Thunderstruck · Aurélien x Ellie

Thunderstruck

Musique lascive. L’ambiance avait clairement changé en cette heure tardive. Si au départ, elle avait été bonne enfant, l’heure était désormais à la décadence et à la lasciveté. Les quelques couples d’un soir qui copulaient dans certains coins de la pièce en étaient la preuve puisqu’ils ne faisaient rien pour se cacher. Aurélien n’était pas censé se retrouver là, au milieu des gens ivres dont les narines étaient sûrement pleines de la substance poudrée qu’il avait ramenée en début de soirée. L’organisatrice de la fête avait payé une blinde pour cet or blanc — on dépensait sans compter quand il s’agissait de se mettre la tête à l’envers, surtout quand on sait que les Faceless vendaient une came qui pouvait vous envoyer sur la stratosphère. Anakin n’avait pas sa place au milieu de ces gosses de riches qu’il méprisait au plus haut point. Il aurait dû continuer ses livraisons ce soir, mais quelque chose l’avait poussé à rester à l’intérieur. Ça lui avait mis les nerfs en pelote.

Il faisait comme si de rien était, mais Ellie avait retenu son attention, au fond du salon, dès que l’hôte de la fête avait ouvert la porte. Tout de suite, il l’avait repéré, en un éclair. « C’qui le gars-là ? Première fois que j’le vois. » La fille à la porte avait tourné sa tête pour voir de qui Aurélien parlait, puis elle lui répondait en soufflant. « C’est Ellie. Puis j’invite qui je veux. » Elle avait ajouté que ce n’était pas parce qu’elle et Aurélien couchaient de temps en temps ensemble qu’il avait le droit de lui demander des comptes. En réalité, il s’en fichait pas mal de ses invités et d’elle, il voulait juste savoir le nom de l’intéressé. Aurélien s’était invité de lui-même, pénétrant dans l’appartement en glissant la commande de sa cliente dans sa main tandis qu’elle glissait en échange dans la poche d’Aurélien la somme qu’elle lui devait.

Tout le long de la soirée, il avait trouvé un moyen pour observer Ellie le plus discrètement possible, restant toujours dans son coin et bien éloigné de la plèbe. Si au départ, il était intrigué par ce garçon, rapidement, il lui trouvait un certain charme, chose qu’Aurélien n’assumait clairement pas et qui le mettait en colère au fond de lui. Un moment que cette attirance pour les hommes traînait en lui, qu’elle lui faisait peur, honte au point qu’il faisait tout pour la dissimuler. C’était son secret le mieux gardé. Ellie fut de loin le premier à avoir éveillé quelque chose en lui, de plus profond que de l’attirance. D’habitude, son envie se limitait juste à un désir sexuel, mais là…c’était un sentiment étranger à Aurélien qu’il ne savait même pas comment le qualifier. Il passait son temps à ignorer cet égard pour le jeune homme en enchaînant les joints et les verres, comme si ça allait changer quoi que ce soit. ‘tain. C’est qui ce connard ? L’alcool et la drogue n’aidant pas, Aurélien devenait de moins en moins discret dans ses œillades au cours de la soirée. Comme s’il cherchait à ce qu’Ellie le remarque malgré tout. Une fois, leur regard s’était croisé. Explosion de papillons dans le ventre. Souffle au cœur. Battement manqué. Anakin était clairement piqué. Il avait envie de se frapper quand il envoyait au concerné un discret sourire, plein de charme. Fais chier, quel con. Un coup de foudre, ça faisait mal, lui transperçant le cœur sans pitié. Surtout quand c’était la première fois que cela lui arrivait. Surtout quand ça lui arrivait avec un homme. Tout ce qu’il rejetait en lui remontait à la surface, à cause d’Ellie. J’vais le tuer. Il avait envie de lui péter la gueule, juste pour avoir suscité ce désir en lui.

Plus les heures passaient, plus l’envie d’aller aborder le jeune homme devenait irrépressible. Aurélien cherchait un moyen pour aller le voir, l’air de rien, loin des yeux des autres pour que personne ne découvre son petit secret qu’il ne voulait pas révéler en public même si les trois-quarts ne se souviendraient même pas de l’avoir vu ce soir-là à cause de l’alcool qui circulait massivement dans leurs veines. Au bout d’un moment, le ciel lui fit une grâce — le dealer voyait son crush du soir filer seul sur le balcon. Aurélien sautait sur l’occasion pour aller le rejoindre, mais seulement un quart d’heure plus tard pour ne pas donner l’impression de l’avoir épié tout le long de la soirée et faire comme s’il arrivait purement par hasard.

Foutu cœur. Pourquoi s’emballait-il de la sorte au fur et à mesure qu’Aurélien s’approchait de l’Asiatique ? Plusieurs fois, il voulut rebrousser chemin, mais il était trop tard — il se trouvait déjà au côté d’Ellie, appuyé contre la balustrade. Aurélien ne se présentait même pas, il se contentait de regarder droit devant lui, balayant la ville tout en tirant sur son joint. La seule fois qu’il posait ses yeux sur Ellie, c’était quand il lui adressait brièvement la parole.

- T’es pas avec tes potes ? J’sais pas comment tu fais pour les supporter ces trous du cul mal élevés.

Aurélien soupirait en secouant la tête. Drôle d’entrée en matière. Il s’en fichait de toute manière de ce qu’Ellie pouvait penser. Il était franc, ne supportait pas ses hypocrites et ne cherchait aucunement à s’en cacher. « Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler » était une expression totalement étrangère à Aurélien, dix-huit ans, petit con de son état. Certains trouvaient que cela faisait son charme, d’autres non. Ce qu’il remarquait, c’est qu’Ellie était surtout encore plus beau de prêt, chose qui eut le don d’agacer encore plus le jeune homme. Pour chasser cette pensée, il tirait de nouveau sur son joint dont il ne restait pas grand-chose avant de le tendre à l’intéressé.

- Tiens, tu veux le finir ?

Si Ellie était aussi défoncé que lui peut-être que cela faciliterait les choses, de son point de vue. Aurélien ne voulait pas qu’il remarque son petit manège.

Thunderstruck

il lève les yeux au ciel, ils rencontrent les lumières des lustres, jaunes et blanches, elles dansent tranquillement au-dessus de sa tête, surement le signe de l’ivresse qui commence doucement à cheminer le long de ses veines jusqu’à faire pulser son cœur. ellie aime cette légèreté que l’alcool lui prodigue, il l’avait découvert à un âge bien trop jeune et pourtant il ne pense plus être capable de se délester de ce sentiment. un weekend après l’autre, il a pris l’habitude de hocher la tête à la moindre invitation, et plus il se présentait à ses soirées plus son cercle grandissait et les invitations se multipliaient. ce soir, différemment de plusieurs autres, il n’était pas dans des lieux entièrement inconnus. l’organisatrice était une camarade de classe et même si leurs rapports n’étaient pas les plus proches, il avait déjà échangé avec elle assez de mots pour qu’elle ne soit pas qu’une vulgaire étrangère. ce n’était pas sa première fois chez elle et c’est surement pour cela qu’il laisse sa main se tendre vers tous les verres qu’on lui coffre, le sentiment de confiance bien présent.
au fond, il n’aurait jamais refusé ces verres.

il laisse l’alcool glisser au fond de sa gorge, une grimace vient alors empiéter l’harmonie de ses traits, tel un enfant insatisfait du goût amer du whisky. il lève le dos de sa main pour sécher les commissures humides de ses lèves quand son regard rencontre celui d’un autre. ils sont différents, deux univers qui rentrent en collision. ça n’annoncerait rien de bon. ellie l’avait déjà aperçu avant, dans un décor différent mais porteur de promesse de drogue sans doute similaires. et sur les traits du plus vieux, il semble libre un discret sourire, ellie n’avait pas besoin de plus pour que ses propres lèvres s’étirent en une esquisse charmante. le sourire grand ne disparait que quand il porte de nouveau le verre à sa bouche.

il s’abandonne pour un instant à la contemplation de ces traits lointains, ce n’était pas la première fois que le garçon attisait ainsi sa curiosité. les heures passent et l’envie de venir à sa rencontre se fait plus pressante, parce que les regards et les sourires ne suffisent plus. sa curiosité devient dévorante ; de sa voix, de son parfum, peut-être du grain de sa peau. qu’il soit un homme ne le dérange pas, il n’y avait que lui qui réussissait à capter son attention ce soir.

et comme une invitation silencieuse, pourtant sans un regard complice parce qu’il craignait que d’autres le découvrent, ellie arrive à se soutirer de l’emprise d’une fille à ses côtés. « ça tourne un peu, j’vais prendre de l’air et je reviens. » une excuse en mi-mensonge, parce qu’il sent le sol tanguer légèrement mais il arrive à fuir vers le balcon, reposant les coudes contre la rambarde. enfin, il souffle. et puis, il tremble ; quand la voix résonne enfin, tout de lui lui plait, c’est une évidence. « tu penses que je suis différent ? » un rire haut et innocent se cristallise sur ses pulpeuses alors que ses yeux légèrement voilés se tournent vers lui. il aime l’avoir aussi proche de lui, il pourrait le dévorer. il n’avait qu’à tendre la main.

ellie hoche de la tête, incapable de dire non à tout ce qui pourrait lui faire perdre la tête. sans doute incapable de dire non à ce garçon, il le saura plus tard. « merci. » il attrape le précieux joint mais surement pas de la manière que l’ainé aurait pensée. sa main recouvre celle du dealer et la presse jusqu’à ce que le joint soit à la haute de ses lèvres et qu’il en prenne une longue taffe. « tu l’as bien dosé. » fait-il remarqué, le rire immuable sur les lèvres avant qu’il ne relâche cette main. ils avaient toute la nuit pour s’amuser.

« ellie. je m’appelle ellie, t’auras besoin de t’en souvenir. » ses mots se font joueur, comme s’ils refermaient des promesses silencieuses et qu’ils avaient déjà lu l’avenir. « est-ce que tu aimes ce que tu vois ? » il fait allusion à ces regards qui n’ont cessé depuis des heures, finalement, il dérobe le joint des mains d’aurélien et le fixe tranquillement entre ses lèvres.