thinkin' back on you and i (alexis)

Revoir Nash et l'accabler de reproches dû à sa disparition soudaine, à cette absence de deux mois où elle avait très bien pu le croire mort. Pas un signe, pas un message, rien d'autre qu'un silence auquel elle s'était faite, parce-qu'elle n'était pas de ceux qui couraient après le peuple, Warren, trop individualiste, égoïste, dans l'optique que personne n'était irremplaçable. Et pourtant. Pourtant elle ne s'était pas privée pour lui envoyer dans les dents ce silence, pour lui faire ressentir qu'on ne l'abandonnait pas pour ensuite revenir comme une foutue fleur. L'hôpital qui se foutait royalement de la charité considérant le fait qu'elle avait elle-même laissé derrière elle son groupe d'urbex quelques temps auparavant, s'en détachant comme si de rien n'était, ne prenant même pas la peine de répondre à leurs messages. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais, mais ça, Wellington n'avait pas besoin de le savoir. Alors, malgré sa rancune masquée d'une pointe d'indifférence, la trentenaire avait accepté de le revoir, lui redonner une chance de se refaire une place dans sa vie bien que, comme toujours, elle n'avait pas l'intention d'y accorder une quelconque implication émotionnelle, tout pour ne pas perdre son individualisme certain.

À l'heure donnée, la tressée était descendue afin de rejoindre son cadet au bas de son immeuble. Il était à l'heure, déjà un bon point, signe de bonne foi de vouloir recoller des morceaux qui n'avaient jamais réellement relevé d'une quelconque dépendance. Son regard sombre posé sur lui, elle avait ce sentiment que quelque chose avait changé chez lui, incapable pour autant de mettre le doigt dessus, et alors qu'il lui tendait un casque, un sourire filait sur ses lèvres, le bien rapidement récupéré. « T'es venu en moto juste pour m'impressionner ? » qu'elle disait sans y croire réellement, grimpant sans plus attendre à l'arrière du deux roues, ses bras passant autour de la taille du plus grand. « Nous tues pas en route tu veux ? » Pas qu'elle doutait de ses aptitudes de conduite, simplement une manière de lui dire qu'elle était prête, la curiosité quant à l'endroit où il les conduirait bien présente. Il était malgré tout étrange de le revoir après tout ce temps, d'agir presque comme si de rien n'était, là, mais elle n'avait pas l'intention d'oublier de si tôt son absence, bien décidée à en savoir plus à ce sujet, en temps voulu.

« Rêve pas trop mon grand » qu'elle répondait quant au fait que venir en moto suffisait à l'impressionner, une pointe d'amusement dans le ton alors qu'elle tapotait son épaule pour appuyer ses dires. Et, suite à ses mots, elle s'était accrochée à lui, pas craintive pour un son quant au trajet à venir, bien consciente qu'il ferait malgré tout attention à leur sécurité. Le compteur était pourtant bien trop élevé, bien plus qu'il ne le faudrait en ville. Volonté de l'impressionner ou simple habitude de jouer avec la vitesse ? Qu'importait au fond, la tressée ne lâchait pas son cadet, et ce jusqu'à ce que le véhicule ne se stoppe à nouveau, son regard sombre accrochant la devanture du Neuktae's. Sourcil arqué, elle écoutait les dires du concerné, soufflant alors d'un air amusé en secouant la tête. « Disons que ça fera l'affaire » disait-elle en le suivant, haussant les épaules lorsqu'il parlait de crocheter la serrure. Au vu de ses propres activités, elle ne se serait franchement pas offusquée de le voir en venir à une telle solution, aurait sans doute même apprécié ce goût du risque, mais peut-être valait-il mieux qu'il évite s'il voulait avoir une chance de garder son boulot.

Entrés dans le café vide de toute vie, ses orbes s’acclimataient doucement à l'obscurité avant qu'elle ne reporte son attention sur lui, un bref sourire étirant ses lèvres aux propos énoncés. « Dangereux de laisser une telle opportunité entre mes mains, Wellington » qu'elle disait sans rompre cette proximité qui, si elle avait été inexistante durant ces deux mois, redevenait toute naturelle. « Tu comptes me servir un truc à boire alors ou on va juste rester dans le noir à se souffler des mots doux ? » Ses iris brillant dans l'obscurité, elle croisait les bras, volonté sans doute de marquer le fait que rien n'était acquis, pas encore, même si, dans le fond, le simple fait qu'elle accepte de venir était un pas vers le pardon.