((momokabakh)) ocean hearts.

OCEAN HEARTS

les pas sont chancelants lorsqu'il escalade un monticule de pierres plates, le sont davantage encore lors de la descente. l'alcool se mêle au sang, gonfle les artères et dessine les veines à l'intérieur des poignets hâlés. il n'avait pas tant bu ((peut-être une bière par-ci, et probablement un gin par-là)), mais la fatigue des jours précédents altérait sa résistance. incapable de fermer l'œil une fois dans son lit, là où tout s'affaisse et où le monde tournoie, m o n s t e r avait ressenti ce besoin urgent de respirer. et il marche, les pas crissant sur le sable aux côtés de l'océan bleu de nuit, les joues colorées par l'effort risible. et il marche sur ce littoral inconnu dont les effluves sont ancrées en son âme comme le plus odieux et chérissable des secrets. pourtant au loin le phare illumine toute la côte, l'attire inexorablement vers son centre en revêtant la forme d'une femme aux longs cheveux bruns ; porté par sa candide naïveté, les foulées s'accélèrent, manquent de le faire dériver. alors, à l'instant où il arrive à son niveau, tout se fissure et le masque éclate en lambeaux de verre entaillant les corps sur son passage. le corps s'accroupit dans le dos (in)connu, les bras enlacent les hanches et le front brûlant se heurte à la nuque pour y étouffer ses gloussements hérétiques. t'es une sirène ou quoi ? la prise se raffermit contre la taille, force le dos à s'enfoncer contre son thorax (( ne me quitte pas )). bonsoir Katniss.

@Momoka Mikitani

OCEAN HEARTS

les songes se ramènent odieux face la désillusion certaine de se retrouver à cet endroit précis,à ce moment précis. ensevelie sous un tas de tissu, couverture miteuse désagréable, bercée par les ronflements des inconnus le corps tout entier se meut poussé par l'espoir qu'une certaine position puisse apaiser les tiraillements de ton coeur et l'agacement sévère de partager ta chambre, tes journées, tes sourires déchirant un peu plus tes astres pleurant dans le plus amer des secrets. mais c'était en vain tout était vain et la salut ne s'obtiendrait jamais de la sorte. alors tu marches même si chaque pas était douloureux, même si tu ne voyais pas, tu ne voyais plus où aller, qui t'attendrait. tu marches dans le simple espoir de le retrouver, de l'apercevoir encore une fois une dernière fois dans l'obscurité dont la seule lumière faible des étoiles créerait l'ombre de son visage, de son sourire encore intacte, encore victorieux face à la maladie. le pas est pressé, parce que tu as peur qu'il ne parte, qu'il ne te laisse toute seule, le pas est pressé et peut-être même couru, poursuivant ce je ne sais quoi, de toutes tes forces, de ton tout coeur. ne pars pas... la respiration est lourde, il va partir, il ne t'attendra pas, tu ne sais pas où tu vas tu espères simplement qu'il y est passé avant toi, que tu le trouveras au bout du chemin mais la terre se transforme en herbe et l'herbe laisse place à du sable. et ce n'est pas lui que tu trouves cette nuit mais...

(( la mer ))

les poumons crachent tu ne sais pas vraiment depuis combien de temps tu courrais et la panique laisse place au rire, un peu honteux. une main vient se plaquer sur tes yeux comme prise en flagrant délit d'un mensonge insolent. alors c'était ça... alors c'était peut-être lui que tu cherchais ce soir finalement? et alors ton corps ne bouge pas, il reste immobile profitant d'un trésor, comme une douce étreinte d'une retrouvaille inattendue et si précieuse. ton corps reste immobile et figé car tu l'attendais, et tu l'attendrais une heure, toute la nuit, ((toute la vie)) s'il le fallait. —surement qu'il le faudrait.
bercée par le son des vagues tu n'entends pas les foulées pressées et urgentes, tu n'entends pas non plus la respiration haletante et hurlante. c'est quand ton derme se confronte à la tendresse et la chaleur que les veines se dilatent dans l'urgence et influent à nouveau un soupçon de vie en toi. tu ne sursautes pas, seulement ton coeur. je ne me rappelle pas avoir chanté pour t'appeler. —mensonge . c'était pourtant toute ton âme qui pleurait son absence. je savais que tu viendrais.

@Hanseol Bakh

OCEAN HEARTS

les mains palpent les hanches dans l'espoir de trouver une prise concrète à laquelle se raccrocher ; les doigts pressent la peau par dessus les étoffes, se perdent sur le ventre, glissent sur le haut des cuisses -- chaque mouvement est teinté d'une maladresse tangible. et il soupire contre sa nuque ((hanseol)), y étouffe les effluves âcres d'alcool et ses soupires multiples. tu es sûre ? j'aurais juré. mais à nouveau se perd-il à rire, les épaules secouées par une hystérie nouvelle en laquelle il glisse avec bonheur et témérité. le front heurte un peu plus son derme, y apposant sa morsure brûlante quand l'étreinte se raffermit tout contre elle. j'aurais parié. -- la répétition n'a pas le moindre sens, pas plus que la position incongrue ou la situation hasardeuse qui les conduit une fois encore au bord de la liberté. contre le thorax, le cœur s'agite et palpite plus fort ((il cavale encore et encore, boom boom boom, que c'est bon)).

(( ne pars pas,
tu m'as promis.
ne me quitte pas,
c'est interdit.
j'ai besoin de toi
pour exister.))

l'hiver est parti, emportant son manteau de neige et de fourrure. emportant ses masques de givre et les canines perçantes des loups blancs. sous la nuit de printemps, les confidences sont sereines et les promesses se teintent d'éternité. alors qu'hanseol tente de se redresser, tout son être vascille et manque d'écraser la femme sur laquelle il appose une partie de son poids ; alors la main est posée à plat et en urgence dans le sable, et le menton s'échoue sur l'épaule dans un grognement rauque. excuse-moi. et le monde,contre elle, tangue un peu moins pourtant -- alors ne bouge-t-il pas, fermant les paupières quand le souffle lui manque.

je voudrais tellement que tu ailles mieux.
l'océan au printemps.

@Momoka Mikitani

OCEAN HEARTS

le temps se suspend face à l'écume mousseuse et éphémère rythmée par les effluves salées. non pas vraiment. tu n'étais pas sûre de toi non, peut-être l'avais-tu appelé, peut-être avais tu crié son nom porté par la brise emportant avec elle les souvenirs impérissables gelés par la froideur de l'hiver. et ça faisait peur que le temps s'adoucisse, et qu'il ne refroidisse pas les pensées trop osées, celles à lesquelles tu refusais de t'abandonner. oui ça faisait peur que tu l'attendes ce soir à la place d'un autre, à la place de n'importe qui d'autre et peut-être le plus effrayant encore c'était qu'il vienne. la myocarde se ressert à mesure que ses bras s'aventurent maladroitement là où tu ne le soupçonnerais pas, là où ce n'est pas douloureux, un peu désagréable même peut-être. et le sourire ne s'étire pas, ((pas cette fois)) les lèvres restent entrouvertes comme prisonnières de leur propres tourments, forteresse défendue, impénétrable des maux mots légers. mais le corps se retrouve ébranlé de son état léthargique lorsque tu le sens partir, soudainement ((trahison)) ne pars pas. hanseol ! le corps virevolte et les yeux s'écarquillent apeurée par la seule possibilité (pourtant si infime) qu'il se blesse et qu'il ne parte. pas encore, pas maintenant, — jamais.— mais tu ne bouges pas, incapable de lui tendre la main, incapable de l'aider à se relever parce que toi aussi tu manques de tomber à chaque instant, chaque seconde qui passe brisant un peu plus la gravité qui te retient au monde.

— je voudrais tellement que tu ailles mieux ❞

tout s'écroule alors un peu plus fort, et tu l'observes de ta hauteur si ironique. ce n'est pas ma place. les jambes lâchent elle aussi ((volontairement)) pour s'abaisser à l'homme d'une soumission malsaine.
je te donne ma vie mais ne me donne pas la tienne.
car je ne veux pas croire une seule seconde qu'elle m'appartienne
et je ferai surement n'importe quoi
dès l'aube où je saurais que tu n'es qu'à moi.

et pourtant je te veux toi je te veux tout entier
et avant l'hiver jamais je n'aurais osé imaginer
que toute ma vie à présent je courrirai
après celui dont je laisse libre le choix de me briser.

le corps tente de s'agripper à son jumeau maladroitement. fais ce que tu veux de moi. non ce n'est pas ça, ce n'est pas ça. je te demande de me relever. les mots ne sortent pas comme tu le veux car aucun d'eux ne sauraient retranscrire ce que tu lui donnes, (( ordonnes)) ce soir une fois encore sous les opales curieuse de votre confidente la lune. pourquoi tout ce que je dis n'a pas de sens. le premier rire vient racler la gorge sèche. relève moi et façonne moi comme tu le veux. pour que je reste. pour toujours.

et c'est devant la lune cette nuit,
que je te donne l'entier pouvoir sur ma vie,
que je devienne ta venus que tu me façonnes,
pour que jamais je t'abandonne.

@Hanseol Bakh

OCEAN HEARTS

la nuit n'est plus stroboscopée par les néons d'un new-york galvanisé. les étoiles sont milliards, déjà déchues avant même d'être observées ; et la toile noire au dessus des têtes n'offrent jamais que cet avant goût de l'enfer qu'ils braveront ensemble. la mer est calme -- peut-être d'ores et déjà éteinte d'un par le sommeil des monstres en son cœur qui s'agiteront l'heure venue, ravageront les villes et les continents quant sonnera l'apocalypse. et sont-ils là en ce soir, brisés comme les poupées que l'on s'évertue à ne pas réparer par plaisir coupable d'avoir assigné les maux. la femme et l'homme aux corps frêles, pas plus âgés que la vingtaine, que les éclats de glace ont pourtant tirés si loin des prémices de l'enfance et ses innocentes illusions. se tinrent-ils ((si peu)) droits, dans leurs rires désaxés par l'alcool et les désastres -- eux que l'on pense noyés dans la masse des milliards qui leur ressemblent, et au creux des pupilles de qui pourtant s'animent les démons antiques. l'instinct des temps anciens qui font de l'Homme l'animal qu'il fut, et sera jusqu'au lendemain du lendemain.

avait-il tant désiré la voir danser entre ses paumes rugueuses, tournoyer en poupée de chiffon entre ses doigts longs et caleux ; mais jamais pourtant ne s'était-elle offerte avec tant de sincérité que lorsque son esprit n'était pas suffisamment clair pour en profiter. alors, plutôt que s'adonner au brasier dévastateur qui s'anime au creux des hanches et hache le souffle, les cils s'entrecroisent de clignements attendris -- presque empathiques. je suis là. l'index frôle le menton, le pousse à se redresser alors qu'il aspire ses mots comme s'ils lui permettaient l'éternité. et peut-être alors ces effluves âcres n'étaient-elles en rien celles de l'alcool, simplement le relents des charognes passées, des corps de ceux qui ne surent subsister de ses passages dévastateurs.

q u i n n
j a y
l u h a n
s a n g w o o k
j o n a s
t h é o n i e

eux que la folie avait habités de sa simple existence,
de son passage, de ses mots, de ses touchés.
eux qui l'avaient abandonné par un élan de conscience,
ou celui du dernier souffle.

non, ça n'a aucun sens. confirme-t-il, ((hanseol, monster a m m a i m o n)), alors qu'en dépit de l'ivresse, le corps se dresse de toute sa hauteur pour dominer l'offrande à ses pieds. et la main palpe la poche, extirpe le paquet de cigarettes pour en porter une à ses lèvres, en embraser la pointe. les yeux se perdent à la surface de l'océan, la moue tord le visage d'un introspection face aux événements passés ((ceux qu'il maudit, exècre, et qui pourtant lui semblent déjà trop loin pour jouir d'une conscience réelle)). je te l'ai dis. il racle sa gorge, s'accroupit à nouveau pour darder les gemmes brutes de son regard en plein cœur du sien. quelqu'un m'a dit un jour que j'étais sa plus belle œuvre d'art. la main libre heurte le sable avant d'amorcer le chemin jusqu'à la sienne. et pour la première fois, ça n'est plus le rejet et la rancœur qui imprègnent ses gestes lorsqu'il tire la paume et la pousse à franchir la barrière de ses vêtements pour s'apposer à son flanc gauche. lorsqu'il pousse les doigts à retracer les contours rugueux du tatouage gravé à la lame portant les douloureuses lettres d'un nom dont on lui refuse l'oubli salvateur. je suis sa plus belle œuvre. mais il délaisse la main pour laisser la pulpe de ses doigts conquérir son poignet, se hisser au dessus des étoffes jusqu'à son épaule, finalement la pommette qu'il effleure d'un geste tendre. je te promets sur ta vie que tu seras la mienne, Mikitani. et de paroles chargées de promesses plus sombres qu'elle ne pourrait l'imaginer, l'échine frémit d'excitation. les paupières ne masquent plus rien des diables qui s'agitent aux prunelles et luisent en orbes félines sous la lune complice. tu es à moi, et tu ne m'abandonneras jamais. je ne te laisserai jamais faire. le regard chute à ses lèvres, et d'un geste plus spontané qu'il ne l'a jamais été jusqu'alors, h a n s e o l vient-il signer le pacte en y apposant les siennes, y gravant en conquérant l'impact de ses crocs contre la chaire qui, désormais, ne portera jamais plus que son propre nom.

l'ivresse de t o i.

@Momoka Mikitani