SAHAR AYED • SHEROUK FARID

nom prénom : des listes interminables de noms gribouillés, rayés, soulignés, jonchaient l'appartement des ayed des semaines avant la naissance de leur unique enfant. les nouveaux parents croyaient qu'un grand nom ferait une grande personne. maman voulait l'appeler sahar, papa ne voulait pas changer d'avis, ça serait noor ou rien ; l'aube et la lumière. sahar noor ayed, le soleil de baba et mama.

date et lieu de naissance : elle est née un seize octobre 1997, dans un hôpital public à new-york. le genre sous-employé et sous-financé. le genre où on y va pas, pas si on a vraiment le choix ; comprendre : un compte en banque bien rempli et une assurance béton, pas même béton, non, juste une assurance. encore aujourd'hui, aller aux urgences, dans cet hôpital, c'est passer les portes de l'enfer. mais c'est là qu'est née leur unique fille, trop longtemps attendue. ouf. elle est en bonne santé. le visage du nourrisson est couvert par les larmes de mama. baba se cache pour pleurer ; mama, elle, n'est pas dupe.

origine et nationalité : nationalité américaine, et des origines d'ailleurs. baba était égyptien. mama est libanaise, puis elle a des origines grecques, aussi. ses parents se sont rencontrés au caire, où ils sont tombés fous amoureux. ils se sont mariés trois mois plus tard, sans la bénédiction des parents. la même année, ils embarquaient pour les états-unis. alors, elle a grandi avec des cultures diverses et colorées depuis l'enfance. sahar, elle parle en anglais, pense souvent en arabe, et vous pouvez parfois la surprendre entrain de chantonner une berceuse libanaise.

genre : femme cis.

orientation sexuelle : hétérosexuelle. mâchoires sculptées, cils épais, avant-bras musclés, boucles d'adonis. sahar aime les jolies choses.

état civil : sur les réseaux, sahar est célibataire, depuis exactement une semaine, trois jours, et sept heures. pourtant, gaffe à celui qui oserait s'approcher de trop près, à celui qui aurait la malchance de lui donner son cœur. parce que sahar, elle est passion ; feu et glace. parce que sahar, elle mord. elle a plus de la bête que de la virginale ingénue. pourtant, sahar, si elle joue les croqueuses de cœurs, il n'en est pas moins vrai que son propre cœur ne lui appartient plus. cela fait longtemps que mars l'a au creux de sa paume. cela fait longtemps, oui, qu'elle a mars sous l'épiderme. (et peut-être, oui peut-être, que si elle fuit si aisément, si elle le laisse s'échapper si facilement, c'est parce qu'elle sait qu'il ne peut se passer d'elle. qu'elle ne peut se passer de lui. cette certitude que tous les deux, c'est pour toujours. à la vie, à la mort)

statut financier : broke, but sexy as hell. comme souvent, les apparences sont souvent trompeuses. derrière ces airs de fille gâtée qu'elle affiche sur les réseaux, de nana toujours bien fringuée, à la pointe des dernières tendances, se cache l'ordinaire jeune adulte, avec un compte en banque trop souvent à découvert. sahar, elle vit bien au dessus de ses moyens. plutôt crever que de l'avouer. dans un monde de hyènes, elle ne peut se permettre de laisser transparaître ses faiblesses, alors elle rit, dépense en public comme si de rien n'était, danse dans des clubs huppés, où elle s'fait acheter ses verres par un pauvre con, assez désillusionné pour croire qu'elle lui rendra la pareille. elle finit toujours pas rentrer dans son studio peu reluisant. cendrillon des temps modernes. sahar, elle déteste à quel point elle est obsédée par l'argent. mais il faut bien aider mama à rembourser ses dettes.

études/diplômes, emploi : stylist, business owner, influencer sahar, c'est la success story dont les américains et le monde raffolent. ce rêve tant espéré, tant idéalisé. la preuve que l'ascenseur social n'est pas rouillé. ce modèle de diversité et d'inclusion ! au fond, rien de plus qu'une fumée opaque, juste assez bonne pour les brochures où s'étalent des étudiants aux sourires colgate. diplômée de parsons avec un bfa in fashion design, elle n'a plus qu'un but en tête : prendre d'assaut cette ville qui ne dort jamais. sahar est styliste. après l'obtention de son diplôme, elle a accepté des stages et des jobs dans dans quelques boîtes réputées. dorénavant, depuis quelques mois, elle est devenue entrepreneuse. elle a crée mehyt, sa propre marque de mode. installé dans un coin relativement peu onéreux de new-york, ce n'est pour pour l'instant pas grand chose, mais sahar rêve grand. elle s'improvise aussi modèle pour sa propre marque, d'abord par nécessité, puis par passion. influenceuse aux quelques milliers d'abonnés, elle a l'amour de la mise en scène.

meilleure qualité : sa passion. dans ses créations, son travail, son amour et sa dévotion pour sa famille et ses proches. de feu et de glace, sahar est une femme tempête.

pire défaut : son obstination, son ambition parfois aveuglante, sa témérité. sahar se laisse parfois trop souvent emporter par ses passions, sans toujours réfléchir, ou être raisonnable. quand elle veut quelque chose, elle a deux choix qui s'offrent à elle : l'obtenir, ou la mort (ou presque, she's an ex drama kid after all)

plus gros secret : elle l'avait trouvé charismatique, mortellement talentueux. c'était lors de son stage de deuxième année dans une grande boîte de haute couture, sous la supervision d'un grand nom du monde de la mode. baba était malade à ce moment-là, les dettes et les factures s'empilaient, l'administration de parsons l'harcelait pour qu'elle règle ses frais de scolarité, en la menaçant d'expulsion. puis il y avait ce refus viscéral d'accepter la défaite, de les décevoir, qui lui rongeait les entrailles. ((alors, une nuit, elle a échangé son corps pour quelque liasses de billets)) c'était un homme qu'elle respectait, et qui avait abusé de sa confiance. les semaines suivantes, elle subit un calvaire. sa main s'attardait trop longtemps sur son dos. des blagues salaces lui étaient murmurés au creux de l'oreille. des remarques acerbes étaient crachés devant les autres stagiaires pour l'humilier. elle n'a rien dit ((comment aurait elle pût ? elle n'était rien)) elle attendu la fin du stage, comme une délivrance. puis elle s'est promis de ne plus jamais laisser quelqu'un la faire sentir petite.

Ton personnage fait parti d'une ou plusieurs associations ? : united heart, women's voice. c'est une cause qui tient à cœur à sahar. peut-être parce qu'elle se sent que trop concernée. pour les larmes de mama. ses mains ridées. ses regards, souvent ailleurs. pour cette culpabilité, qu'elle a en travers de la gorge.