Backstage //Ft. Yuri Kim//

Le souffle court, le front rendu humide par l'intensité des spots et la gorge asséchée par la prestation que tu venais de donner. Tu fus on peut plus ravi de retrouver ta loge et te préparas sans attendre à l'arrivée de ton invité d'honneur, une agent artistique du nom de Kim, t'épongeant rapidement le front avant de t'enfiler l'intégralité de ta bouteille d'eau. Cette femme, l'on t'en avais longuement parlé, te vantant son professionnalisme et l'efficacité avec lesquels elle gérait ses artistes. Des ouïe-dire qui attisèrent ta curiosité, te poussant à te documenter d'avantage sur cette agent. Elle te parut jeune, trop même. Qu'elle expérience un si petit brin de femme pouvait avoir ? Qu'est-ce qu'elle y connaissait au showbiz ? Comment pouvait-elle s'être fait une si bonne réputation si ce n'était en se faisant pistonner ? Merde, tu avais connu un succès fulgurant à Broadway alors que tu devais bien avoir 5 ans de plus qu'elle ! Jaloux ? Peut-être. Curieux ? Certainement. En tout cas, tu l'étais suffisamment pour l'inviter à cette représentation, lui offrant même une place au premier rang. Après tout, elle ne pouvait pas être plus incompétente que Bernie.

Bernie était un homme tout à fait sympathique, un homme d'expérience qui connaissait son métier. Mais Bernie t'agaçais de plus en plus, trouvant toujours à redire sur ton comportement, sur celui de tes enfants ou encore sur ta situation familiale. Tu avais déjà les nerfs à vif, serrant les dents et les poings à chaque détour par ton penthouse, à chaque passage chez ton avocat. Tu n'avais pas besoin que cet idiot en rajoute une couche. Un peu plus et tu serais bon pour la dépression nerveuse, dépression qui t'enverrai obligatoirement à l'asile. Un peu plus loin de tes fils, un peu plus loin de la scène, un peu trop près de la prison et des remords. Tu ne pouvais pas continuer comme ça, il fallait que ça change et vite. Vite oui, mais pas trop vite. Tu voulais te débarrasser de Bernie mais certainement pas au péril de ta carrière. Cette femme que l'on surnommait le requin devait te prouver que ses dents étaient suffisamment affûtée pour qu'elle n'ai pas besoin de se les faire sur ta carrière.

Tu te recoiffais lorsqu'elle toqua à ta porte. Tu attendis une dizaine de seconde avant d'aller lui ouvrir, jouant délibérément avec sa patience, te doutant des rumeurs qu'elle avait dû entendre sur toi et ton sale caractère. Tu la saluas et l'invitas à prendre place dans la loge alors que t'asseyais face à elle, étirant par la même occasion tes longues jambes.

《Ravi de vous rencontrer, Miss Kim. On m'a dit énormément de bien de vous. À voir jusqu'où sont allés les boniments. Le spectacle vous a plu ? Il aurait pu être meilleur si le metteur en scène n'était pas si bête.》