MEÏ KUHN • Tamika Fawcett

quelles sont tes ambitions de vie ? Meï, elle n’est pas spécialement ambitieuse. N’a jamais eu d’autres projets que celui de l’égalité entre chaque Hommes, le bien-être des êtres vivants et de la planète. Elle a beau être confiante, Meï, elle cache ses faiblesses, engendrées par la perte de deux êtres si chers à son cœur.

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souffres-tu de maladies, addictions, tics, ...? Elle ne souffre d’aucune maladie particulière, même si une violente dépression l’a suivi de ses 18 à 21 ans. Plus ou moins remise sur pied, grâce à une psychologue, Meï, elle en a gardé quelques séquelles. Une culpabilité démesurée couplée à une gestuelle nerveuse : souffle fort, palpitant en folie, vertiges, nausées et mains essuyant son visage. Il y a aussi sa consommation de drogues et d’anxiolytiques, qui inquiète ses proches, parfois trop déchirée pour aligner deux mots.

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comment les gens te jugent-ils généralement ? Meï, elle est adorée. Aimée. Un rayon de soleil, à qui l’on a envie de tout dire, sans aucun détour. On lui donnerait tout, à cette personnalité incandescente, qui évolue avec une aura si positive, bienveillante, que l’on croirait l’enfant, arraché du paradis.

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œuvres-tu dans ton intérêt ou dédies-tu une partie de ta vie aux autres ? Elle vit pour les autres. Il n’y a aucun débat à avoir quant à son dévouement, presque aveugle, envers les autres. Elle se donne corps et âme dans d’innombrables causes, Meï, soucieuse du bonheur de chacun, quand elle, est ruinée. Minée. Entre manifestations, dons, bénévolats et engagements multiples, ses journées sont rythmées autour du monde. Celui-ci s’effondrant dès lorsque les ombres déambulent dans le cabinet des horreurs.

as-tu un casier judiciaire ? Aucun casier judiciaire, Meï, elle est innocente. Cela va à l’encontre de l’éducation reçue, visant à ne jamais plonger dans l’illégalité ou la violence.

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quelles sont les pires et meilleures choses que tu aies faites ? Toutes ces fois où elle a aidé, sauvé, aimé. Fait rire. Parler. Ces actions-là, elles font partie des meilleures. Celles qui animent sa vie, la rendant plus légère et moins vulnérable aux descentes. Ces instants, où elle repense au corps inerte de son amour, à celui de sa mère. Celles ayant perdu la vie par son unique faute.

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quel est ton plus grand regret ? Meï, elle est gorgée de culpabilité. S’en veut à mourir. Pour ce suicide qu’elle n’a pas pu empêcher. Pour cette mère, renversée par une voiture, en cherchant sa fille envolée. Et dans le noir, elle se tue à petit feu, se punit, lorsque reviennent, les mains ensanglantées.

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penses-tu, au fond de toi, être quelqu'un de bon pour les autres ? Elle ne le dit pas, mais se sait bonne, pour tous les retours positifs qu’on lui adresse. Même si au fond, Meï est bloquée dans un torrent de marasmes, elle demeure un être foncièrement bon.

CHAOTIC GOOD - ouverte d'esprit, bruyante, dynamique, charmeuse, engagée, loyale, de confiance, protectrice, indépendante, libre, dénuée de jugements, confiante, grande gueule, honnête, bienveillante, attentive, frivole, imprévisible, aventurière casse-cou, débrouillarde, facile à vivre, optimiste, serviable, insouciante, respectueuse, secrète, meurtrie.

(1) Les rayons ardents cognaient. Des perles humides ruisselaient, le long des tempes collantes. Les contractions se rapprochaient, faisant se courber la mère en nage, dans sa robe de toile. Là-haut, le soleil ne cessaient d'être violent, de teinter de carmin, les épidermes, calcinés de coups de l'astre. Et les plaintes s'accentuaient, dans une course contre la montre. Arrivés à l'hôpital, pour que la petite naisse, sous un ciel de plomb, baignée de flammes. (2) C'est ainsi qu'elle est née, la gamine aux cris perçants, stridents. La petite dernière des Kuhn, au sourire étincelant, mais dont les plaintes, faisaient grincer des dents. Gigotant dans tous les sens, ne tenant pas en place, l'enfant qui tombait trop souvent, en riant, même si les genoux étaient écorchés. (3) Elle a eu une enfance heureuse, Meï. Aimée par sa famille, de nombreux ami(e)s autour d'elle, elle faisait l'unanimité la petite, par sa joie de vivre et son dynamisme : toujours un mot gentil ou drôle, à glisser. Tendant les mains à ceux dans le besoin. Eux, ils voyageaient souvent : du bénévolat à de simples escapades naturelles, Meï, elle n'imagine plus sa vie sans tous ces déplacements. (4) Meï, elle a évolué au sein de la nature, des animaux. Elle a appris à respecter l'environnement et tous êtres vivants, chérissant chaque ressource, offerte par la planète. À ses yeux, la nature est précieuse, à respecter, une divinité comme une autre. Une large partie de son éducation a tourné autour de la nature et ses cadeaux, mais également face aux êtres humains. (5) La brune, elle n'a jamais toléré les injustices, les discriminations. Elle n'hésite pas, lorsqu'il s'agit de défendre les personnes blessé(e)s, malmené(e)s. Et elle s'est forgée un sacré caractère, vivant du plus profond de son être, chaque conviction qu'elle porte, en son cœur. Elle est bénévole dans quelques associations, présente lors de manifestations et vient en aide à ceux et celles dans le besoin. D'ailleurs, elle a toujours été végétarienne, orientation végétalienne depuis sa majorité. (6) Vivre au sein d'une famille si ouverte, Meï, elle n'a eu aucun mal à assumer sa préférence pour les femmes. Ses yeux bruns ne se posaient que sur les filles, qu'elle trouvait si belles, si attirantes et enivrantes. Meï, elle les aimes, du plus profond de son cœur et même si elle ne tombe pas amoureuse, la belle, elle aime les caresser, les effleurer, de son corps brûlant, de ses lippes humides. Les admirant comme des œuvres d'art. (7) Et le départ de Perth, pour New York. Papa a obtenu un job, convoité depuis des années. Le premier déménagement, à l'autre bout du monde. Au revoir les habitudes et les amitiés, ancrées depuis la jeunesse, pour une ville bruyante, dynamique, urbanisée. Elle s’est vite adaptée la gamine. Véritable caméléon. Même si, elle a fait des erreurs. Voler la voiture des parents, pour une soirée clandestine. Sa mère, paniquée, l’a cherché, Meï, mais dans une véritable chasse à l’homme, la mère s’est faite renversée. Les prémices d’une culpabilité monstre, d’une mère décédée par ses déboires adolescents. Dix-huit ans. Une peine jamais affichée. (8) Meï, on ne peut pas dire qu’elle a été scolaire. Toujours à discuter, rire, déconnectée de l’environnement scolaire, pour se consacrer aux autres. Notes sacrifiées, Meï elle ne tenait pas en place, incapable de rester assise trop longtemps sur une chaise. Dynamique, surexcitée, parfois épuisante, la petite. Pas étonnant qu’elle n’ait pas prit le chemin des études supérieures. (9) Et c’est tout naturellement que Meï, elle a bossé très jeune. Serveuse, cuisinière, vendeuse... Elle a tout fait, jusqu’à travailler dans les champs et vergers, pour se permettre l’indépendance. Y’a eu des années sombres, Meï, qu’elle camoufle sous ses risettes enjôleuses. (10) Meï, y’a eu ce coup de fil. Les adieux avec le premier amour. À peine vingt ans, Meï et elle n’a pas su trouver les bons mots, pour l’empêcher de commettre l’irréparable. Elle est arrivée trop tard, se nichant au creux d’un corps froid. L’ange s’est envolé, avec tous ses espoirs d’avenir. Meï, elle est meurtrie, crevée par la culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir pu la sauver. Maya, son amour éternel. Sa mère, aussi envolée, par sa faute.