GROUPE 1 - convocation du jeudi 11.

Alia, t'avais aucune envie d'être ici, et t'avais encore moins besoin d'une psychanalyse à deux ronds. S'assoir, attendre, puis parler de soi, c'était tout simplement hors cadre. Avec tout ce que tu avais vécu ces derniers temps, tu avais besoin d'actions, d'altruisme et de silence. Surtout le silence. Entendre les battements réguliers de ton cœur (du sien), et uniquement ça. Même si ton corps n'avait plus aucune marque de ces traumatismes, ton âme, elle, elle était pleine de failles, de douleurs intenses, immenses. Tu ne parvenais plus à dormir sans ces médicaments, tu ne parvenais plus à être seule. Alors tu travaillais, sans cesse, sans arrêt. Totalement larguée dans une réalité qui n'était plus vraiment la tienne. Et même si tu n'avais écouté que d'une oreille les ragots sur les associations, tu ne comprenais pas vraiment l'objet de cette enquête. Mais nullement l'intention de faire des vagues, tu entrais dans la pièce, tu saluais les gens t'entourant d'une voix faible. " Bonjour ". Le seul mot que tu dirais ce jour, enfin, c'était ce que tu croyais lorsque tu t'assied sur cette chaise en bois rudimentaire.

Flemme.
Mais bon, il faudra bien y aller et se dit que Nana, Byul-Li passent un pire moment que lui. Il a une chance d'être dans un groupe, donc ça facilite les choses. En tout cas il est venu sans trop être bavard, sans croiser le regard des autres. Enfin, il ne s'est pas privé de les regarder assez rapidement pour les jauger et puis c'est bon. Il finit par s'installer sur la chaise -inconfortable- et joint les mains en écoutant d'une oreille passive cette femme qui semble être si joyeuse. Joie pas si partagée que ça. "Ça se termine quand ce fake groupe de soutien ?" demande-t-il tout simplement, sans être poli.

Flemme pt2.
On l’appelle par son prénom. Gaby force un petit sourire et regarde la personne qui gère le groupe d’une main molle à son goût. En tout cas, elle n’arrête pas de parler et elle enchaine sur des questions que Gaby ne se prive pas de répondre avec une insolence profonde.  « Je pense que je suis en capacité de remplir mon rôle. » Il hausse les épaules et ne voit pas ce qu’il peut dire de plus, puisqu’il a répondu à la question et ce, sans aucune hésitation.

Les mots derniers mots de la prénommée Lily firent pouffer l'acteur qui se retient de laisser échapper un "connerie". Elle n'avait pas la moindre envie d'être là et son sourire forcé n'amadouait personne. Un deuxième pouffement émanant de l'acteur, cette fois-ci impressionné par l'insolence de l'autre homme. Ce groupe n'était clairement pas le plus loquace et cela satisfaisait grandement l'européen qui demeurait tapis derrière ses lourdes lunettes de soleil.

"Et il adviendra quoi de ces "personnes nécessitant un soutien plus important" ? Vous allez les virer du groupe et les envoyer voir des psychiatres ? Ce que vous ne semblez pas vraiment être. De ce fait, vous ne comptez que sur l'honnêté des gens, ce qui est rarement une bonne idée notamment lorsque l'on parle de leur état psychique. Vous savez, énormément de personnes souffrent de ce que l'on appelle le déni ?"

Le Russe se surprit lui-même, depuis quand parlait avec autant de véhémence ? Depuis quand abordait-il des thèmes comme la psychiatrie ? Il ne sut dire si cela était dut à la colère du deuil ou à sa cohabitation avec le psychiatre.