ADRIAN DESLAURIERS (recueil de pensées)

Recueil de pensées

sous les couches de ton être

Les pages se succèdent, forment un livre et dessus s'imprègnent les pensées de Adrian. Sous la plume qu'est son coeur, et sans jamais bouger, il écrit dans son âme ses doux états d'âme afin de les purger. Et en voici le recueil :

mardi 19 mai, 02h30

Mon esprit divague en ce moment, je sens que je perds de mon propre pouvoir. Non pas sur les gens, non pas sur mes objectifs mais sur mes propres désirs. Sur ma flamme. Sur mes élans. Il est plus qu'évident que la chair m'appelle, que je veux perdre mes sens contre quelqu'un d'autre. Et je m'en sens progressivement chamboulé. Quelque chose à propos de Sian semble créer ce déséquilibre. Serait-il la cause principale ? Ou ce que je pense être la source de ce changement serait une illusion ?

Il me plaît, et ça, je ne pourrai jamais lui dire. L'idée de le perdre me rend nauséeux et je préférerais le voir heureux avec autrui si c'est pour le garder à mes côtés. Pourquoi les émotions semblent à ce point compliquer notre existence ? Je peine déjà à totalement me trouver, une pièce manque toujours et ni ma personnalité, ni mon assurance ne peuvent combler cette pièce vide. Et pour le coup, même l'éventuel amour de mon cher ami ne pourrait remédier à la situation. Aime-je vraiment ou suis-je simplement perdu dans mes propres envies ? Putain.

Il faut que je passe ce premier pas et je pourrai y voir clair. Je finis par penser que je ne peux me donner en amour tant que je ne trouve pas l'origine de qui je suis. Et en ça, je suis aussi prévisible que tous les autres, un enfant perdu qui, au fond, veut simplement connaître papa et maman. Je crois qu'il est temps pour moi de prendre des risques. L'univers saura me le rendre. Et la vérité doit éclater, quoiqu'il en coûte.

La passion fanera pour que l'amour naisse.

mercredi 20 mai, 05h30

Doucement mais surement, les choses s'arrangent. Quand je me décide à faire un grand pas, un poids semble se lever de ma poitrine. Je me sens davantage respirer, comme si je retrouvais d'anciennes saveurs perdus - ou que j'en gagnais de nouvelles. Quelque chose bouge, je le sens. Et c'est imminent. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai peur. Je suis terrifié. À tout moment, les Deslauriers peuvent s'effondrer.

Certains proches savent se faire apprécier. Ils apportent leur lot d'attention et, parfois, sans le savoir, ils donnent plus qu'ils ne pensent. De l'espoir, de l'entrain, du soutien. Ils sont les spectateurs les plus fidèles et les plus faciles à satisfaire. Ils colorent le mur des plus belles couleurs et savent se contenter du meilleur à offrir.

Un jour, la vérité éclatera. Et peut-être, alors, je serai libéré.
Je suis déjà qui je veux être. Peut-être serai-je qui je dois être.

Le sang est-il vraiment le plus important ? Non.
Dois-je comprendre, apprendre ? Oui.

Ce n'est même pas un début mais c'est déjà un commencement.

Et je me sens bien.

dimanche 24 mai, 03h20

Jamais le lit ne m'a accueilli de cette manière. Mon corps entier s'est enfoncé dedans et le plafond n'a jamais semblé aussi apaisant à regarder. Je sens au fond de moi que quelque chose change, et ce n'est pas ce qui m'effraie. Là où ma peur se pose est sur l'origine du changement. Sens-je une modification interne ou externe par rapport à moi ?

Je ne peux nier me sentir plus léger. Une nuit enflammée aura eu raison de mon esprit focalisé sur l'avenir. Une nuit aura suffit à me rappeler que mon corps vibre parfois, et peut parfaitement danser au même rythme qu'un autre.

Entre euphorie de cette fin d'année et ces petits plaisirs soudains, je me demande où dois-je regarder. Je suis tellement focalisé sur le futur que j'en oublie de saisir toutes les opportunités du moment. Non pas que je ne fais rien, non pas que je suis effrayé. Je ne me laisse simplement pas vivre tout de l'intérieur.

Et doucement, je sens que ça craque. Comme un serpent, je mue et je me laisse aller. Les armes, je ne les baisse pas. C'est ma garde. Alors la douceur se fait ressentir. Et je me sens déjà en vouloir davantage.

Hors de question de niaiser, je veux juste vivre. Ici et maintenant.

Avec la personne que j'apprends toujours à aimer, à protéger.

Moi.

mardi 26 mai, 02h45

Une énième journée qui s'achève, la fatigue dans l'âme. Pour une fois, la tête est vide, l'âme pleine et le coeur doux. Une énième journée qui s'achève avec le corps abimé par l'effort. Le premier soir du weekend annoncera mon retour sur scène, moi me lâchant comme jamais avec des amoureux des mouvements. La danse dans le corps et les paillettes plein les yeux.

Comme un brouillard qui se dissipe, je vois de plus en plus clair. Je ne saurai dire si je me sens plus faible ou tout simplement moins dur. Rien ne m'a préparé à détourner mon regard de mes objectifs. Et je me demande calmement si je dois les réorganiser.

Mes draps me portent et me réchauffent, mais pas autant que ceux dans lesquels j'ai baigné récemment. Je me sens devenir meilleur, plus joyeux. Comme si j'avais troqué un masque contre un autre. Plus fin, plus souple, plus adapté à maintenant.

Une case après l'autre, mon pion se décide, et se veut libre. Alors je décide de lui accorder. Et à chaque nouvelle case, une opportunité de sortir du plateau. À avoir voulu ne pas être contrôlé par les autres, c'est moi même que j'ai contrôlé.

Par ma tête, comme seule dictatrice. Et mon coeur et mon âme réclament leur légitime part du pouvoir. Pour établir la justice, l'égalité. Et enfin avancer ensemble.

Avancer vers ce que j'aime. Pour qui je suis.

Loin de mes propres attentes.

samedi 30 mai, 03h25

Une nouvelle vague a surgi et emporté un mur autour de mon coeur. Dans un élan curieux frôlant l'explosion, la main de la justice s'est empressée de ravager les côtes de cette ile perdue en mon être. Sous sa dixième vague, elle a touché sa cible.

Pour la première fois, j'ai admis que Sian n'est pas un simple ami, m'incendiant par le passé et à chaque instant, me brûlant maintenant et seulement par moments. Ce qui était incendie est maintenant flamme, forcée à brûler et s'éteignant un peu plus chaque jour qui passe.

Sur une rive voisine, un triton s'est posé et a trouvé sa place. Lui aussi s'est vu son statut mis à jour. Ce n'est pas qu'un ami, ce n'est pas un amant, ce n'est pas qu'un plaisir, non plus des sentiments. Est-ce ainsi que tu résonnes ? Seul toi sait la chose que ton coeur marmonne quand parfois tu le poses. Ma poésie revient au bruit de ces vagues. Mais sont-ce des vagues autant que des battements.

Une odeur de mort me remonte des tripes, et je ne peux nier l'impact qu'a cette acte odieux de jouer sur mes failles. De quelques marches, le roi de mon être s'est vu déchu. Quelques marques sur mon torse, je les sens qui chauffent. Elle n'apparaissent pas à l'oeil nu mais aux yeux qui veulent voir. Et l'air vient à me manquer comme un bon défouloir.

Quelque chose approchait et je l'ai senti. Quelque chose est arrivée, créant des ressentis. Je sens en moi quelque chose qui bloque au même titre de sentir sur mon coeur des cloques.

vendredi 12 juin, 14h01

Une journée de plus, une journée de moins. Il est rare que ces pensées ne prennent forme autre que le soir. Mais de vagues en vagues, les appels des mers, et ma tête s'allège à mesure que je me libère.

Depuis peu, ce coeur que je porte semble enfin danser à mesure que je me débloque. Tel un labyrinthe rempli de pièges, je me fraie un chemin à travers mes travers et arrive à briser des murs de pierre.

Se laisser porter n'a jamais été aussi doux que regarder quelqu'un qui semble être nous. Alors, je m'allonge et je ferme mes yeux, en sentant ses bras m'accrochant, affectueux. Et j'entends tout bas, des mots se susurrent, et mon coeur s'emballe tout comme je deviens dur.

Mon âme en érection devant tant de plaisir, dois-je avouer la faute que celle-ci rumine ? Dépenser des sueurs pour garder la face ou embrasser l'étoile avant qu'elle ne passe ?

D'ombre à lumière, de poussière à vie, sur la scène danse la plus des envies. En ce jour sonne le glas des monstres que cette danse angélique renvoie dans la tombe.

Des idées me traversent pour rester heureux,
Peut-être avouer que je suis amoureux.

vendredi 19 juin, 19h35

Dans des élans de douceurs, dans des élans d'attaches, ce pauvre petit coeur gonfle et se gave, de friandises en friandises, jamais ne se rate.

En ces quelques jours qui commencent, un nouveau chapitre se dessine et la lumière augmente sa portée divine. Juste lui et moi coupé du reste du monde, juste lui et moi se cachant dans l'ombre. Le silence tout autour déclare son amour, et sans mauvais détour, mes mots se font lourds.

Cet instant va passer, rien n'est plus certain. Devrais-je me taire ou me faire sien ? L'attente se doit d'apposer sa marque pour qu'en cette fin, je sorte mon arc.

Une nuit, puis deux et quand la troisième tombera, aussitôt ma voix prendra tout son éclat. Le vent vole, les montagnes s'élèvent, et sur le sol coule notre sève. Nos corps s'enlacent comme d'habitude mais peut-être nos âmes sont celles qui simulent.

L'autre s'emballe et veut embarquer loin des flots connus, près de sa moitié. Alors tu le calmes et lui promets une chose, c'est d'être fixé sur là où ses danses reposent.

Profitons du moment, je le veux ainsi.
Nulle flamme ment quand elle brille aussi.

mardi 23 juin, 14h12

La nuit dernière, la première où les lèvres murmurèrent "mon amour" et la dernière où les corps s'échangèrent. Dans une gêne et une passion qui se mélangent, deux individus qui se frottent, se serrent, se relâchent. Quelque chose brille mais c'est le coeur qui se casse.

Ce sentiment dans mes tripes me ramènent à mon enfance, les nausées violentes qui torpillent mon ventre. Les yeux qui gonflent, et les larmes qui tombent comme des poignards sur mes joues que j'inonde. Ma gorge s'assèche comme tout le reste, et je sens mon coeur devenir rêche. Un cauchemar a pris forme dans la réalité alors que je pensais la réalité être un rêve.

Comment passer outre quand sa présence manque ? La fermeté de ses bras autour de moi, la passion de ses lèvres sur les miennes. Le désir dans ses yeux quand nos regards se croisent, la douceur, l'attention de ses mots comme prières.

Le mal est fait. Et soudain je sombre. Je me découvre une noirceur qui reposait dans sa tombe. Enterrée sagement avec cette vulnérabilité qui, en tombant, à la vie, l'a ramenée. Un froid se lève. Winter is coming. Et même si l'été arrive, c'est la glace qui domine.

Mon interne s'émiette, mon eau se tarit.
Mon double fouette mon âme et en rit.

Et je me meurs.