MARTHIAS » I'M SO SICK OF ME.

I'M SO SICK OF ME

MARTHIAS 7

Marla, elle était la froussarde, celle qui prenait la fuite, lorsque cela devenait trop intense, trop puissant. Et c’était le cas, après l’annonce, la demande, le don du double des clés. La porte du paradis, l’ouverture d’une nouvelle entrée vers une vie à deux, autre que celle vécue entre ces murs, sentant la mort. Ils en avaient passé tant, des moments ensemble, ici, à être là pour l’autre, que cela lui faisait un bref pincement au cœur, de s’imaginer vivre en dehors. Même si la maison était un rêve, elle n’oubliait pas, Marla, d’où elle venait, comment sa pudeur se manifestait, lorsque ses sentiments étaient sur le point de s’exprimer. Ainsi, elle lui tournait le dos, prétextait une soif pour se servir un verre d’eau dans la cuisine. Nerveuse, certainement, rassurée de s’être échappée à temps, sur le point de lui dire ces trois mots. De peur de tout gâcher, elle se taisait, appuyant ses mains sur le rebord de l’évier. Rapidement rejoint par Mathias, il la serrait contre elle et ses mots ne faisaient que remuer le foutoir émotionnel à l’intérieur. Même si le sourire étoilé s’éveillait, Marla, elle demeurait silencieuse. Foutue en l’air par l’absence d’amour de sa vie, elle rêvait de l’être, à son tour, d’en donner tout autant, de ce que l’on nomme Amour. La peur au ventre. Tu veux juste être aimée à la folie, kiddo.

(c) TORTIPOUSS.

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MARTHIAS 7

Marthias, c’était l’histoire de deux gamins qui n’ont pas de chances : ni dans la vie, ni dans la mort ; encore moins dans l’amour. Mais en dépit de tout ce foutoir, ils s’étaient trouvés : à travers la vie, à travers la mort ; ils avaient construit leur amour dans le désastre des astres. Et c’est ce qui les rendait plus vivant encore. Mathias connaissait l’aversion de la brune pour les situations trop sérieuses ; les engagements trop grands ; et les amours trop faibles. Une putain de carence, et tout est dépeuplé. Marla, elle était de ces anges qui pouvaient disparaitre à n’importe quel moment : vous donnant de son temps ; vous accordant son corps pour une durée indéterminée. Elle pouvait reprendre aussi vite qu’elle donnait. Et Mathias, il avait peur qu’elle s’échappe, à chaque instant de sa vie : conscient que sans elle, il ne saurait plus comment respirer. Quand elle s’est écartée, pour camoufler un trop plein de choses inconnues, il n’a pas voulu la laisser seule avec tout ça : il se voulait confiant, rassurant ; alors que lui-même ignorait ce que la vie déciderait pour eux. Mais il l’a enlacé. Délicatement. S’est confié. En murmurant. Mais elle ne semblait plus vraiment avec lui, à ce moment précis. Et peut-être qu’il aurait aimé pouvoir rajouter quelques mots ; ceux qui pouvaient réparer les âmes et apaiser les cœurs. Mais il avait peur de la faire fuir, un petit peu plus, alors qu’il la sentait déjà sur le point de partir. Il déglutit. Sueurs froides dans le dos. Alors qu’il caresse son ventre. Se donne à cœur ouvert.

« Je. » Bloqué quelque part entre le cœur et les lèvres. Le cœur au bord des lèvres.

(c) TORTIPOUSS.

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Fuite, sortie immédiate de la zone accidentée à venir. Marla, elle s’y était habituée, à force de fuir, l’on ne s’essoufflait plus vraiment. Pire, le cœur s’habituait à être secoué par la peur, l’adrénaline, l’excitation, mais surtout par l’appréhension, les phobies de tout gâcher. Qu’elle le fasse fuir et qu’il ne revienne jamais, en s’apercevant qu’elle était claquée au sol, Marla. Qu’elle ne savait pas s’y prendre, que tout cet univers du couple lui était inconnu, puisque le cœur ne s’était pas animé depuis si longtemps. Longue hibernation, il avait fondu proche de Mathias. Il s’était fracassé sur les ruines de ses peurs, de ses carences, les comblant pour ne plus qu’elle faiblisse, la poupée. Qu’elle soit solide et rassurée, avec lui. Et c’était entre ses bras qu’elle reposait, se défonçant la conscience, le cerveau, d’hésitations et de craintes, se posant des milliards de questions, commençant par des « et si ? ». À se faire complexer, sur toutes ses failles. Celles cachées et plus évidentes, en se plongeant dans son regard. Finalement, Marla, elle ne parlait même plus, ramenant ses mains sur celles de Mathias, à même son ventre, pour doucement, le caresser. La peau cajolée de quelques mouvements de phalanges, le regard dans le vide et la langue coupée, incapable de parler, de démêler ce bordel sentimental, ce flou émotionnel.

(c) TORTIPOUSS.

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Il aurait aimé être facile : savoir dire, exprimer ce qu’on ressent, le cœur au bord des lèvres ; l’attentat au firmament. Mais Mathias, il était aussi fêlé que Marla : rempli de tellement de fissures que la lumière parvenait finalement à éclairer quelques morceaux de son âme ; envolée. Parsemée. Quand il a posé sa tête dans son cou, qu’il a caressé son épiderme comme on toucherait une œuvre d’art -doucement, du bout des doigts, il l’a senti : tourmenté, fracassé par tellement de pensées que même lui n’aurait pas supporter. Les maux bien plus forts que les mots, à ce moment précis. Et il aurait pu tout recoller, Mathias : à coup de je t’aime, bien placé, pour qu’elle n’ait plus peur de rien. Ni de lui. Ni d’elle-même. Ni de la vie. Et que la mort ne devienne qu’une vieille amie. Mais il était stoppé, par la barrière d’un peu trop de ressentiments ; une pudeur malmenée, massacrée par le temps et les gens. Peut-être que Marla comprendrait le silence ? N’était-elle plus là pour le voir. Vague à l’âme, sujet absent, la sirène se laisse emporter par des flots trop tumultueux pour que Mathias suive sa trace. Il ouvre la bouche. Ne laisse passer que quelques respirations. La referme. Les sueurs dans le dos, le cœur au bord de l’arrêt ; le cerveau à mille à l’heure. Et il se demande, comment des mots peuvent avoir cet effet-là. Chuchoter. Murmurer. Faire quelque chose, qui changerait le monde. Son monde.

« Je t’aime. » Lancé, à la dérive des sentiments.

(c) TORTIPOUSS.

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Elle aurait voulu s’effondrer, éclater en sanglots et dire, entre deux haut-le-cœur, qu’elle avait besoin d’amour, Marla, qu’on l’aime si fort, que c’en était inimaginable. Qu’elle n’était qu’une merde, ne sachant pas quoi faire de toutes ces émotions en pagaille. Qu’elle était fissurée, brisée, en morceaux et que la lumière de l’extérieur ne faisait que la brûler, un peu plus, pour la réduire en cendres. Pour autant, elle ne faisait rien de tout cela : se contentait d’intérioriser toutes ses craintes, au lieu d’en parler, au seul être ne lui ayant jamais fait de mal. Ce serait elle qui lui en ferait, parce qu’elle était habituée à se saboter et à le faire subir aux autres : se croyant pourrie jusqu’à la moelle, alors que la jolie faisait toujours de son mieux. Pour ne jamais heurter ceux qu’elle aimait. Et Mathias, elle l’aimait, du plus profond de son âme, désirant finir son existence putride, vaine, à ses côtés. Qu’il ramasse les morceaux, les recolle de son amour, elle faisant la même chose. Essentiel à la survie de l’autre, désormais. C’était avec des mots doux qu’il la tirait de son enfer, lui arrachant un « Hein ? » d’un murmure perdu, du mal à réaliser, Marla, ce qu’il venait de lui murmurer à l’oreille. Elle mettait quelques secondes pour émerger, se retournant pour lui faire face. Les prunelles humides, sur le point de déverser quelques larmes. Une risette teintée d’émotion, ses paumes tremblantes se posaient sur les joues de Mathias, rivant ses mirettes des siennes, le contemplant. Sa merveille. Les sanglots montaient, si bien qu’elle ne faisait que bégayer, perdant ses moyens, en voulant simplement lui dire en retour. Secouée par ces émotions qu’elle dévoilait, se mettant à nue, face à son Amour. Elle éclatait en sanglots, Marla, l'enfant, trop émue, trop touchée, trop carencée. Trop tout.

(c) TORTIPOUSS.

I'M SO SICK OF ME

MARTHIAS 7

Des notes de piano dans l’air, le cœur si léger maintenant qu’il parvenait à s’envoler, Mathias il souriait : conscient que ces quelques mots suffiraient à réparer les milles maux qu’il lui avait infligé. Parce qu’il avait beau être inconscient que son mal-être était plus profond, que ce n’était pas forcément de sa faute et que Marla, elle était comme ça, détruite ; il se culpabilisait toujours de ne pas réussir à faire partir les tourments dont elle semblait être en proie. Alors, il se flagellait de ne jamais être assez pour elle. Avec la peur qu’elle ne parte, le jour où elle se rendrait compte qu’il n’est que noirceur dans sa vie. Elle avait beau le rendre plus lumineux, Mathias perdait en intensité quand venait frapper la fiole des souvenirs : cabossé, attiré dans l’enfer d’une vie ; il boitait maladroitement pour se rapprocher un peu plus et frapper en plein cœur la douce Marla. La voix qui tremble, les jambes qui se dérobent, elle se retourne pour lui faire face : et le miroir qu’elle lui renvoie le rend un peu plus grand, un peu plus fort. Entre ses mains, il semble plus fragile. Il passe ses bras autour de sa taille. La regarde éclatée en sanglots. Et caresse son dos avec une délicatesse qui ne lui ressemble pas.

Parce qu’un je t’aime vaut milles mots, non ? Il est incapable de se répéter. Trop profond, trop violon : il aime à laisser les choses comme ça, à cet instant précis ; à ce moment-là. Se contentant de retrouver les lèvres de la beauté. Pour un aller, à la maison.

(c) TORTIPOUSS.