Un rayon de soleil perla à travers les grandes fenêtres du loft, venant taquiner les paupières clauses de Clark. Son premier réflexe fut de se tourner vers le corps qui dormait à ses côtés, l’enlaçant doucement pour profiter quelques minutes de plus des bras de morphées. Mais rapidement, la conscience professionnelle du psychiatre et son organisation à la rigueur inégalée s’imposèrent à lui. Ouvrant rapidement complètement son regard charbonneux, il ne mit pas longtemps à s’habituer à la lumière. Un coup d’œil vers l’horloge lui indiqua qu’il était sept heures et demie du matin. Bien, il pouvait se permettre le luxe de prendre le temps de lire ses emails en buvant son café. Récupérant alors le bras contre lequel Yuri était couché, il l’entendit grogner et soupira légèrement en se pencha pour lui déposer un baiser sur le front :
« Repose toi… » murmura-t-il avant de se lever, bien conscient que l’acteur ne travaillerait pas ce jour-là.
Quelques dizaines minutes plus tard, Clark empruntait le chemin du métro pour se rendre à Brooklyn. Une demi-heure de transport pendant lesquels il consulta le dossier de sa nouvelle patiente à qui il allait rendre visite : Eleanor Deslauriers. Une jeune femme, 23 ans, étudiante à Columbia –
peut-être l’as-tu déjà vu assise dans l’un de ces amphithéâtres où tu enseignes, son visage ne te dit pourtant rien. – et star des réseaux sociaux. La belle, à en juger par la photo présente dans son dossier, était traumatisée suite au jeu dramatiquement célèbre qui avait animé New York ces derniers mois : le Dare. Selon les notes des médecins, elle avait manqué de perdre son bras et était dans un état inquiétant, oscillant entre de profondes phases de remords et un déni bien perceptible.
Quand Clark poussa la porte de la chambre, il toqua légèrement afin de respecter l’intimité de la jeune femme. Targuant un regard à travers la pièce, il la vit décorée et dotée de nombreux présents : il en déduit ainsi que la jeune femme n’était esseulée. Ou tout du moins, que d’autres personnes étaient venues la visiter.
« Mademoiselle Deslauriers ? » articula-t-il, ayant du mal avec la prononciation du prénom de sa nouvelle patiente. Captant finalement son regard, il l’observa de ses yeux charbonneux et constata que son état physique n’était effectivement pas au beau fixe. Venant s’installer sur la chaise jonchant le lit médical, il tenta de lui offrir un léger sourire. Il n’y était pas habitué, à sourire à ses patients, mais la situation de la belle valait bien qu’il fasse le sacrifice de lui offrir cette déformation de son faciès :
« Je suppose qu’on vous a prévenu de ma visite ? Je suis le docteur Clark Lewis. » Lui laissant le temps d'intégrer sa présence, il la laisserait parler la première.