#1 (lily) kang kang & lily cutie

Le silence dans lequel il est plongé, uniquement ponctué par le moteur qui vrombit, ses pensées se désarticulent dans un chaos – presque – organisé, dont il en a pourtant tellement l’habitude. Les hurlements, le bras presque arraché, la moue horrifiée, le rugissement de l’ours, son cœur a tambouriné, lui donnant même l’impression qu’il pourrait le recracher. L’humour aura été son moyen pour calmer son esprit désorienté par la terrible vision, espérant alors de tout cœur que son amie s’en sorte vivante. S’il pouvait revenir en arrière, il le ferait. Pour tant de choses à la fois, mais surtout pour l’en empêcher de participer à ce foutu tournoi. Cependant, ce soir, la camaro ne bifurque pas dans la rue qui mène à l’hôpital, pas directement du moins, mais à l’adresse indiquée par Lily. Une douceur à laquelle il n’est pas accoutumé, lui qui évolue dans un environnement bien brutal. Jusque-là, seulement des mots ont été échangés depuis quelques jours et pourtant, il s’est souvent retrouvé à esquisser un sourire sincère, amusé par les monologues de la jolie blonde. Il compatit durement avec elle, lui aussi il a été victime de nombreuses brimades durant son adolescence, le marquant à jamais même s’il ne l’admet pas. Aujourd’hui, ils se rencontrent pour la première fois et il doit l’avouer, il aurait préféré que ça se passe autrement, dans d’autres circonstances. Finalement, la voiture s’arrête à la destination et il en sort, le myocarde qui palpite un peu trop ; et s’il la fait tomber de sa chaise ? Il balaye la pensée, refusant qu’une deuxième personne finisse à l’hôpital, alors qu’il se dirige vers l’interphone. La sonnette appuyée, il attend. En réalité, il se rend compte que c’est aussi la première fois qu’il va entendre sa voix…

les hurlements la chair qui s'arrache dans un fracas sauvage, la peur dans ses iris, filmée en gros plan comme si tout n'était qu'une mise en scène, comme si la douleur n'était qu'un moyen d'amuser la galerie, divertir les gens malheureux si seulement. si seulement elle n'avait pas participé au dare. l'histoire se répète, le dessin se morbide se dépeint dans ta tête sous chaque angle encore et encore comme un cauchemar et le coeur hurle de perdre son jumeau, de se retrouver à nouveau seul, sans elle. alors l'appel de la myocarde est trop grand, doit être assouvi je dois la voir :: je dois le voir. alors les doigts soumis à la souffrance du coeur pianotent frénétiquement, supplie la venue de leith comme s'il pouvait tout arranger.


et ça sonne comme une délivrance, les larmes ne s'arrêtent pas de couler parce que tu ne sais rien de l'état d'eleanor et que jamais tu n'aurais voulu le voir de cette manière, les pommettes griffés par le passage des larmes, la pointe du nez carmin et les yeux vitreux. ((c'était pas ce qui aurait dû se passer)). car bien que tu ne le connaissais pas c'est ton plus beau profil que tu voulais lui offrir et parce que peut-être lui seulement ne t'avais pas traitée de folle tu voulais chérir cette innocence, ce jeu à deux avant que lui aussi ne te rejette comme tous les autres. frottant frénétiquement tes joues du revers de ton pull comme pour effacer les traces d'une promesse non tenue. je dois sourire quoi qu''il arrive c'est l'interphone qui fait lentement alors bouger le corps à mi hauteur. j'arrive ne bouge pas. la voix est aigue, enfantine et si pure qu'elle pourrait se briser au moindre coup de trop. et c'est rapidement que tu presses les roues pour sortir de ta cage de tourments et que tu le vois ((enfin)).

les lippes semblent vouloir s'étirer péniblement, dans un mensonge effronté pendant que le coeur hurle de ne plus être seul enfin, et de voir de tes propres yeux l'inconnu salvateur mais tu n'y arrives pas. les lèvres tremblent et semblent se heurter à l'effroi de la scène qui se répète à nouveau sous tes yeux ne voyant même plus leith, aveuglée par les larmes fuyantes roulant sur tes joues encore meurtrie par les précédentes. et ne pouvant plus supporter de te donner en spectacle devant lui, aussi diminuée par la hauteur de ton fauteuil tu t'appuies de toutes tes forces sur les accoudoirs et tu te lèves hésitante pour surplomber le garçon de ta hauteur nouvelle. et alors c'est machinalement et sans vraiment en prendre conscience que tu vins rompre la distance de quelques pas tremblants sans n'avoir pu demander son consentement, et que ton corps s'écrase contre le sien du mieux qu'il le puisse dans une étreinte désespérée , prenant à appuie sur lui pour ne pas tomber. kang kang.

J’arrive ne bouge pas. La voix fluette qui s’élève dans l’air, il observe un instant cet interphone, sentant la légère anxiété l’éprendre, sans réellement comprendre pourquoi. Est-ce parce qu’il ne sait pas si Eleanor va s’en sortir ou est-ce parce que sa timidité est encore là, enfouie au fond de lui ? Sûrement les deux, qu’il se dit. Pourtant, il le sait, il va se cacher derrière sa carapace du garçon confiant et plaisantin, tout ça pour mettre Lily à l’aise. Parce que, même si les circonstances sont déplorables, il a envie qu’elle garde une bonne impression de lui. Puis, il entend. Le grincement des roues, la chaise qui s’élance lentement vers lui. Il repère la chevelure blonde, comme la sienne, et… la moue. Le silence, qu’il ne trouve aucunement pesant, lui permet de l’observer. Il sait ce que ça fait, d’essayer de paraître heureux. Il se sent mal, quand il remarque les lèvres qui tremblotent, les yeux qui s’embrument de larmes, il ne sait pas s’il peut s’avancer vers elle pour tenter de la rassurer, ne sait pas s’il peut lui tenir la main.

Tout est si nouveau, pour lui. Il écarquille légèrement les yeux quand il remarque qu’elle tente de se redresser, hésitant à entamer un pas vers elle. Tu es sûre que- Sa voix tombe dans le silence, c’est trop tard, elle est debout. De nouveau, dans la quiétude déchirante, il ne bouge pas. Soudain, il sent un poids contre lui, elle s’est réfugiée dans ses bras et sans savoir ce qu’il ressent exactement – probablement est-ce de la peine – il reste là, immobile, pendant quelques secondes. Au surnom, il semble sortir de sa légère torpeur et enfin, il l’enlace délicatement, par peur irrationnelle de la briser à chaque mouvement de trop, malgré l’envie de l’enserrer bien plus contre son torse. Doucement, ses doigts remontent, jusqu’à s’arrêter dans ses cheveux, qu’il caresse. Dans un espoir vain de lui remonter le moral, il déclare d’un ton qui se veut amusé. Tu as vraiment les même cheveux que moi, Lily cutie…

et quelle humiliation était-ce de se prétendre souriante à la moindre contrariété, à la moindre moquerie qui s'écrase contre les tympans et le marque de ses rires macabre. quelle humiliation était-ce de vouloir être le soleil du garçon ((le vouloir plus que tout :: que cette fois ci tout soit différent)) et de ne savoir tenir face aux yeux ébène jusqu'à devoir te relever sur tes jambes et t'empresser de fuir écrasant les joues humides sur son torse dans l'espoir d'y arrêter le flot de tes tourments. et si tout cela était dépourvu pour une fois de toute ambiguïté certaine c'est le cœur qui hurle de rester comme cela jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et décide d'y couper court, c'est le derme qui frissonne malgré toi lorsque la chevelure est soumise à la tendresse jamais connue. et malgré la légère douleur qui fléchit légèrement les jambes causée par la fatigue musculaire de ne jamais rester débout trop longtemps, tes doigts viennent conquérir le tissu du garçon pour t'y accrocher ((afin de ne pas tomber))

et les lèvre s'étirent malgré elle dans un petit rire un peu honteux lily cutie qu'il est bête kang kang te surprends tu alors de penser. et la tête se relève timidement pour enfin affronter la sienne obligeant la courbure légère du corps car malgré le fait que tu étais debout, tu n'étais finalement toujours pas très grande. et tu as vraiment un visage comme le mien kang kang. tu détailles alors chacun de ses traits pour la première fois comme si finalement tu n'avais jamais imaginé le voir pour de vrai, comme un cadeau. mais la réalité te rattrape et malgré l'irrésistible envie d'en savoir plus ((d'en vouloir plus)), tu t'écartes légèrement tout en t'accrochant encore à lui de peur de tomber car eleanor ne pouvait pas attendre, pas une seconde de plus et la dualité sévère entre la joie de le rencontrer enfin et la peine de savoir que ta meilleure amie souffrait était insupportable. est-ce que tu penses que, tu peux plier ma chaise? tu tournes ta tête vers le fauteuil pour le désigner. j'espère que tu as de la place pour le mettre... tu soupires pourquoi était-ce si compliqué? la honte fait déjà rage de ne pas pouvoir lui offrir le luxe d'une première rencontre normale même lorsqu'il s'agit simplement de prendre la voiture.

Le surnom prononcé, presque dans un souffle, et voilà qu’elle redresse son visage, si proche du sien. Dans un sens, aussi étrange que ça puisse paraître, peut-être se dit-il qu’il vaut mieux qu’ils se rencontrent de la sorte, les barrières baissées, les émotions en vrac. Ce soir, ils sont liés par une même peine, celle d’imaginer Eleanor dans une souffrance inconcevable, sûrement proche de la mort. Rien qu’à imaginer et il déglutit pour balayer la pensée, horrible au possible. Son regard se perd un instant dans le sien, lui donnant l’impression qu’elle l’observe : pas une sensation désagréable, qu’il note. Ses lèvres se relèvent dans un petit sourire face à ce qu’elle dit et effectivement, ils se ressemblent, pas au point de le troubler cela dit. Hm, je trouve aussi. Puis de nouveau, il revient à la réalité quand elle se met à reculer et automatiquement, il défait ses bras autour d’elle, la laissant s’accrocher à lui. D’un regard inquiet, il l’observe, ne voulant pas qu’elle tombe sur le sol froid, au risque de briser un os au passage. A sa question, il se redresse légèrement, suivant son mouvement de tête jusqu’à la chaise. Oh euh ouais bien sûr, j’ai de la place et je peux faire ça. Cependant, il ne bouge pas immédiatement, une moue incertaine placardée sur son visage. Mais avant tu veux pas t’installer d’abord dans la voiture ? Comme ça tu te mets à l’aise et je fais tout ça. Il pointe sa voiture garée en face du bâtiment. Ma voiture est juste là… ou alors je te porte comme une princesse, ça me pose pas de soucis, promis je te fais pas tomber, phrase qu’il termine par un sourire qui aimerait être rassurant, de quoi la mettre à l’aise et dans l’espoir qu’elle se sente moins triste.

les traits sont détaillés parfaitement pour ne rater aucune nuance, aucune couleur sur ses pommettes, que le crépuscule dissimule et emporte avec lui tout comme le secret de se retrouver malheureux et d'en profiter égoïstement pour soumettre l'étreinte. et couper le ((premier)) contact est déchirant bien que nécessaire car peut-être avais-tu peur que ce soit le dernier, comme une amourette d'enfant qui commence au premier soleil d'été pour se séparer dans un déchirement risible des grandes personnes. et tu suis son doigt du regard pour le poser sur la voiture du garçon. et le rictus se dessine sur tes lèvres créant une légère moue. le fait de t'être relevée rendait les choses plus compliquées que prévu que ce soit pour rejoindre le carosse que retourner dans ta chaise de torture. mais la moue ne perdure pas quand le prince te fait sentir princesse et qu'il dessine lui même de ses mots la courbure fine et malicieuse des lèvres rosées. et les pupilles s'embrasent malgré elles, le regard se pose sur le visage du garçon pleine d'espoir de vivre des choses que tu n'avais jamais vécues. fais attention kang kang moi je prends les choses au pied de la lettre tu ne pourras plus reculer. et les deux bras se tendent alors pour se rejoindre au cou de leith, prête à accueillir l'excitation osée de simplement reposer sur la force de quelqu'un d'autre qu'Eleanor, bien moins plus pure. tellement plus calculée. allons-y mon prince le sourire un peu gêné et pourtant sincère ne dissimule pas la malice de la scène qui n'aurait jamais dû faire place dans une nuit si agitée par la crainte.

Aussi étrange que cette première rencontre puisse paraître, il se sent à l’aise, lui qui s’est pourtant imaginé redevenir l’adolescent autrefois timide. Assurément les soirées qu’il enchaîne, entouré de personnes qu’il ne connaît pas, doivent tout de même l’aider à ne plus l’être. Cependant, là est le souci avec le rebelle : il ne prend rien au sérieux. Pas même le regard empli d’espoir qu’il aperçoit, pour lui c’est un jeu. Dangereux peut-être, mais depuis quand est-il de ceux qui se posent des limites ? Au fond, il le sait, il devrait arrêter d’entrer dans son jeu, mais il n’arrive pas, sans comprendre pourquoi. Je prends les choses au pied de la lettre. Il esquisse un sourire en coin, amusé, s’abaissant légèrement quand il sent les bras se prélasser sur lui. Qui a dit que j’ai envie de reculer ? Une question rhétorique et encore une fois, il parle sans réfléchir, se laissant tout simplement aller par leur conversation. Il saisit de justesse la clé de sa voiture, puis enfin il la porte telle une princesse, son bras se calant sous ses genoux. Surpris par sa légèreté, il ne la sent qu’à peine. Il tourne son visage vers elle, les sourcils haussés. T’as l’air confortable là. Un constat qui le rend un peu plus joueur et sur ces mots, il s’avance enfin, appuyant sur le bouton de son trousseau pour ouvrir la portière. Quelques pas plus tard, il se retrouve devant sa voiture, venant l’installer délicatement sur le siège passager, vérifiant à ce qu’il n’y ait rien qui puisse la déranger. Un geste attentionné, qui lui vient naturellement. La ceinture mise, les commissures de ses lèvres se redressent une dernière fois. Et voilà, princesse. Un peu niais, mais en réalité c’est plutôt égayant et surtout… si ça lui permet d’oublier les souffrances d’Eleanor. La porte refermée, il plie la chaise, peu sûr de lui aux premiers abords, avant de l’engouffrer dans le coffre. Finalement, il la rejoint et une fois le moteur démarré, il s’en va, l’air soudainement plus sérieux, préoccupé par l’état de son ami. Tu crois qu’elle va bien ? qu’il demande d’un coup, le regard fixé sur l’horizon, tandis qu’il se met à conduire.