main. Rêve arraché, piétiné par des chaussures de pointe. Malgré les formations, les stages et les auditions, difficile de rivaliser par les personnes qui ont eu un vrai cursus professionnel de danse.
(4.) Dana est atteinte d'hémochromatose. Son corps produit trop de fer, fer qui vient alors se déposer sur les articulations et les organes, pouvant créer des dommages irréversibles. C'est son teint trop gris qui alerta sa famille. Aucun traitement n'existe encore pour embêter le corps de produire quelque chose en trop grande quantité. Seule solution, la saignée. Se vider de ce sang trop néfaste, retirer ce fer trop nocif pour son propre corps. Ne pouvant pas toujours aller à l'hôpital, elle s'improvise parfois ses propres saignées.
(5.) Malgré son travail et sa volonté, aucune place n'était pour elle dans les compagnies new yorkaises, l'argent commença à devenir un sacré problème. Trop fière pour rentrer chez elle, trop ambitieuse pour revoir ses exigences à la baisse, elle signe et persiste jusqu'à être à sec totalement. Jusqu'à ne plus pouvoir payer le loyer de son appart, de se faire virer de quelques colocs sans intérêt. Elle commença à trouver des petites places dans des squats, entre deux nuits dans les canapés de potes. Avant d'avoir finalement son carton attitré dans un squat dans le queens. C'est loin d'être un palace mais c'est bizarre, elle s'y sent presque comme chez elle. Dans une nouvelle famille.
(6.) Si tout n'est plus qu'une question de survie, Dana se donne des limites. Rien qui touche à son corps. Ni prostitution ni striptease. Elle essaye quand même d'enchaîner des boulots minables, d'une ou deux journées à peine, faisant tout pour éviter de faire la manche. Plus ou moins dépendante de la drogue, elle est régulièrement coursière pour un réseau. Elle va chercher la came à la livraison puis la redistribue aux dealers pour leur client. Clairement, elle ne gagne pas grand chose de ces courses, si ce n'est le droit de consommer un peu.
(7.) Pas particulièrement douée de ses dix doigts, elle a réussi toutefois à remettre en marche un vieux poste radio - et s'est retenue bien cinq fois à le jeter contre le mur. Une seule station l'intéresse, seule de la musique classique. Elle se met à part et continue de pratiquer dans son coin. Pendant de longs mois, elle fredonnait les airs de musique pour danser maintenant elle a le luxe d'avoir une radio - qui déconne une fois sur deux...
(8.) Dana est bilingue allemand. Elle ne sait pas pourquoi, elle a toujours eu des facilités avec cette langue. Pour éviter que ses frères et soeurs lisaient son journal intimé, elle l'avait d'ailleurs écrit en allemand. Elle continue de faire ça au squat, tagant son coin en citations allemandes un peu à tout va.
(9.) Dana n'a jamais quitté le territoire américain. Elle rêve de voyages, de découverte, de dépaysement. Opportunités, aventures, tout se mélange dans sa tête et elle divague. Elle s'invente des paysages et des rencontres. Après tout, elle a le temps de rêver. Assise sur son carton, à regarder la fenêtre du squat. Son esprit a de quoi se balader et s'évader, loin de cette réalité qu'elle a encore parfois du mal à accepter.
(10.) Pour ne pas inquiéter sa famille, Dana leur ment. Elle prétend avoir réussie, être entrer dans une compagnie à New York. Qu'elle vit la belle vie, qu'elle s'entraîne sans cesse. Elle ne veut pas perdre la face devant ceux qui lui avait dit que c'était de la folie mais elle trouve cependant toujours une bonne excuse pour qu'ils ne viennent pas jusque New York. Car s'ils savaient comment elle vivait, ils la mettraient de force dans un avion pour rentrer au Wyoming. La dernière de ses envies.