Karma is a bitch || Leith #1 ((TW VIOLENCE))

Karma is a bitch. C'est la première phrase qui te vient à l'esprit lorsque tu penses à ce que tu viens de perdre lorsque le karma a décidé de te faire payer tous les actes horribles que tu ai pu commettre dans le passé. Tu as d'ailleurs commencé à payer les frais fin décembre, vivant de nombreuses heures impossibles à supporter pendant lesquelles ton corps a cessé de t'appartenir. Mais cela ne semble pas être suffisant puisque tu viens à présent de perdre celui que tu considère comme ton tout : Levi. Tu as l'impression d'avoir perdu une partie de ton cœur et ça te brise, te détruit. Et te pousses à faire une nouvelle connerie, à aller te perdre dans une foule d'inconnus. Dans cette boîte de nuit où tu ne penses connaître personne et où la drogue vient te corrompre, te faire comprendre que tu dois te laisser aller. Des pilules entre les doigts, un verre d'alcool dans la main libre, t'as les yeux fermés et tu te laisses aller. Tant pis pour ce qui arrivera, tant pis pour tout le reste. Tant pis si ce mec vient mettre à mal ta sécurité bien trop précaire.

Une troisième mission pour les masqués, une troisième étape vers le lavage de cerveau ; afin de devenir comme eux, un monstre, un criminel. La rage qui coule encore dans ses veines, malgré toute la colère qu’il a déversé tout à l’heure dans l’établissement, rien ne semble l’apaiser, pas même les verres qu’il enchaîne ou les pilules qu’il ingère. Depuis le trente-et-un janvier, il est si furieux contre le monde. Probablement que c’est pour ça qu’il s’est attaqué gratuitement à Emrys, ce garçon qui hantait toutes ses journées à l’école, celui dont il se cachait pendant les pauses : en vain. Il se rappelle encore de la peur au creux de son estomac quand il l’attrapait pour l’emmener dans un de ces casiers, désormais il est la raison pour laquelle il ne supporte plus les recoins étroits. De longues heures à appeler à l’aide, à crier, à se demander s’il restera seul, coincé et misérable. Il savait qu’il serait ici. Après tout, c’est un informateur. Alors, il est venu, dans l’espoir de se venger d’une quelconque manière. Briser son amitié avec Levi ne lui a pas suffi. Peut-être qu’il devrait briser sa mâchoire, maintenant. Il cherche, le rebelle, la moindre silhouette tatouée. Et il le voit. Là, pathétique et défoncé, tout comme lui. La haine grimpe de plein fouet, le saisit, l’aveugle. Sa respiration se saccade, ses doigts forment un poing, son regard s’injecte de noirceur. Ses pas l’amènent frénétiquement à lui et une fois à sa hauteur, il ne lui laisse pas le temps : d’un geste brusque de main, il dégage le verre d’Emrys de sa main, un sourire hypocrite placardé sur son visage pourtant fermé.Tiens donc, quel hasard ! Comme on s’retrouve ! J’étais supposé dégager de ta vie, mais il se trouve que parmi touuuutes les fêtes de New-York, on s’croise à nouveau. Il se tait un instant, la tête légèrement penchée sur le côté, il lui réserve son coup d’œil le plus sombre, mais en même temps : il lui offre son plus beau sourire. Alors, Em, tu te remets de ta tragique rupture d’amitié ?

Une journée de trop dans ce monde, un jour dont tu te passerais bien même si tu n'a pas encore le courage de faire face pour de vrai à la mort. Tu cours après la faucheuse depuis des années, fais en sorte de la rencontrer dès que tu le peux mais tu n'arrives jamais à repartir avec. Mais, peut-être que ce soir tout va changer. Tu n'as presque plus rien qui te retiens sur terre en dehors des quelques amis que tu as encore. Et tu comptes passer une dernière soirée normale avant de te laisser sombrer une fois de plus, oublier tout ce que tu vis derrière la drogue et l'alcool avant de peut-être marqué tes bras de nouvelles traces. Et, là, tu viens te faire interrompre par ton verre qui s'échappe de tes doigts et une voix qui vient te perturber. N'ouvrant pas tout de suite les yeux, c'est le visage que tu connais par cœur d'un brun qui apparaît devant toi. Et sa voix se porte jusqu'à tes oreilles alors que tu fronces les sourcils. Qu'est-ce que tu veux Park ? Ça t'as pas suffit d'être le responsable indirect de cette séparation ? Tu soupires et penche la tête sur le côté, lassé de sa présence loin d'être voulue. Si c'est juste pour me faire mal, frappe un coup et dégage. J'suis pas d'humeur à supporter tes conneries, p'tit nerd.

La main qui tremble sans qu’il ne s’en rende compte, la rage qui pulse dans ses veines, il est différent du nerd d’avant, Leith. Par le passé, jamais il n’aurait osé un tel affront, lui qui se cachait derrière ses grandes lunettes. Au pire des cas, il balbutiait un « a-arrête », mais c’était déjà un exploit s’il arrivait à formuler une quelconque phrase. Désormais, le voilà à toiser le plus grand, prêt à lui sauter dessus au moindre faux pas. Emrys paraît misérable, cependant il ne s’y attarde pas plus, son cœur battant à tout rompre quand il l’écoute. « Responsable indirect » il ricane, ne répondant pas et… le dernier mot, celui de trop. P’tit nerd. Il reste figé un instant, à le regarder de toute son animosité, les pulsions l’assaillissent. Frappe-le, frappe-le, frappe-le. La voix basse, dangereuse, il déclare : Tu… m’as appelé comment là ? P’tit nerd ? Oh, Emrys, fallait pas m’dire ça… vraiment pas… parce que maintenant, ça m’fait rappeler de mauvais souvenirs… Et sans prévenir, il élève sa main qui s’abat brutalement sur sa joue en une claque. Le bruit résonne, même par-dessus la musique. Son souffle est irrégulier, erratique. Ça, c’est pour toutes les fois où tu m’as enfermé dans les casiers. Puis, un coup de poing, il ne contrôle pas sa force. ÇA, C’EST POUR LES FOIS OU TU ME TABASSAIS !

Indigne de l'amitié de Levi, tu savais aussi que tu étais indigne de vivre. Tu as été le pire cauchemar d'une dizaines d'ados, celui qu'il voulait tous éviter et il fallait bien qu'un jour ou l'autre tu fasse face aux conséquences de tes actes. Conséquences qui ne tardent pas à arriver lorsque tu dois faire face à Leith, n'étant pas en état de tenir une vraie conversation avec lui. Ça te fais mal, dans le fond, de faire face à celui qui vient de te pousser à mettre fin à ton amitié avec Levi. Le mot de trop sort de ta bouche et tu t'en rends compte quand ta joue vient accueillir ses doigts, y laissant une marque rosée. Qu'est-ce que- Tu n'as pas le temps de r"agir, écoutant ses paroles d'une oreille distraite alors que tu te prends un nouveau coup. Et tu vacilles, faisant quelques pas en arrière sans même t'en rendre. Qu'est-ce tu fous putain ?! Mais tu te laisses faire, acceptant les coups en silence.

Le premier coup part, puis le deuxième. Son cœur battant à tout rompre, il vient à peine de réaliser ce qu’il est en train d’actionner : une crise de rage. Toutes ces années à réprimer ces souvenirs qui le hantent encore aujourd’hui, à déglutir à la vision d’Emrys, à éviter tout contact avec lui dans l’espoir d’oublier ces moments terribles… tout le frappe de plein fouet et il le sait pertinemment, il ne peut pas s’arrêter là. Alors, il l’observe reculer, prend un malin plaisir à le surprendre de la sorte. La violence qui coule dans ses veines, une dont il ne s’en croyait pas capable. Pourtant le voilà à le regarder, de sa respiration saccadée, à se demander qu’est-ce qui peut bien l’empêcher de le tuer là tout de suite. La foule rameutée autour d’eux, certains sortent leurs téléphones pour filmer cet événement, d’autres chantonnent : ils veulent du sang et ils l’auront. Ça t’fait quoi d’être à ma place, hein ? qu’il rugit de manière désarticulée, le regard injecté de folie. J’en ai pas fini, Emrys, oh non… Il s’approche de lui, l’expression menaçante, frisant le sadisme. Il se délecte de ce qu’il entreprend, il jubile tel un prédateur qui encercle sa proie. Sans prévenir, il saute sur lui d’une telle force qu’il ne comprend même pas qu’ils sont tombés tous les deux sur le sol. Toujours inconsciemment, il est guidé par sa haine, tellement qu’il ne saisit pas qu’il vient de lui flanquer un autre coup de poing, jusqu’à ce que ça s’enchaîne, jusqu’à ce qu’il ait l’air d’un détraqué. Maintenant c’est fini de jouer les enculés ! Tu mérites qu’une bonne leçon ! Sans saisir la gravité de la situation, il s’imagine être le héros à la cape, alors qu’en réalité il devient le vilain de l’histoire…

Tu mérites ce que tu es en train de vivre, Emrys. Tu mérites toute cette violence que tu ressens dans les coups de ton. Toute cette haine... Tu mérites tout ça puisque tu devrais l'avoir vécu depuis longtemps. Le souffle court, tu acceptes les coups que tu reçois, ferme ta gueule quand Leith cherche à te provoquer. Tu n'as pas envie de te défendre, sachant très bien qu'il ne fait que te rendre les coups que tu as pu lui donner lors de votre adolescence. Et tu finis par rencontrer la froideur du sol, te laissant dominer par le plus jeune qui frappe encore et encore. Tu as le cœur qui bat à tout rompre, espérant presque crever sous ses coups tellement tu n'en peux plus de cette vie. Tu ne prêtes même pas attention à ce qu'il se passe autour de vous, fermant tes yeux pour supporter la douleur et tenter de retenir les larmes qui menacent de s'écouler. Mais elles finissent par quitter tes yeux, envahir tes joues alors que tu te défends enfin, bloquant son point de tes doigts. S'tu veux... m'donner une bonne leçon, bute moi. Tu marques une légère pause avant de reprendre la parole. Bute-moi, p'tit nerd... A part s-si t'es tou-toujours aussi faible. Et un rire, presque fou, quitte tes lèvres. À quoi joue-tu, Emrys ? Tiens-tu si peux à cette vie qu'on t'as offerte ?

Aussi étrange que ça puisse paraître, plus il cogne, moins la rage disparaît : c’est comme si elle s’est collée à lui, l’encerclant de ses bras, lui murmurant à l’oreille qu’elle restera près de lui quoi qu’il advienne. Il a beau le frapper de toutes ses forces, les iris pétillantes de haine, la respiration saccadée, la rancune palpable… il ne parvient pas à se reposer, ni à se fatiguer. Il pourrait continuer, jusqu’à ce qu’il le tue, jusqu’à ce que ses yeux se détachent de ses orbites. Il s’apprête à abattre un énième coup, mais son poing est immobilisé entre les doigts d’Emrys. Ce dernier se met à parler, à cracher son venin. Il siffle le surnom, titille de nouveau les mauvais souvenirs. P’tit nerd, faible… deux mots qu’il a toujours tant haïs. Ses yeux s’écarquillent, il reste un instant figé, à hésiter. Avec plaisir, qu’il rugit entre ses dents, ne se rendant pas compte qu’il est en train de pleurer de rage. Toutefois, il n’a pas le temps d’entreprendre quoi que ce soit, car enfin, parmi toute cette foule assoiffée de sang, il entend un discours plus sensé. Il va l’tuer, putain ! Restez pas là sans rien foutre, bande de demeurés ! Leith s’arrête, le poing relevé et hésitant, comme s’il sortait de sa torpeur, revenu brusquement à la réalité. Il tourne le visage, l’expression alarmée, le souffle encore irrégulier, à observer tout le monde. Des téléphones partout, la peur, la surprise, l’amusement, le mépris… Mais qu’est-ce que j’fous… souffle-t-il, plus pour lui-même, sans savoir si quelqu’un l’entend. Il se relève subitement, dégoûté de sa propre personne, jetant un coup d’œil effrayé au corps d’Emrys.

La douleur se diffuse dans tout ton corps mais, pour une fois, ne vient pas satisfaire tes envies de souffrances. Car tu sais que tu ne voulais pas vivre cette situation, que tu aurais préféré l'éviter et que tu aurais pu si tu n'avais pas été un connard dans le passé. Peut-être même que tu aurais pu être le sauveur de tes victimes si tu n'avais pas été si facilement influencé dans tes jeunes années. Tu sens le sang s'écouler des plaies qui s'ouvrent sous les coups,de ta peau qui se rompt au contact de ses doigts. Et, si tu le pousses à te tuer, tu remarques les larmes qui coulent de ses yeux pour rejoindre les tiennes, te faisant comprendre que tu n'es pas le seul à souffrir de cela. Mais tout prend fin, le plus jeune s'arrêtant brusquement alors que tu galères à retrouver ton souffle. Te retrouvant seul au sol, tu restes immobile quelques secondes avant de te redresser. Même pas capable d'aller jusqu'au bout... Il te fait penser à toi, dans le fond, puisque même avec toute la volonté du monde tu n'arrives jamais à faire le dernier geste nécessaire pour provoquer la fin de ta vie. Tu le regardes tout de même avec arrogance, un sourire fier sur les lèvres bien que ton visage est ravagé par les coups et les larmes. Un jour tu sauras aller jusqu'au bout des choses... Et ce jour-là, je veux être la première personne que tu tueras.